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« Et c'était là qu'il avait vu Maud pour la première fois, dansant en tutu sur les planches de bois instables. Du haut de ses pointes nacrées, elle toisait déjà le monde boueux en chantonnant. Puis Hubertus l'avait perdue de vue mais jamais oubliée, l'associant dans sa mémoire aux ballerines miniatures qui, au fond des bouteilles de curaçao, tournaient inlassablement sur l'air des Petits Chaussons. » Qu'elle soit en voyage au bout du monde, dans son jardin extraordinaire ou au volant de sa voiture, Maud sème le désordre partout où elle passe. Rien ne résiste à la tyrannie de son énergie effrénée, surtout pas le bon sens et l'aimable torpeur de son petit bourg de province.
Sa rencontre dans un train avec Fox, un grand maigre aux allures d'évêque, va réveiller les feux éteints de la séduction. Moulée dans ses robes à fleurs géantes, la quinquagénaire n'est soudain plus très sûre d'avoir l'âge de ses fantasmes. A cela s'ajoutent les ennuis de son ado, les doutes existentiels de son mari médiéviste, les états d'âme de son frère cadet, sans parler des séances chez le naturopathe de sa future belle-soeur ou de la susceptibilité bougonne de son précieux jardinier.
Shootée aux arômes enivrants de ses pois de senteurs et de ses roses trémières, Maud balaie avec panache tous ces contretemps scandaleux au bonheur que sont la vieillesse, la violence, l'ennui et la bêtise.
Selon moi, le principal atout de ce roman réside en ses personnages. Maud est effectivement une quinquagénaire vive, délurée. Elle ne connaît pas la discrétion, ni dans son langage, ses actes ou son habillement. Au grand dam de son fils, Bruno, un adolescent qui pourtant l'admire et de son mari passionné du Moyen-Âge qui l'aime comme au premier jour mais préfère le calme de ses études.
L'auteur s'est sûrement beaucoup documenté sur l'art du jardinage pour nous décrire le jardin extraordinaire, luxuriant de Maud qui permet peut-être de canaliser son énergie.
Mais, à part les personnages, le sujet m'a semblé un peu creux. Bien sûr, il y a ce dernier sursaut avant la cinquantaine, ce désir soudain pour un homme différent rencontré dans le train ou cette contrariété liée au mariage de son frère avec Edwige, une jeune architecte obnubilée par les nourritures bio, trop différente de Maud. Mais, ces histoires me semblent superficielles. J'avais l'impression qu'il s'était passé quelque chose d'important pendant son voyage aux États-Unis avec son fils mais les bribes de souvenir m'ont laissé insatisfaites.
Le style littéraire est très classique, certes assez descriptif mais simple. Je n'ai pas ressenti d'émotions ou d'attachement pour les personnages, peut-être un peu de compassion pour Hubertus, le mari amoureux et inquiet.
Je suis donc passée à côté de ce roman, je n'y ai pas trouvé la folie qui aurait dû entourer un tel personnage, l'histoire de femme ou de famille que j'attendais.
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