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Dans les environs de Riyad, Talal Bahahmar est le patriarche excentrique d'une grande famille. Dans son immense palais, Mama Aicha, l'épouse qu'il n'a jamais pu se résoudre à répudier, ses fils, sa vieille mère malade, sa nouvelle femme, la jeune Loulwa, mais surtout Dahlia, sa petite-fille adorée se croisent.
Entre eux, l'entente est loin d'être au beau fixe. Mais lorsque Talal rencontre son jardinier, l'Égyptien Rezak, se noue entre les deux hommes une relation presque filiale qui va bousculer les certitudes du vieil homme. Serait-il temps d'expliquer à Dahlia les zones d'ombre qui planent sur son enfance ? Que répondre à son désir criant de liberté ?
Entre palmeraies et gratte-ciels, Carine Fernandez dessine une fresque sur quatre générations, celle des membres de la famille Bahahmar, liés par le sang, l'argent et le secret. Elle nous conte aussi une Arabie Saoudite en ébullition constante où les femmes frappent obstinément à la porte de l'indépendance.
Une parenthèse désenchantée dans une oasis
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Longtemps j'ai évité de lire des romans sur les femmes opprimées des pays du Moyen-Orient. La peur ou la colère que je ressentirais fatalement.
J'ai pourtant été attirée par le résumé de ce roman sur Netgalley, notamment par l'historique de l'auteure. En effet, Carine Fernandez a vécu plusieurs années en Arabie Saoudite . Elle a pénétré dans le gynécée de ces femmes recluses et voilées.
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Cette saga s'ouvre sur une oasis perdue en plein milieu du désert. Talal, le patriarche d'une grande famille saoudienne s'isole dans la palmeraie, dans un dénuement total. J'insiste sur cette vie ascétique, en parallèle d'une vie de nabab par ailleurs. Là-bas, les saoudiens sont majoritairement très aisés et se conduisent comme des milliardaires désabusés et prétentieux. (j'ai eu un petit aperçu lors de ma courte visite de Dubaï). C'est carrément une vie aux antipodes de la nôtre. Bref, Talal, donc, fuit la famille et ses turpitudes.
Il rencontre son jardinier égyptien, et en fait son conseiller financier.
Les autres personnages de la famille sont assez pittoresques. Il y a Dahlia, la petite-fille semi-anglaise, jeune fille rebelle. La première épouse, certes pas déchue, la mère de Talal, et les fils. Chacun apporte son lot de tourments au père. Et c'est ce qui fait le sel de la vie et de cette saga endiablée.
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Entre désillusions, petite révolte, secrets inavouables et cachés, d'amères vérités, ce récit passe du drama à la légèreté sans concessions. On mesure le fossé qui sépare la tradition et la modernité. On sent aussi toute la poésie qui s'en dégage. Aucune peine à imaginer les décors sous cette canicule orientale. Ce récit m'a réellement emporté là-bas, dans le souffle du khamsin. Très beau, très mélancolique mais aussi plein d'espoir.
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