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Traces du désir

Couverture du livre « Traces du désir » de Marta Segarra aux éditions Campagne Premiere
Résumé:

La littérature contemporaine fait de la « loi du désir », la force qui pousse le moi vers l'autre, un thème de prédilection. Traces du désir analyse plusieurs représentations littéraires et cinématographiques du désir, entendu comme le désir de posséder un autre, de franchir les frontières qui... Voir plus

La littérature contemporaine fait de la « loi du désir », la force qui pousse le moi vers l'autre, un thème de prédilection. Traces du désir analyse plusieurs représentations littéraires et cinématographiques du désir, entendu comme le désir de posséder un autre, de franchir les frontières qui séparent les êtres et leurs corps, d'annuler l'altérité ou l'étrangeté de l'autre en le rendant même... L'un des effets les plus marquants du désir est de mettre en question les limites du sujet qui le ressent. Les textes étudiés, appartenant à l'univers français et hispanique (Garcia Lorca, Michaux, Bunuel, Arrabal), problématisent une certaine conception du sujet qui a été dominante dans la pensée occidentale au moins depuis Descartes : celle qui le définit comme une entité unitaire, stable et plus ou moins cohérente, non exempte de tensions, mais capable de maîtriser son désir. L'analyse des représentations du désir chez des écrivains et cinéastes contemporains est ainsi très révélatrice de la crise du sujet qui s'est produite au xxe siècle avec la modernité et son prolongement exaspéré, la postmodernité.
Les textes choisis ici se situent presque tous en marges du surréalisme. Ils explorent ainsi « les égouts du moi ». Dans tous ces textes, les auteurs, tel que l'exprime Jacques Derrida, renoncent à la maîtrise « pour que quelque chose arrive à la langue, par la langue», et donc propices à présenter non seulement cet effritement du sujet propre à la modernité ou à la postmodernité, mais parfois aussi une nouvelle conception de celui-ci. Le premier texte étudié, un classique de la littérature espagnole, La Celestine (une mère maquerelle en pleine Inquisition) d'Antonio de Rojas (publié en 1499 et le modèle de Shakespeare), est une représentation paradigmatique du mouvement inhérent au désir. Celui-ci n'est jamais stable, ni uniforme, il est par définition chaotique et mouvementé. La plupart des autres textes appartiennent au genre dramatique ou filmique puisque, tel que Jacques Lacan et Marguerite Duras l'ont constaté, le désir résiste souvent à la narration ou même à la « figuration» poétique et se manifeste plus volontiers par l'action dramatique.
Marta Ségarra termine son étude par une analyse très fine de la théorie du désir dans l'oeuvre d'Hélène Cixous, celle de l'amour-autre (une philosophie du respect) qui ouvre sur la possibilité d'une vraie rencontre avec l'autre à travers le désir. Ce n'est plus le désir comme perte, mais le désir comme enrichissement.

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