"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains. ».
Le 11 juin 1981, trois cents policiers de la sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour s'emparer des filets des Indiens mig'maq. Émeutes, répression et crise d'ampleur : le pays découvre son angle mort.
Une adolescente en révolte disparaît, un agent de la faune démissionne, un vieil Indien sort du bois et une jeune enseignante française découvre l'immensité d'un territoire et toutes ses contradictions. Comme le saumon devenu taqawan remonte la rivière vers son origine, il faut aller à la source...
Histoire de luttes et de pêche, d'amour tout autant que de meurtres et de rêves brisés, Taqawan se nourrit de légendes comme de réalités, du passé et du présent, celui notamment d'un peuple millénaire bafoué dans ses droits.
Un roman qui revient sur l'histoire des indiens au Québec, autour de 4 personnages, une jeune fille qui s'évade et va en payer le pris, un policier qui démissionne car pas en accord avec la politique et les interventions que les autorités veulent lui faire menées, un indien homme médecine et une jeune institutrice française qui découvre cette culture.
C'est assez déstabilisant dans sa structure avec de nombreux aller - retour dans le temps et des apartés culturelles, mais les chapitres sont assez courts. L'histoire est raconté sans langue de bois et parfois avec une grande violence, comme toute celle que ces peuples ont subi.
Assez intéressant même si j'ai été désarçonnée par la forme de ce roman.
Inclassable et réjouissant
J'ai écouté avec un immense plaisir cet incroyable petit livre: roman noir, social, politique, écologique, historique, nature writing... Il est tout cela à la fois et en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, j'ai été ferrée, captivée par cette histoire qui prend naissance dans un fait historique avéré. En 1981, 300 policiers du Québec envahissent la réserve de Restigouche en Gaspésie, pour confisquer les filets de pêche des indiens Mig'maq et interdire la pêche au saumon, une activité ancestrale et nourricière. C'est le début de la "guerre du saumon". Ce peuple millénaire est bafoué dans ses droits par le Québec qui refuse de lui accorder ce que lui-même réclame au Canada.
"Au Québec, on a tous du sang indien si c'est pas dans les veines, c'est sur les mains"
La fiction puissamment incarnée par une jeune Indienne, un garde forestier, un vieil Indien et une institutrice francaise alterne avec des légendes, de courts récits historiques, naturalistes - le saumon recèle encore de nombreux mystères ! - une ou deux pages sur Céline Dion, la recette de la soupe aux huîtres et bien d'autres choses encore... Le tout émaillé de parlure québécoise qui ajoute au plaisir de l'écoute.
Ce patchwork insolite tisse des liens entre passé et présent, offre de beaux portraits plein de vie, et construit autour d'une fiction très noire et violente, une œuvre puissante qui dénonce avec subtilité et intelligence les incohérences et les contradictions du Québec, la volonté catastrophique de l'homme blanc de tout dominer, conquérir et "civiliser les sauvages".
"Il faut se méfier des mots: ils commencent parfois par désigner et finissent par définir. Celui qu'on traite de bâtard toute sa vie ne voit pas le monde du même œil que celui qui a connu son père. Quel monde pour un peuple qu'on traite de sauvages durant quatre siècles ?"
Ce bijou littéraire insolite est une ode à la tolérance et au respect de la nature.❤
Du côté de la Gaspésie, en ce 11 juin 1981, les policiers ont investi la réserve de Restigouche. Ils s’en prennent violemment aux indiens Micmac qui tentent de se rebeller alors qu’une loi veut leur imposer des quotas de pêche. Il faut rappeler que les indiens Mig’maq sont les Premières Nations du Québec, cette région du Canada où ils vivent désormais cantonnés dans les réserves. Alors qu’ils comptent uniquement sur leur environnement pour survivre, cette nouvelle loi totalement inique veut leur faire abandonner la pêche au saumon qu’ils pratiquent depuis toujours.
Océane disparaît ce jour-là. La jeune indienne vient de subir un viol, mais craint de revenir dans sa tribu. Elle est découverte quelques jours après par Yves, un agent de conservation de la faune. Yves vient de donner sa démission, écœuré par la politique menée par le gouvernement et par la violence gratuite exercée par les policiers ce 11 juin. Il va se faire aider par l’institutrice française en poste dans le coin pour s’occuper d’Océane, même si cela s’avère très risqué lorsqu’il découvre le profil des agresseurs.
Tout au long de cette intrigue noire mais relativement classique, viennent s’intercaler de nombreux autres récits. La vie et la mort du saumon, son parcours migratoire et ses différents noms. L’histoire indienne avec la vie et les origines des Micmac, les discriminations subies pendant des années pour leur faire perdre leur singularité, leurs rites et leurs légendes. Puis la politique du Canada des années 80, avec ce mémorable référendum pour l’indépendance du Québec.
Ce que j’ai aimé ?
Taqawan est un livre passionnant qui avec des airs de ne pas y toucher englobe tant de sujets. Écologie, économie, politique, social, et légendes se mêlent avec une grande justesse non dénuée de profondeur. Le tout donne au lecteur une vue panoramique de l’histoire et de la complexité des effets de la politique du Canada envers ses peuples autochtones. Un livre plaidoyer pour la cause amérindienne qui se lit (ou s’écoute!) d’une traite et se savoure pour ce qu’il est, éclectique, politique, et novateur dans sa construction. A se demander d’ailleurs quel est le texte qui draine l’autre, l’intrigue ou tout le reste ?
lire la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/05/17/taqawan-eric-plamondon/
J'étais ravie de voir Taqawan dans la sélection du Prix Audiolib car, en plus d'avoir beaucoup apprécié ma lecture lors de sa sortie en poche, ce roman me rappelle une rencontre très sympathique avec Éric Plamondon et son éditeur Pascal Arnaud.
Taqawan se situe dans les jours qui suivent une intervention policière violente dans une réserve indienne, une énième humiliation, une privation de plus. Un garde-pêche, une adolescente indienne, une jeune française et un vieil indien sage sont au centre du roman.
La construction du récit offre un rythme et un souffle au roman qui défile d'une traite. Entre les chapitres, courts, des instantanés ; des instantanés de nature, des instantanés d'histoire. L'intensité de l'intrigue se nourrit de ces coupures rapides, comme des flashs éclairant tel ou tel aspect du contexte.
Les personnages m'ont également beaucoup plu, touchants sans être faibles, blessés sans être pour autant des victimes, résistants sans être rebelles.
Toutefois, je craignais un peu cette écoute à cause de l'accent québécois parfois pris par le lecteur, François-Eric Gendron. Or, il ne m'a posé aucun problème. Bien au contraire, il n'est pas appuyé, ajoutant juste une touche de vie supplémentaire aux dialogues.
Bien qu’un grand amoureux de Québec sans même y avoir mis les pieds, sans le PrixAudiolib, je ne me serais certainement jamais lancé de la lecture/écoute de ce roman et pourtant par sa thématique, il ne pouvait que finir par me plaire.
Même si les thématiques sont différentes, il est facile de faire un rapprochement entre le Québec et la Catalogne où je vis aujourd’hui depuis plus de 14 ans.
Tel le saumon qui remonte la rivière. L’auteur remonte le temps et revient sur les origines du conflit entre les Indiens Mig’maq et les Québécois, paradoxalement ces mêmes québécois imposant un quota de pêche rêvent d’indépendance. Ce même conflit met en péril l’existence même ces autochtones.
Éric Plamondon dans ce roman fait une véritable critique à ce Québec, ce Québec qui parle d’indépendance lorsque dans le même temps, ils ont les mains tachées du sang des indiens pour une question de quota de pêche, même quota qui met en péril la survit de ses derniers.
Je conclurais sur une phrase que l’on retrouve dans ce roman reprise sans la nommée à Lao-Tseu « Mieux vaut construire des ponts que bâtir des murs », pourquoi monter les murs du nationalisme que de construire des ponts favorisant le dialogue ?
sur le blog: https://www.bouquinovore.com/2021/03/taqawan-deric-plamondon-lu-par-francois.html
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J'ai écouté ce livre avec grand plaisir; j'y ai trouvé beaucoup d'informations sur le saumon (au Canada, j'ai vu des trucs pour aider les saumons à remonter) et surtout sur les amérindiens du Canada: c'est de là que date la passion qui ne m'a pas quittée depuis 1990! Je ne savais pas qu'il y avait un tel racisme et l'attitude de l'état m'a peinée...
Amitiés (je croise les doigts pour Manosque et Brive)