"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Athènes, à l'aube...
Un morceau de la frise du Parthénon a disparu et le cadavre d'un archéologue gît au pied de l'Acropole. Le passé du commissaire Stavros Nikopolidis vient de ressurgir violemment ! En effet, quelques années auparavant, sa femme Elena - alors responsable des fouilles archéologiques - disparaissait mystérieusement au même endroit. Depuis, Stavros n'est plus que l'ombre de lui-même... Mais aujourd'hui les signes sont là. Rodolphe, le probable meurtrier, son ennemi de toujours, est revenu... Stavros, véritable électron libre, impulsif, joueur invétéré de tavli et buveur impénitent, n'a plus que la vengeance en tête ! Flanqué de ses plus fidèles collègues - Dora, ancienne des forces spéciales, Eugène le hacker et Nikos l'Albanais -, soutenu par son amie Matoula, tenancière de bar au passé obscur, et malgré l'étrange inspecteur Livanos, Stavros va enfin faire sortir de l'ombre ceux qui depuis tant d'années pourrissent sa ville ! Mais la vie révèle parfois bien des surprises...
Version grecque du « tavla » turc, autrement dit du backgammon, le « tavli » est un élément central dans la vie du commissaire Stavros Nikopolidis, héros de trois polars de Sophia Navroudis.
Au-delà de l’enquête policière, les joueurs de backgammon suivront avec intérêt les trois phases du jeu : les portes, le « plakoto » (le plaqué) et le « fevga » (la fuite).
« Au jeu des portes comme dans la vie, c’est à toi d’éviter les bêtises qui t’enfermeront entre quatre murs, et au tavli entre quatre portes », enseigne Stavros à son jeune fils. Sur un jeu de son grand-père maternel qui « était arrivé de Smyrne en 1923 dans une Grèce étriquée et continentale qui rejetait les réfugiés de son sang avec son seul tavli sous le bras. Déraciné, exilé, le vieux avait appris à jouer à son fils et son petit-fils. Chaque fois que Stavros claquait un pion sur le bois sombre, retentissait à ses oreilles, complainte lointaine, berceuse enfantine, l’éco des voix d’Anatolie. »
Toute la philosophie du jeu de tavli transparaît dans l’ouvrage et c’est un régal.
Si vous souhaitez vivre une immersion totale chez les hellènes alors vous tenez le bon bouquin entre les mains. L’action se déroule dans la capitale Athènes au pied du Parthénon, crime et archéologie sont intimement liés. Un archéologue est retrouvé assassiné au pied de l’Acropole et c’est à Stavros Nikopolidis que l’affaire est confiée, alors qu’elle vient éveiller chez lui les fantômes de sa femme Elena et de son pire ennemi Rodolphe. J’ai beaucoup aimé le personnage principal, le fameux Stavros plus tout jeune, légèrement désabusé, qui a en horreur sa hiérarchie et notamment l’inspecteur Livanos, amateur d’Ouzo et joueur passionné de tavli, il ne songe dorénavant qu’à se venger. A lui seul il tient presque toute la place dans ce polar et pourtant à ses côtés on retrouve une série de personnages secondaires truculents comme sa collègue Dora pour qui le krav maga n’a plus aucun secret. Il y a Eugène le Hacker qui fait la différence et le petit albanais qui bade son patron. Et puis il y a le personnage de Matoula qui est très attachante car on sent chez elle un rude passé.
Au-delà des personnages il y a surtout un pays rendu exsangue par la communauté européenne et au lourd passé, sans compter que sa position géographique en fait l’un des réceptacles de migrants de tout horizon. Les descriptions que l’auteure nous fait de son pays, de sa situation actuelle et de son riche passé sont très instructives et apporte un plus au roman, on pourrait presque parler d’ethno-polar. On fait constamment le grand écart entre le monde moderne actuel et celui encore géré par la tradition. J’ai apprécié les notes de traduction des différentes expressions et poèmes et j’ai pris soin d’en noter les titres de films qui m’étaient inconnus et que j’essaierai de trouver pour mieux comprendre. Un premier roman qui m’a séduite et m’a donné envie de me rendre dans les tavernes à Plàka. ευχαριστώ
Stavros Nikopolidis est commissaire à Athènes, un peu mis sur la touche depuis dix ans, depuis qu'il a perdu sa femme suite à l'une de ses enquêtes finalement non aboutie. Dix ans plus tard donc, Rodolphe, le responsable de son fiasco revient et Stavros reprend du service. Un peu rouillé mais toujours impulsif et solitaire il doit néanmoins travailler avec une équipe. Dora une redoutable flique adepte des combats rapprochés et Eugène ex-hacker seront ses plus proches collaborateurs. Ainsi formée l'équipe part sur les traces de Rodolphe.
Dit comme cela, Stavros pourrait paraître comme un rustre un peu bas de plafond, expéditif et prompt à la vengeance. En fait, il est beaucoup plus subtil que cela et c'est tout le talent de Sophia Mavroudis que de ne pas trop tomber dans les caricatures. Stavros est certes un flic dur, solitaire, aux méthodes personnelles et violentes, mais il est aussi féru de littérature grecque ancienne, connaisseur en art -sa femme était archéologue. En plus, son patron, l'inspecteur Livanos, qui lui a mis pas mal de bâtons dans les roues dix ans auparavant alors frais sorti de l'école, est un fervent lecteur des philosophes grecs anciens qu'il cite abondamment : Platon, Aristote, Thucydide : "Pour Aristote, la corruption est dans la nature des choses, elle fait partie intégrante du processus d'altération naturelle de certains êtres. Platon et Thucydide y ajoutent la notion de pathologie, une tendance de l'être humain à pervertir certains de ses actes dans le but de s'adapter ou de plier la réalité à sa propre volonté." (p.100). Autant dire que le mélange est rare et étonnant, donc forcément, ça me plaît bien.
Ce titre est le premier à mettre en scène Stavros Nikopolidis que j'ai pu trouver déroutant par ses nombreuses bêtises de débutant qui collent mal à son expérience. Je l'ai trouvé parfois un poil pleurnichard et victime plus qu'acteur. Sans être un super héros, il gagnerait à s'endurcir, sans pour autant nier ses fragilités qui le rendent terriblement humain, un peu à la Kurt Wallander, qui reste fragile en même temps qu'il sait se faire violence. Je ne doute pas qu'il saura évoluer, construire un personnage demande du temps et il est rarement "fini" dès le premier tome, et fort heureusement, car l'intérêt d'un flic récurrent c'est aussi de le voir évoluer.
C'est donc dans une ambiance qui oscille entre l'envie de vengeance, la rédemption, l'action pure, la philosophie que se déroule cette intrigue. Le contexte est aussi géopolitique : la Grèce ne va pas bien depuis quelques années et Sophia Mavroudis, franco-grecque montre une autre image que les plages et îles touristiques. Corruption, trafic d’œuvres d'art, drogue, prostitution, montée des extrémismes -malheureusement comme partout en Europe. Tout cela est passionnant et fort bien fait avec pas mal de rebondissements à la fin.
Originalité, naissance d'un héros récurrent, contexte fort, je valide et prends rendez-vous pour la suite.
Stavros Nikopolidis est un policier athénien originaire de Smyrne d'où ses grands parents ont été exilés. Il a grandi auprès d'un père communiste, opposant à la dictature.
Cette double origine le rend sensible à toute forme d'oppression et de corruption ... D'ailleurs, il y a quelques années sa femme, archéologue, a disparu alors qu'elle venait de découvrir un morceau égaré de la frise du Parthénon ...
Et aujourd'hui, ça recommence ... Le cadavre d'un archéologue est retrouvé à l'aube au pied de l'Acropole et un morceau de la frise a disparu ...
S'ensuit un roman dans une Athènes où s'écharpent policiers intègres, politiciens corrompus et mafias d'Europe centrale sur fond de trafic d'êtres humains et d'antiquités ...
Un roman bien plus noir que ceux de Petros Markaris, avec une équipe de policiers cosmopolite qui œuvrent dans une Athènes écartelée entre traditions et modernité.
Un roman qui donne à voir les dessous de la capitale grecque, ses tavernes, ses joueurs de tavli, et son ouzo ...
Un premier roman d'un auteur qui doit encore 'muscler son texte' et qui pourrait devenir la version grecque de la romaine Gilda Piersanti ...
Merci à Babelio, et à sa dernière opération Masse critique, et aux Editions Jigal Noir de m'avoir permis de le découvrir
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