La poésie est un mets raffiné qu'autrefois des dieux terribles goûtaient à leur table et s'en faisaient l'ornement de leurs fureurs épiques. A cette époque mythique, ses fleurs s'épanouissaient au rythme d'un temps qui s'écoulait, lent et méthodique, parfumant les palais de leurs essences enivrantes. Et aujourd'hui ? L'accélération de la vie, les distances et les heures comprimées par des démiurges aussi mystérieux qu'incontrôlables, ont fait de cette oasis de silence et de lenteur, polie par le temps, un territoire qui semble s'éloigner à mesure que s'accélèrent les désirs des hommes.
Contre l'indifférence et la sensibilité émoussée qui nous guettent tous, cette poignée de poèmes semés dans le champ de la modernité trouvera peut-être dans le bec de l'oiseau et la voix du vent un refuge où ceux qui le souhaitent puiseront une respiration. Même si le coeur humain devient artificiel, le poème toujours s'ouvrira comme l'aile de gaze de l'aurore, toujours se reposera dans les soies du crépuscule, toujours reviendra comme l'hirondelle, héraut des saisons clémentes, retourne au nid.
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