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La Paille et le Grain, paru au début de l'année 1975 chez Flammarion, rassemble des textes de François Mitterrand, issus essentiellement des chroniques pour l'hebdomadaire socialiste L'Unité, écrits entre son accession à la tête du Parti socialiste au congrès d'Épinay en juin 1971 et sa défaite de justesse à l'élection présidentielle de mai 1974.
Document historique, l'ouvrage permet de suivre la réaffirmation du leadership de François Mitterrand sur la gauche française.
Il y apparaît en effet comme un opposant combatif, polémiquant avec la droite au pouvoir, et comme un rassembleur négociant âprement le Programme commun avec le Parti communiste.
Il se présente également comme homme d'État, revenant sur sa relation avec de Gaulle, réagissant aux événements internationaux (la « normalisation » en Tchécoslovaquie, le coup d'État au Chili, la guerre du Kippour.), narrant ses rencontres avec des chefs d'État ou leaders étrangers (Olof Palme, Golda Meir, Ceausescu.).
Mais le succès public et critique de l'ouvrage tint aussi à ses qualités littéraires, qui lui valurent un Apostrophes spécial en février 1975, et à la révélation d'une part d'intimité. Au gré des pages, quand l'actualité lui en laisse le temps, la plume de François Mitterrand se fait à la fois plus personnelle et plus « poétique », pour évoquer ses amitiés avec les écrivains Violet Trefusis, Benoîte Groult ou Claude Manceron, son goût pour les atlas ou ses promenades en forêt dans les Landes ou le Morvan.
L'Abeille et l'architecte. Un curieux titre pour un ouvrage insolite, publié en 1978 chez Flammarion, qui s'inscrit dans une filiation directe avec La Paille et le Grain (1975).
Titre curieux car il s'inspire d'un célèbre passage du Capital de Karl Marx.
D'architecte comme d'abeille nulle trace pourtant dans ce livre. Quant aux références au philosophe ou au marxisme, elles sont anodines.
Ouvrage insolite parce qu'il rassemble des textes pour la plupart tirés de Ma part de vérité, bloc-notes que le premier secrétaire signe régulièrement dans les colonnes de L'Unité, l'hebdomadaire du Parti socialiste. Des billets, écrits entre janvier 1975 et janvier 1978 sous le joug de l'actualité, que François Mitterrand sélectionnera, rectifiera, enrichir consciencieusement avant de les livrer au-delà du cercle de connivence des simples militants. Insolite aussi parce l'auteur navigue sans cesse entre plusieurs genres littéraires, entre différentes postures. Il se fait ainsi homme politique lorsqu'il critique l'action du gouvernement ou promeut le programme du PS ; homme d'État lorsqu'il raconte ses rencontres avec Leonid Brejnev ou Henry Kissinger ; homme engagé lorsqu'il dénonce le sort des étrangers sans papiers ou défend le « fait palestinien » ; homme de culture lorsqu'il évoque le poète Pablo Neruda ou le compositeur Mikis Théodorakis ;
Homme sensible enfin lorsqu'il livre ses souvenirs de jeunesse comme ses amitiés.
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