Dès l'annonce de sa mort, le 5 décembre 2014, nombre de commentateurs ont magnifié l'exemplarité du parcours de Nelson Mandela en faisant l'éloge de sa non-violence. À de multiples reprises, son nom fut associé à celui de Gandhi. La réputation non-violente de Mandela est ancienne.
Sans aucun doute, la personnalité de Nelson Mandela est exceptionnelle et son action fut déterminante dans la chute du régime d'apartheid en Afrique du Sud. Faut-il pour autant en faire un héros de la nonviolence ? Son immense prestige lui vient essentiellement du courage extraordinaire dont il a su faire preuve tout au long des vingt-huit années d'emprisonnement que les dirigeants blancs lui ont fait subir.
Mais le paradoxe est précisément que c'est pour avoir préconiser la lutte armée qu'il fut condamné à purger ces années de prison. En réalité, les rapports de Mandela avec la non-violence et la violence sont fort contrastés. Il est remarquable que, chacun étant préoccupé d'admirer et de faire admirer le personnage, nul n'ait pris le temps d'analyser de manière quelque peu rigoureuse sa pensée et son action.
En définitive les propos de l'auteur sont critiques et, peut-être, ne manqueront-ils pas d'être entendus comme une fausse note dans le concert de louanges qui ont accompagné et accompagnent encore la vie et la mort de Mandela ? Dès lors que l'on a sacralisé son personnage, toute critique risque d'apparaître sacrilège. À aucun moment sa critique n'est animée par une intention de dépréciation, mais seulement par une volonté d'appréciation, c'est-à-dire de compréhension.
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