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Numéro des Cahiers du Centre Dürrenmatt Neuchâtel consacré à l'artiste Jean-Christophe Norman, composé des textes de Jean-Michel Espitallier, Patrice Joly, Frank Smith, Ulrich Weber et d'un travail inédit de Norman inspiré de la bibliothèque de l'homme de lettres suisse Friedrich Dürrenmatt.
Lorsqu'on est artiste et que l'on adore marcher, il peut nous arriver de nous promener sur des territoires de l'art contemporain et d'y faire des découvertes et des expériences esthétiques exaltantes. L'exploration de ces espaces qui ouvrent à leur tour sur d'autres espaces, dans un mouvement sans fin, devient alors une démarche artistique qui repousse sans cesse les limites de notre univers le plus loin possible.
Jean-Christophe Norman est l'un de ces artistes qui place l'écriture et la marche au centre de ses créations artistiques. Il aime particulièrement se livrer à des performances dans des villes du monde entier. Ses déambulations l'ont conduit un jour vers un autre créateur sans frontières, Friedrich Dürrenmatt, qui a également su si bien jongler entre l'écriture et l'image, et dont il voulait explorer l'univers. Lors de notre première rencontre, il a évoqué la réalisation d'une marche liée au roman La Promesse de Dürrenmatt. Il voulait « dessiner » ses contours dans l'espace, dans des paysages, en marchant sur les routes des campagnes suisses.
Notre échange m'a amenée à lui parler à mon tour du texte de Dürrenmatt « La Guerre dans l'hiver tibétain », auquel sa démarche artistique m'a fait penser. En effet, dans ce récit qui fait partie de La Mise en oeuvres, un mercenaire narrateur évolue à l'intérieur d'un labyrinthe de galeries souterraines et grave son histoire, ses réflexions et ses souvenirs sur des parois rocheuses sans fin, à l'aide d'une prothèse qui lui sert de bras droit. Friedrich Dürrenmatt y relie des éléments biographiques et fictionnels à des « matériaux » littéraires non utilisés.
Jean-Christophe Norman a manifesté un très grand intérêt pour ce texte. Par la suite, il s'est mis à explorer l'ensemble de La Mise en oeuvres dans son propre travail et dans son propre univers. Au printemps 2016, il a passé plusieurs jours dans la bibliothèque personnelle de Dürrenmatt pour réécrire la dernière phrase ou les derniers mots de chacun des livres contenus dans cette pièce. Il voyait en effet plusieurs portes d'entrée pour appréhender l'univers dürrenmattien et pousser le sien plus loin encore. L'ensemble de ces phrases retranscrites a formé un nouveau récit, qui a fait l'objet d'une performance à Bâle et que nous retrouvons publié dans ce Cahier.
L'exposition « Matières », présentée au CDN du 2 octobre 2016 au 26 février 2017, se révèle un projet encore plus beau, plus profond et plus surprenant que je l'avais imaginé. Elle traduit bien la mission du CDN de mettre en évidence les liens entre les créations artistiques que nous accueillons dans nos murs et l'oeuvre picturale et littéraire de Dürrenmatt. En voulant faire de cette oeuvre une « matière » de recherche, de déambulations et d'expériences, Jean-Christophe Norman a ouvert un dialogue original entre lui, Dürrenmatt et le public. Se projetant aussi dans le monde, il s'inscrit pleinement dans le prolongement de l'oeuvre de Dürrenmatt, un Suisse universel.
L'exposition « Matières », présentée au CDN du 2 octobre 2016 au 26 février 2017, se révèle un projet encore plus beau, plus profond et plus surprenant que je l'avais imaginé. Elle traduit bien la mission du CDN de mettre en évidence les liens entre les créations artistiques que nous accueillons dans nos murs et l'oeuvre picturale et littéraire de Dürrenmatt. En voulant faire de cette oeuvre une « matière » de recherche, de déambulations et d'expériences, Jean-Christophe Norman a ouvert un dialogue original entre lui, Dürrenmatt et le public. Se projetant aussi dans le monde, il s'inscrit pleinement dans le prolongement de l'oeuvre de Dürrenmatt, un Suisse universel.
Extrait de l'avant-propos, Madeleine Betschart.
Quatorzième numéro des Cahiers du Centre Dürrenmatt Neuchâtel, publié à l'occasion de l'exposition de Jean-Christophe Norman « Matières », Centre Dürrenmatt Neuchâtel, du 2 octobre 2016 au 26 février 2017.
Profondément influencée par Borges, l'oeuvre de Jean-Christophe Norman (né en 1964, vit et travaille à Besançon) prend la forme de performances, de marches, d'écritures, de photographies ou de dessins pour interroger les notions de temps, de territoire et de copie.
Depuis 2006, Jean-Christophe Norman développe une suite d'explorations systématiques de grands ensembles urbains à travers le monde avec des principes d'analogie, de superposition et d'évocation d'espaces géographiques autres en reproduisant précisément par la marche les contours d'une ville dans une autre.
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