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« Là, là-bas, des centaines. Les bras tendus, ils crachent, hoquettent, s'ébrouent comme une meute suppliante. Ils se noient sous mes yeux et je n'ai qu'une question en tête : comment les sauver tous ? » La cinquantaine, l'opticien de Lampedusa est un homme ordinaire. Avec sa femme, il tient l'unique magasin d'optique de l'île. Ils aiment les sardines grillées, les apéros en terrasse et les sorties en bateau sur les eaux calmes autour de leur petite île paradisiaque.
Il nous ressemble. Il est consciencieux, s'inquiète pour l'avenir de ses deux fils, la survie de son petit commerce. Ce n'est pas un héros. Et son histoire n'est pas un conte de fées mais une tragédie : la découverte d'hommes, de femmes, d'enfants se débattant dans l'eau, les visages happés par les vagues, parce qu'ils fuient leur pays, les persécutions et la tyrannie.
L'opticien de Lampedusa raconte le destin de celui qui ne voulait pas voir. Cette parabole nous parle de l'éveil d'une conscience. Au plus près de la réalité, d'une plume lumineuse et concise, Emma-Jane Kirby écrit une ode à l'humanité.
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Nouvelle rubrique ! Un projet fou mais bien réel, cette librairie incroyable dans une ancienne église. Allez, venez à Besançon, on vous fait visiter L’Intranquille !
Ces hommes, ces femmes, nous les voyons tous les jours, notamment sur des images à travers nos écrans de tablette ou de télévision, sur des photos dans les journaux. On y prête à peine attention et pourtant... Ce livre est l'histoire d'une tragédie comme tant d'autres mais elle va bouleverser un homme qui jusque là vivait sa vie d'opticien à Lampeduza.
Ce livre m’a marquée, et résonnera longtemps en moi.
Excellent livre ! On se surprend à être avec eux ! j'ai repensé à la chanson "MERCI" de Monsieur et Madame !
Bravo pour avoir écrit ce petit bijou !
Comment parler de ce roman qui n'en est pas vraiment un ? Journaliste à la BBC, l'auteure a réalisé un documentaire sur un homme, l'opticien de Lampedusa, et qu'elle approfondit ici en lui donnant un tour romanesque que l'on distingue à peine, tant l'écriture colle au réel.
Ce bientôt soixantenaire mène une vie tranquille à Lampedusa, préoccupé par son magasin moins fréquenté que par le passé et par l'avenir de ses fils. Des inquiétudes banales, une vie qui s'écoule assez tranquillement, à peine froissée par quelques questions sur les nombreux migrants qui, jour après jour, viennent s'échouer sur le rivage. Des questions, des pensées fugaces, à peine formulées, dans une indifférence détachée. Ce n'est pas un rejet, ce n'est pas du racisme, ce n'est même pas de l'égoïsme. C'est plutôt comme si les migrants faisaient partie d'une autre réalité qui ne le concerne pas et dont il n'a probablement qu'une conscience fugitive. Il constate qu'ils sont là, c'est tout.
Avec sa femme, Teresa, et trois autres couples, il profite d'un mois d'octobre lumineux pour naviguer sur un bateau de quinze mètres. Une semaine de vacances entre amis, à plaisanter, pêcher, se baigner et, surtout, laisser les soucis sur la terre ferme. Le ciel, la mer, les amis, le paradis ! Un paradis qui, brutalement, va devoir composer avec l'enfer. Le petit matin limpide du 3 octobre 2013, est troublé par des cris, des hurlements. Oiseaux de mer ? Plus le bateau s'approche, plus "on entend la douleur". Des formes indistinctes se débattent dans l'eau. Des poissons ? L'opticien "force ses yeux et son cerveau à reconnaître et interpréter ces formes". Le bateau est à trente mètres et l'horreur fracasse les huit passagers. "Des gens ! Ce sont des gens dans l'eau !". Des mains se tendent, des doigts s'agrippent, il y en a tellement ! Il faut "choisir entre ceux qui pourront vivre et ceux qui devront mourir".
Sur les plus de 500 naufragés, l'opticien et ses amis en sauveront 47. Appelés au secours, les garde-côtes en sauveront 108 autres.
Je n'ai pas envie d'évoquer l'écriture, la construction, les descriptions ni aucun autre élément d'analyse littéraire à propos de ce livre. Que l'on sache seulement que cette tragédie est si magistralement racontée qu'elle revient sans cesse hanter la conscience. L'opticien de Lampedusa (Carmine Menna) et ses compagnons ne sont pas des héros de roman. Simplement, modestement, par leur choix spontané de porter secours à d'autres êtres humains, sans se poser d'autres questions que de savoir combien ils pourront en sauver, ils rendent à l'humanité quelques lettres de noblesse et de dignité. "Leur histoire me hante, mais leur courage me guide".
https://lettresexpres.wordpress.com/2018/06/18/emma-jane-kirby-lopticien-de-lampedusa/
C’est le roman d’un homme banal qui soudain ne peut plus considérer comme banal de croiser des migrants chaque jour sur son île, qui ne peut s’empêcher de vouloir à toute fin prendre de leurs nouvelles au centre de rétention où ils sont admis, et de suivre, plus tard, grâce à quelques messages, le périple de certains d’entre eux à travers l’Europe.
Il devient absolument impossible après avoir lu ce texte de voir les nombres de migrants entassés dans des bateaux, demandant à être secourus, ou bien trop souvent, morts noyés, comme simplement des nombres s’ajoutant à d’autres nombres. Impossible aussi d’imaginer qu’on puisse songer un instant à tout simplement les renvoyer vers leur pays d’origine, après tout ce qu’ils ont souffert et perdu au cours de leur traversée.
Une belle écriture place les mots qui conviennent, sans trop de pathos, sur cette histoire individuelle capable de toucher tout un chacun.
J’ai déjà lu d’autres romans sur le même thème, et pourtant, celui-ci a su me toucher comme aucun autre avant.
Bien qu'il s'agisse d'un roman, l'opticien de Lampedusa est tiré d'un reportage que son auteur, Emma-Jane Kirby, a réalisé en 2013 sur l'île de Lampedusa. La proximité des côtes tunisiennes et libyennes font de cette petite île italienne un point d'entré privilégié pour les migrants qui choisissent de gagner l'Europe souvent au péril de leur vie. En octobre 2013, une embarcation transportant plus de 400 personnes fait naufrage à seulement quelques centaines de mètres du rivage faisant plus de 350 victimes. L'histoire évoque le quotidien d'un opticien habitant sur l'île depuis plusieurs dizaines d'années. Ce dernier tient une boutique d'optique à seulement quelques encablures du rivage. Alors qu'il décide d'une sortie en mer avec son épouse et des amis, le groupe va se retrouver au milieu du naufrage d'une embarcation transportant des centaines de migrants. Au travers de ce récit, l'auteur illustre les conditions terribles des migrants qui traversent la méditerranée mais également le quotidien poignant des habitants de l'île confrontés à la mort qui s'échoue chaque jour sur ses plages. L'histoire est profondément émouvante et la style nous transporte à bord du bateau au-côté des personnages. Bien qu'assez court, ce livre nous immerge directement dans une terrible réalité méprisant la vie humaine. A la fin de l'histoire, le lecteur n'a qu'une seule envie, tendre la main pour sortir une vie humaine de l'eau!
Lampedusa est une petite île italienne, située à l’extrême Sud de l’Europe, plus proche des côtes africaines que des côtes européennes. La vie s’y déroule, tranquille, ses habitants sont là depuis longtemps, vivant de la présence des touristes l’été et retournant sur le continent l’hiver ou, comme l’opticien et sa femme, y résidant à l’année.
Depuis toujours cette terre a été un lieu de passage. Mais depuis quelques années, des silhouettes vacillantes, désoeuvrées, des Africains sont visibles au bord des routes. Il paraît qu’un camp est rempli de ces naufragés qui arrivent sur les côtes, et qui font la une des journaux, sans que l’on y prête une vraie attention.
Quelques habitants s’émeuvent du sort de ces hommes, femmes et même enfants que la pauvreté et les conflits ont jeté sur la mer, passent de maison en maison pour quémander quelques vieux vêtements.
L’opticien aime son métier, occupé par ses comptes, ses fils aujourd’hui grands. Sa femme est enjouée, ils aiment passer du temps avec leurs amis. D’ailleurs, après un sympathique dîner dans la douce chaleur de l’automne, ils décident de passer une journée en mer, pour profiter de la quiétude, de l’amitié, passer un bon moment.
Ils embarquent un matin, espérant pêcher. Les mouettes crient, la mer est calme, le moment est doux
Mais les mouettes crient, vraiment, cela finit par les intriguer, y a-t-il un banc de poissons ? Et ces cris étranges… Ils se rapprochent, de plus en plus inquiets, et ce qui se révèle aux yeux des 8 amis, ce ne sont pas des poissons et des mouettes mais des hommes, des corps noirs, vivants et morts déjà, parsemant l’océan, un naufrage a eu lieu sûrement…
Alors les mains se tendent, extirpent sans relâche des hommes à bout de force, laissent glisser les corps recouverts de pétrole, recueillent la vie et font face à la mort. 500 migrants ! Le bateau disparu transportait 500 hommes, femmes et enfants à la recherche d’un avenir meilleur !
Leurs yeux brouillés de larmes, suffoquant face au choc et à la réalité des migrations, ils recouvrent les corps nus, perçoivent la souffrance des corps et des âmes, étreignent des inconnus qui ne le sont plus vraiment, à cet instant, s’oublient dans l’effort. Les secours arrivent, leur bateau Galata tangue sous le poids, menaçant de chavirer, on les somme de revenir au port, ils vivent ça comme un abandon.
Hébétés, ils rejoignent la terre, ils sont sauvé 47 personnes, qui sont rapidement pris en charge.
La suite est une errance, errance des âmes pour ces 8 personnes qui n’avaient pas imaginé une seconde cette réalité, pour qui les migrants étaient des silhouettes fugaces, lointaines, des chiffres dans les journaux. Aujourd’hui ce sont 47 histoires, 47 regards, 47 personnes qui les hantent.
L’opticien et sa femme tournent en rond, oublient ce qui faisait leur vie, leurs nuits sont remplies de cauchemars. Leurs amis présentent les mêmes visages défaits et hébétés. Ils tentent de se rapprocher du camp pour savoir ce que deviennent « leurs » naufragés, on les refoule. Lors d’une cérémonie, ils se retrouvent et s’enlacent, s’embrassent comme des amis perdus de vue…
La suite appartient à chacun, les uns retrouvent leur vie sur l’île, comme avant mis jamais plus avec les mêmes yeux. Le temps fera son oeuvre mais leur âme en restera bouleversée à jamais. Les autres tenteront de vivre leur vie rêvée, de trouver un avenir ailleurs, de surmonter leurs blessures, donneront des nouvelles ou pas.
Ce court roman, inspiré d’une histoire vraie, m’a moi aussi laissée hébétée. L’auteure y insuffle tant de souffrance, tant d’humanité qu’on ne peut qu’être sensible à cette histoire. Elle y transmet, avec talent, une émotion intense, qui m’a touchée. C’est un roman que je garderai longtemps en tête.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2018/01/13/lopticien-de-lampedusa-de-emma-jane-kirby/
Des amis partent faire une petite croisière en bateau au large de l’Italie. Au réveil, l’un d’eux, l’opticien de Lampedusa entend du bruit, des cris. Des cris des mouettes ? Non, des cris humains !!! Ceux d’hommes, de femmes, d’enfants dont l’embarcation a coulé alors qu’ils tentaient de gagner l’Europe. Ils vont sauver 47 Érythréens tirés de l’eau, épuisés et traumatisés par ce naufrage.
Ce roman est basé sur des faits réels, raconté par la journaliste Emma-Jane Kirby qui raconte avec puissance cette histoire dramatique. Chaque année, sur les plages de Lampedusa, minuscule île italienne, échouent des milliers de migrants vivants ou morts.
Comment peut-on rester insensible face à un tel drame ?
Car aucun être humain ne mérite d'avoir à fuir son pays et de mourir dans des conditions atroces.
Je suis sensible à cette problématique… Ces personnes rêvent de vivre en Europe « synonyme d’Eldorado à leurs yeux » afin d’échapper à la guerre, à la pauvreté ou à la dictature. Ne ferions-nous pas la même chose pour protéger notre famille, nos enfants ???
J’avoue que je ne connaissais pas du tout ce pays qui est Érythrée. Je suis donc allée voir sur Internet, et j’ai été très surprise. Voilà ce que j’ai pu en lire :
Le service militaire est obligatoire pour tous les jeunes, garçons et filles : enrôlés à l'âge de 17 ans jusqu'à... la quarantaine ! D'abord, dix-huit mois de camp disciplinaire, avec viols des jeunes femmes, brutalités des supérieurs, cachot et torture comme sanctions. Ensuite, on est affecté à un grand chantier du président, à une ferme, à une fabrique. Un contact avec "l'étranger", avec un passeur, un mot malheureux dans un café et c'est la prison.
Il existe 314 camps de détention dans le pays. Des centres de tri à la sortie des villes, des containers métalliques de cargos en plein désert, des camps de haute sécurité pour les politiques, comme celui d'Eiraeiro, à 50 kilomètres d'Asmara. Cellules, isolement, pas de visites, interrogatoires et torture à mort. On pratique la technique de l'hélicoptère : le prisonnier, suspendu pieds et mains au plafond, tourne, les autres frappent : "Avoue !"
D'où la fuite effrénée vers l'étranger...
Sur 5 millions d'Erythréens, 1 million se sont évadés depuis 2004. L'ONU a recensé 3.000 passages par mois vers le Soudan et l'Ethiopie... pour ceux qui réussissent à déjouer les patrouilles.
Si vous voulez en savoir plus : https://www.nouvelobs.com/monde/20120120.OBS9350/l-erythree-dictature-la-plus-sanglante-d-afrique.html
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Un roman poignant et bouleversant, je ne peux que vous conseillez vivement de le lire, pour avoir aussi une autre vision de la crise des migrants.
Il est sorti en poche, le 23 août 2017 (Edition J’ai lu).
L’auteur est journaliste à la BBC et elle a reçu le prix Bayeux-Calvados 2015 pour son reportage sur les migrants.
La crise migratoire en Europe a commencé vers 2010, mais depuis 2015 elle est à son apogée.
L’opticien de Lampedusa, est un homme ordinaire, comme cous et moi. Son quotidien, un métier qu’il aime, une femme et deux grands fils. Il voit des vagues de migrants arrivées sur l’île en bus ou bateaux pour aller vers un centre d’accueil. L’île, désormais comptent plus de migrants que d’autochtones. La télévision et la presse s’en font l’écho. Lampedusa est directement impactée dans son économie car les migrants font fuir les touristes.
En ce mois d’octobre 2015, il se prépare à passer quelques jours de vacances, sur le bateau d’amis.
En ce premier matin de détente, il savoure son café, seul. Arrive à ses oreilles, un vacarme infernal, il peste contre les mouettes qui viennent déranger sa quiétude.
Avec ses amis, ils vont avancer le bateau en pleine mer en direction du vacarme. Ils scrutent la mer, ils voient des formes noires à fleur d’eau. Leurs yeux voient, mais leurs cerveaux refusent catégoriquement de relier ces cris aux corps des migrants morts et survivants qui forment une masse.
Et puis, comme un raz de marée, c’est en pleine gueule qu’ils prennent la réalité, qui va les faire basculer dans le néant. « L’océan résonne de hurlements primitifs surgis des profondeurs, entre gargouillis et déchirements. Soudain, l’opticien reconnaît la musique des mourants. Au sein de ce cœur tragique, il distingue chaque voix, entend chaque être. Chacun supplie qu’on lui vienne en aide.
L’opticien déglutit.
Comment faire ? Comment les sauvez tous ? Lentement, il tend son bras. Des mains montent vers le ciel, se referment dans le vide, appellent en vain. Il voit des yeux jaunis écarquillés, remplis d’un furieux espoir. »
Ils sont 8 pour des centaines de personnes à sauver, ils agissent « ils ne tergiversent pas sur le rôle ou la place de chacun. »
En arrivant sur place, les autorités vont leurs ordonner de stopper ce sauvetage, d’ailleurs leur bateau s’enfonce car avec 47 personnes plus eux 8 à bord, l’embarcation s’enfonce.
Lorsqu’ils sont séparés de ceux qu’ils ont sauvé, ils sont emplis du vide des mots. Au fur et à mesure que les larmes les vident de la tension accumulée au fil des heures surréalistes qu’ils viennent de vivre, la rage les emplit comme le roulement d’une forte houle.
Ils fuient dictatures et guerres parce qu’ils n’ont aucun avenir, ils meurent en cours de route sans identité. C’est l’affligeante réalité.
Ceux qui survivent sont parqués, moins bien que des animaux, en attente de décisions administratives sans cohésion de l’Europe.
Revoir ceux qu’ils ont sauvés, n’est pas simple mais ils y arriveront. Ce ne sont plus des statistiques, ce sont des Hommes.
Les migrants sont envoyés sur le continent, les séquelles de ses huit amis, sont des scarifications au plus profond d’eux-mêmes. La mélancolie les enveloppe comme un voile.
Les passeurs de sont que des saigneurs.
Des sépultures casées dans les divers cimetières du pays. Pas de monument commémoratif, il faut effacer tout cela.
Emma-Jane Kirby a réussi un témoignage fort, sans rien omettre d’une réalité scabreuse, avec une écriture délicate et respectueuse, empreinte d’une belle humanité, ce qui en renforce la gravure dans notre mémoire. Qu’elle en soit remerciée.
Dans ses « Lettres contre la guerre » Tiziano Terzani a écrit : « Notre monde est devenu ainsi : la publicité a remplacé la littérature, les slogans nous frappent davantage désormais que la poésie et les vers.
L’unique façon de résister est de s’obstiner à penser avec sa tête et surtout à sentir avec son cœur. »
Merci à Lecteurs.com pour ce livre.
© Chantal Lafon-Litteratum Amor 1er janvier 2018.
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