"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec Shantaram, des millions de lecteurs découvraient l'incroyable épopée de Lin, fugitif australien travaillant pour la mafia de Bombay comme faussaire de passeports. Deux ans ont passé, et Lin a perdu les deux personnes les plus chères à son coeur : Khaderbhai, son père de substitution, et l'amour de sa vie, Karla, mariée à un magnat de la presse. Dans L'ombre de la montagne, suite très attendue, Lin doit se frayer un chemin dans les bas-fonds de Bombay, où une nouvelle guerre des gangs fait rage.
Les chefs de la mafia sont mêlés à des intrigues toujours plus violentes, et un vieil homme mystique remet en cause tout ce que Lin a appris sur l'amour et la vie. Parcours initiatique au rythme effréné, le nouveau roman de Gregory Roberts nous fait découvrir une galerie de personnages inoubliables qui survivent dans une Inde aux multiples visages.
Quel plaisir de retrouver l'univers de Shantaram! Lin n'est plus un repris de justice australien en fuite, mais un homme bel et bien installé au coeur de l'Inde, partie intégrante du paysage local – de la mafia locale devrais-je dire – malgré la perte de son père de substitution et mentor, Khaderbhai. Revenu vivant de la guerre en Afghanistan, installé avec Lisa, responsable du commerce de faux passeports, on pourrait presque croire que Lin s'est résigné à mener une vie « tranquille », autant qu'elle puisse l'être dans la grouillante Bombay. Mais la guerre des clans n'est jamais loin, la reconquête de Karla reste dans un coin de son esprit, et son quête de vérité l'amène à s'aventurer dans l'antre d'un philosophe retiré du monde pour disserter sur le sens de la vie.
Dans la même veine que Shantaram, L'ombre de la montagne permet de replonger avec délice dans les paysages du premier tome, et de retrouver une panoplie de personnages fascinants (Kavita, Abdullah, Lisa, Karla notamment). La perspective de 900 pages au coeur de Bombay, prise entre les feux croisés de la Sanjay Corporation et des Cycle Killers, ébranlée par les discours de philosophes inconnus, me ravissait tout simplement. J'ai passé un bon moment lors de cette lecture, je me suis laissée happée par l'action, ici encore très présente, même si bien différente de celle rencontrée dans Shantaram. J'ai été moins convaincue par les passages réflexifs, les longs monologues intérieurs, les dialogues sous marijuana, les échanges entre le philosophe et ses élèves – et les réponses éclairées de Lin, présenté comme prodige de la réflexion philosophique. J'avais été plus touchée par les aventures de Lin dans les bidonvilles, apprenti docteur essayant d'échapper par la même occasion aux autorités, remarqué pour sa sagesse et son recul sur la vie.
Dans L'ombre de la montagne, nous nous éloignons des réflexions de terrain caractéristiques du premier volume, l'auteur nous amène vers des interrogations plus générales sur la vie, son sens profond, l'amour, la vérité, le devoir… Réflexions annonciatrices du retrait de Gregory Roberts de la vie publique? En effet, depuis 2014, il s'est totalement détaché des sollicitations liées à son activité romanesque et se consacre uniquement à ses projets – vous pouvez retrouver ses explications quant à ce choix sur son site web: http://www.shantaram.com/.
Le côté autobiographique de Shantaram avait largement participé à m'embarquer dans l'histoire, il y avait une authenticité dans l'écriture, une sincérité sur les événements, improbables certes, mais pourtant plausibles. Je n'ai pas forcément retrouvé ce sentiment à la lecture de ce second tome – peut-être est-il tout aussi autobiographique que le premier, pourtant il semble plus froid, plus lointain pour le lecteur. La fiction reprend le dessus sur le témoignage, le style est plus fouillé, plus calculé, probablement plus travaillé – Shantaram avait été écrit et réécrit en prison après avoir été détruit à de multiples reprises par les geôliers, L'ombre de la montagne témoigne du retour de l'auteur à une vie plus calme, où la réflexion n'est pas entravée par des chaînes physiques.
Finalement, un plaisir à lire malgré quelques longueurs, dans la lignée de Shantaram sans réussir pour autant à en recréer totalement la magie.
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