"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La banlieue brûle. René fait partie des victimes et ne compte pas rester sur le côté. Le commissaire Saint Antoine souffle sur les braises pendant que sa hiérarchie le laisse mijoter à petit feu. Toutes les polices du pays sont sur les charbons ardents. Momo et moi, on suit le mouvement tant bien que mal, au gré du vent qui attise les flammes. Et quand je vous aurai dit que même les services secrets nationaux se mettent à danser autour du bûcher, vous saisirez l'ambiance.
D'ici que la Seine s'embrase... Manque plus que Jeanne d'Arc en qualité de consultante ! Un conseil : ne perdez pas de vue votre extincteur en lisant ce brûlot. Après on s'étonne que la planète se réchauffe. Quelle époque !
Un feu peut en cacher un autre.
« Il suffira d'une étincelle
D'un rien, d'un geste
Il suffira d'une étincelle
Et d'un mot d'amour
Pour
Allumer le feu »
Comme un air de Johnny dans la tête.
C’est ce que pourrait chanter René au début de cet opus.
Mais il le fait de façon plus personnelle avec sa Paulette :
« Remarquez, ça lui aura fait l’maillot à Paulette. Pas du luxe en un sens. »
Et voilà je suis pliée de rire alors que René est dans le désastre. Sa maison à brûler et c’est apparemment criminel.
Ce n’est pas charitable j’en conviens mais dans ces temps où la sinistrose peut nous envahir, je ferai mien le mot d’Aristide critique littéraire de jadis « Le rire est un désinfectant. »
Interrogé René déclare encore : « Des ennemis ? J’ai déjà du mal à me faire des amis, c’est pas pour avoir des ennemis. ! C’est un luxe d’avoir des ennemis. Ça prouve qu’on a les moyens. »
Le voilà reloger par la ville de Vitry.
Mais, pas le temps de s’appesantir la nuit suivante la maison voisine brûle aussi et les occupants ont moins de chance que René.
Notre détective et son acolyte Momo, sont au chomdu, ils en sont à faire de la peinture au black. Le commissaire Saint Antoine égal à lui-même brasse du vent et a des œillères concernant Vaness’ et il ne sollicite même pas notre duo, au contraire il fait tout pour s’en débarrasser. Quelle ingratitude !
Mais Cicéron n’a pas dit son dernier mot et il n’est pas à une rebuffade près, de toute façon il n’est pas rancunier.
« C’est quand même une drôle d’histoire que celle-là. La victime c’est notre ami à tous, on est dans le métier et l’enquête nous échappe totalement. Même le vieux a été éjecté. Tout juste si on lui donne quelques informations. Et encore, il faut qu’il les quémande. »
Celui qui est poussé à la porte revient par la fenêtre, c’est bien connu.
Il va lui en falloir de l’inventivité mais ça je vous le laisse découvrir.
En refermant le livre on se demande où Claude Picq alias Cicéron va trouver tour ça.
Car les lecteurs retrouvent avec un plaisir sans faille cette fine équipe de limiers hors sentiers battus, les agapes de récréation, les bons mots, cette langue française pleine de saveur avec laquelle notre auteur joue.
Et ce n’est que du bonheur. Il maîtrise cet art du pastiche et nous emmène dans une balade jubilatoire.
Vitry-sur-Seine peut être aussi flamboyant que Versailles.
Une intrigue de plus mener à la baquette du Maestro.
©Chantal Lafon
Cela commence fort par une double carbonisation de maisons et des enquêteurs, badauds et victimes qui n'y comprennent rien du tout. Puis, il y a comme un coup de mou, personne ne sachant vraiment ou chercher et Cicéron qui nous a habitué à des aventures extra-Vanessa s'est rangé perdant en frivolité ce qu'il gagne sans doute en profondeur. Bon, on n'est pas non plus dans Wallander ou un polar sérieux avec des flics dépressifs, non c'est même tout l'opposé, il faut lire Cicéron pour éviter ou lutter contre la dépression. Pour la gaudriole, René est toujours présent et sa moitié également :
"Un peu plus loin, dans le camion-ambulance des pompiers, Paulette, enveloppée dans une couverture de survie. Partiellement enveloppée car l'inventeur de ce type de couverture n'avait pas prévu un tel volume. Elle est choquée. Plus que nous encore. Une psychologue rame pour lui faire admettre que tout va bien. Elle a eu chaud au cul quand même. Et René, le beau René, en slibard noirci -peut-être par l'incendie, peut-être pas- qui déclare :
- Si j'm'étais pas l'vé pour chier, sûr qu'on serait cramés à c't'heure. Pourtant on fume pas au lit. Et pis merde, on n'était même pas au gaz de ville ! Ça doit être à cause de l'électricité statique, c'bordel !
Il est hagard et essaye de donner le change :
- Remarquez, ça lui aura fait l'maillot à Paulette. Pas du luxe dans un sens." (p. 20)
Et l'intrigue de rester obscure. Et les limiers dubitatifs. Il faudra bosser, éliminer les fausses pistes, éloigner René et sa Paulette relogés par la mairie. Puis, à la faveur d'un indice, l'ouverture enfin...
Moins burlesque que les tomes précédents, mais l'auteur avait prévenu il y a quelques livres. Tout aussi plaisant et divertissant. Une gouaille et une écriture joyeuses font qu'on ne s'ennuie pas un moment et qu'on resterait même un peu en compagnie de Cicé, René et Momo, l'adjoint de Cicé dans son officine de détectives, sans oublier le commissaire Saint Antoine, affectueusement surnommé pépère, et bien sûr Vanessa la flique-amante préférée de Cicé. Comme d'habitude, à peine quittée, on a hâte de retrouver la fine équipe.
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