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Au commencement, une question : pour quelles raisons, de tous les peuples de la péninsule Arabique, sont-ce les Hijaziens qui ont donné naissance au VIIe siècle à l'une des plus grandes cultures de l'humanité ? Leur expérience du monde acquise par le commerce caravanier avec le Yémen, la Syrie et l'Irak - pays de vieilles civilisations et de traditions monothéistes - et l'unification linguistique de la péninsule plusieurs siècles plus tôt et à laquelle la constitution d'un panthéon arabe païen unifié n'est pas étrangère, ont oeuvré à la formation d'une conscience panarabe dont la prédication prophétique de Mu?ammad est l'une des plus hautes expressions. Les Hijaziens ont su fonder une religion à vocation universelle.
Or là est justement la grande question : comment cette religion peutelle être universelle ?
Il faut suivre Houari Touati dans le déploiement de toutes les dimensions de cette question, qui conduit, chemin faisant, le lecteur d'oasis en métropoles, d'écoles en échoppe de copistes (loin d'être tous musulmans au début), pour discuter du prix du manuscrit et parcourir des bibliothèques ou échanger sur les mérite respectifs du stylet et du calame.
C'est d'abord, dans une société qui connaît l'écriture, mais n'en diffuse guère le savoir, la bataille séculaire pour décider qui, de la transmission orale ou de l'écrite, doit préserver et propager la parole du Prophète. La transmission des prescriptions religieuses demeure strictement orale plusieurs décennies après la mort du Prophète alors que nait dans l'intervalle une administration de l'empire musulman (diwan) qui s'appuie sur la mémoire du document écrit, produit de la littérature (l'écrit répond à l'écrit), forme des élites avec un véritable cursus scolaire, définit la langue des bédouins hijaziens comme la plus pure, donc réhabilite la poésie antéislamique, développe un art de la calligraphie et de l'ornementation du livre, et finit au Xe siècle de notre ère par ouvrir la langue à la traduction des grands textes du savoir grec, byzantin et chrétien. C'est alors, à ce moment précis de l'accueil le plus large de l'universel, que se joue, dans un mouvement de reflux, la tragédie de la fermeture de la culture islamique sur la seule spécificité du savoir coranique.
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