"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au prisme d'une passion pour la pe^che, Christophe Esnault compose un poe`me dont chaque facette est un souvenir esquisse´, un instant miroitant comme ces prises capture´es, rejete´es ou enfuies. Car ce que ces fre´quentations de mares, de rivie`res et d'e´tangs font remonter a` la surface, c'est tout un paysage d'enfance puis d'adolescence, accompagnant peu a` peu l'e´veil du de´sir amoureux et bornant un monde champe^tre souvent prodigue mais parfois fruste ou trop e´troit pour les re^ves de l'enfant poisson-chat.
« Apprendre à pêcher / Avant d’apprendre à lire. » Au fil du temps qui passe subrepticement, résistent les images pavloviennes, douces, la campagne en diapason. L’eau cruciale se loge abondante et affamée : de ce poisson-chat. Le summum fédérateur et éducatif, piédestal d’une littérature vivifiante. Le charme opère une fusion vertigineuse avec Christophe Esnault dont l’enfance était, dès les prémices, initiatique. La pêche, l’acte émancipateur, la liberté à plein bras. On devient l’ombre du narrateur, de cet enfant, de cet homme en advenir. On marche dans les feuillages, en équilibre sur les gués, canne à pêche en main, regard altier, la frénésie du jour nourricière et humble. Les heures coudées, franches, ivresse et joie. Les fragments prennent sens, éclatent de poésie d’un réalisme sidérant, perfectionniste. La ruralité devenue la pièce centrale des jeux de l’enfance vénérée. L’ouverture glorieuse des apprentissages. La campagne la cosmopolite verdoyance à perte de vue. « Parfois ce n’est pas ce qu’on sort de l’eau/ Ou ce qu’on ne sort pas de l’eau/ Ou ce que l’on voit à hauteur d’eau/ C’est la couleur d’un renard à vingt mètres/Prise dans notre émerveillement. » « Le pêcheur dans sa barque te fait signe de la main/ Ça veut dire bravo mon gars beau poisson/Le sandre fait sept livres. » « L’enfant poisson-chat » pêche les moments de saveurs, poissons symboliques, les anecdotes deviennent des cartographies. Images d’Épinal, seau lourd de poissons, les heures d’abandon à soi-même, l’enfant grandissant dans cet espace de communion. « Tu n’as pas compris seulement/ Trente ans plus tard que cette jeune fille/ Avait été ton plus certain émoi sexuel/ Et que ton éducation et les stéréotypes véhiculés/ t’avaient fait sottement mentir sur ton désir. » On ressent le magnétisme d’une nature dévouée, sereine et solidaire. Corps à corps avec l’enfant, rythme fusionnel, le pont des espérances. Rivières, cours d’eau, sources, fontaines, gouttes d’eau perlées sur le cœur de l’essentialisme. La plénitude d’un Carpe Diem révélé. « Tu étais curieux de la connaissance d’un de tes camarades/ Qui pouvait donner un nom à tous les oiseaux. » « Ça ne servirait vraiment à rien/ D’avoir un compte Facebook/ Si on ne faisait pas un selfie/ Quand on vient de sortir de l’eau un silure. » L’enfant grandit, mutation. Visions d’un ailleurs mystifié. « Tu as réussi toutes les épreuves/En étant défoncé/ En l’étant encore/ Tu arrives à l’heure pour refiler la mob/ Tu achètes un pack/ bien mérité. » « Demande démesurée/ D’attention et d’amour. » Ce recueil de poésie, empreint de sociologie, toile picturale est la trace de la vie-même. De ses petits miracles, ses doutes. Notre contemporanéité d’un XXIème siècle à mille lieux de cette vitalité de vivre à l’air libre, si libre. Ce poème est aussi l’hymne du Vivre-Ensemble, la camaraderie, corde à nœuds. Émouvant, il encercle les questionnements d’un jeune homme devenu qui ne lâchera jamais ses prises paraboliques, envers et contre tout. « L’enfant poisson-chat » est un modèle olympien à reproduire. Laissez vivre les enfants au grand air, reflet dans la mare des expériences ! Christophe Esnault délivre les heures de gloire et d’incertitude aussi quant à son devenir. Se méfier de ce trop de plénitude, se risquer de l’autre côté, dans le monde urbain et réaliser qu’un pas de côté peut être salvateur. Ce poème est une leçon de vie. Il fait comprendre l’importance des petits riens qui en fait sont les marqueurs pour un lendemain à bâtir. Magistral. Publié par les majeures Éditions Publie.net.
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