"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dès les premières phrases de cet essai, le ton est donné : virtuosité, humour, regard acéré sur ce qui fait le « style du monde ». L?auteur, par ailleurs un penseur très sérieux, s?attaque à nos manies contemporaines sous toutes ses formes : la guerre sainte, la responsabilité morale des entreprises, le commerce équitable, le marketing rationnellement justifié, la transparence de la politique, la chirurgie esthétique, l?orgie du football et les reality shows, la vidéosurveillance universelle, la culture du shopping, la ville assimilée à un parc thématique, la copie globale, la démocratie en vrac et partout, le clonage, la consommation personnalisée, les virus mystérieux ou le gène suicidaire.
Voilà autant de phénomènes du capitalisme de fiction dans un domaine où la représentation a raflé la mise. Car, nous montre Verdu, nous sommes passés en un siècle du capitalisme de production (la grande ère industrielle de la première moitié du XXe siècle, centrée sur l?objet) au capitalisme de consommation (qui va de la Seconde Guerre mondiale aux années 1980) où consommer, c?est exister, au capitalisme de fiction, où nous venons d?entrer.
Pour que ce changement ait été rendu possible, il a fallu d?abord transformer le citoyen en spectateur, puis vendre les entrées du spectacle à une planète homogénéisée et de plus en plus considérée comme un territoire n?offrant plus de résistance. L?auteur signe ici son plus bel essai, et une réflexion décisive sur le temps à venir.
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