Les 20 romans plébiscités par nos lecteurs en 2015
L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne. S. C.Rarement fiction fit autant ressentir l'intensité d'une guerre civile en y accolant la thématique du théâtre comme arme rhétorique et politique. Ici battent des coeurs et tonne le monde. Hubert Artus, Lire.Brûlant, fiévreux et désespéré, d'une violence inouïe. Thierry Gandillot, Les Echos.Bouleversant, magistral. Transfuge.
Les 20 romans plébiscités par nos lecteurs en 2015
Depuis ma lecture d’«Enfant de salaud» , « Le quatrième mur » me faisait de l’œil , me demandant de le sortir de ma PAL.
En regardant la liste de mes récentes lectures ( oui je fais des listes …) j’ai constaté que mes lectures sont souvent sombres , parfois nostalgiques , rarement très violentes , encore plus rarement feelgood. Mais presque toujours belles , voire très belles.
Je fais partie de ceux qui lisent les 4° de couverture et parfois au milieu de roman , je les relis.Pour « Le quatrième mur » je n’ai pas bien lu la 4° de couverture , ou plutôt , j’ai zappé les deux dernières phrases .suivantes « Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982 , main tendue à la paix . Avant que la guerre ne m’offre brutalement la sienne ».
Le « je » , c’est Georges, le narrateur , jeune metteur en scène qui accepte de remplacer, pour une mission folle, son ami Samuel
Au départ, il y a un message d’espoir, celui d’essayer de monter « Antigone » de jean Anouilh à Beyrouth en 1982 en pleine guerre civile et de faire jouer la pièce par des acteurs appartenant à chaque camp : Une palestinienne sunnite ., un Druze du Chouf , un maronite , des chiites , un phalangiste . Les faire travailler sur un projet commun , se parler.
« Le théâtre en paix, la guerre partout ailleurs »
A l’arrivée, la guerre civile et la haine. La volonté de détruire l’autre. Alors monter une telle pièce avec pour défi de prendre des acteurs des différentes parties au conflit ressemble à de l’inconscience.
Le conflit libanais, le massacre de Sabra et Chatila et les autres massacres, je l’écoutais de loin , à la radio, sans y faire vraiment attention. Sorj Chalandon , réussit , avec en toile de fond « Antigone » en parallèle de l’histoire , à nous faire ouvrir les yeux sur l’horreur de ce conflit. Il ne nous fait pas un cours magistral de géo politique, ne nous dit surtout pas qui a raison et qui a tort.
Des passages sont violents, brutaux mais nécessaires.
Georges et son projet se feront ils rattraper par la réalité de la guerre ?
Triste constat , plus de 40 ans après ces évènements , le Liban est toujours placé sous le signe de la violence guerrière.
Sam projète de jouer Antigone au Liban. La pièce provoquera une trêve pendant la guerre. Il espère offrir un rôle à une personne de chaque camp opposé. Atteint par la maladie, il confit cette tâche à don ami Georges... la guerre détache l'esprit de la réalité. Premières pages du livre difficiles à suivre,, jusqu'à la passation. Du projet.
Le narrateur : Georges, avec son passé d'étudiant militant parisien, dans les années 70. C'est ainsi qu'il a connu Sam, passionné comme lui de théâtre. Sam est leur exemple à tous, ayant osé braver la dictature en Grèce. Georges et Sam deviennent deux amis très proches, deux frères. Un jour, Sam demande à Georges de réaliser son propre rêve : faire jouer Antigone à Beyrouth. Sa santé ne lui permet plus de monter ce projet lui-même. le Liban est en guerre. le but est de rassembler coûte que coûte des acteurs de différentes religions (juifs, musulmans et chrétiens), donc des ennemis qui joueraient le temps d'une trêve. Georges n'écoute que son coeur, laisse femme et enfant à Paris pour partir à Beyrouth, à ses risques et périls. Là se dévoile alors toute l'atrocité de la guerre, rendant même puériles les manifestations étudiantes.
Un texte magnifique, très émouvant. Et l'émotive que je suis a pleuré très rapidement...
Jamais je n'ai lu un livre qui m'a autant bouleversée. J'ai lu "Le quatrième mur" lors de sa publication en 2013 et je l'ai relu lorsqu'il est paru en livre de poche deux ans après et qu'il a obtenu le prix des lecteurs. "Le quatrième mur" est le projet utopique d'un metteur en scène Georges qui promet de respecter les dernières volontés de Sam, son ami mourant : monter la pièce "Antigone" de Jean Anouilh à Beyrouth en feu avec des comédiens de toutes cultures et origines (Antigone serait palestinienne sunnite, Créon chrétien maronite, Hémon druze; il aurait aussi des Chiites, des Chaldéens et des Arméniens) Cette représentation serait une trêve poétique, juste un moment de grâce. Mais la guerre est la plus forte. Jorj Chalandon décrit l'horreur, la violence de Sabra et Chatila et les massacres dans les camps palestiniens continuent longtemps de hanter le lecteur. Avant d'être romancier, Jorg Chalandon était reporter de guerre. Quand il couvrait le conflit libanais pour "Libération", il mettait ses émotions de côté. Dans son livre "Le quatrième mur", il prête à Georges, son narrateur, les sentiments qu'il n'a pas pu avoir et Georges qui a été traumatisé d'avoir vu le règne de la mort et de la folie guerrière erre dans les tréfonds de l'âme humaine. "Le quatrième mur" est un grand livre, un hommage aussi à la littérature.
Main tendue à la paix…
Entre Georges et Samuel c’est l’amour fraternel, à la vie à la mort.
Alors, lorsque Samuel ne peut honorer le rêve fou et symbolique de faire jouer Antigone à Beyrouth en rassemblant les ennemis sur une même scène, il passe le relai à Georges.
Ce dernier est perdu, entre sa toute nouvelle paternité et ce lien qui le lie à Samuel. Conscient du danger et du terrible poids qui repose sur lui, il va à Beyrouth comme on va au combat.
La guerre est partout, et les mots doivent être érigés comme le poing levé la rage au cœur.
Samuel était l’emblème du théâtre empêché.
Antigone (la petite maigre assise sans bouger) est le symbole de celle qui dit NON.
Les lecteurs sont en apnée dans ce livre qui narre avec conviction et une ardeur le drame absolu du « Liban qui tire sur le Liban ».
Inutile de rajouter des mots à ce livre qui se vit et qui est plus fort que ne le serait un essai sur le sujet.
C’est la force de Sorj Chalandon, partager son expérience du terrain et son immense humanité.
La puissance de son écriture fuse et rayonne, les mots vous étreignent jusqu’au malaise.
Et en même temps, en refermant le livre je pense à la citation suivante de Christian Bobin :
« Ce qui s'enfuit du monde c'est la poésie. La poésie n'est pas un genre littéraire, elle est l'expérience spirituelle de la vie, la plus haute densité de précision, l'intuition aveuglante que la vie la plus frêle est une vie sans fin. »
Les lycéens ne se sont pas trompés en lui décernant leur Goncourt.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/12/27/le-quatrieme-mur/
Terriblement émouvant. Un livre exceptionnel, que l'on ne peut oublier
Georges a fait la promesse à Sam de monter "Antigone" d'Anouilh à Beyrouth : nous sommes en 1982, en pleine guerre du Liban. Les acteurs sont issus des différentes communautés ; après les avoir convaincus un par un (on suit les pérégrinations de Georges pour aller chercher son Antigone, son Hémon, son Créon et ses gardes), il y aura une seule et unique représentation, moment de paix, d'accalmie au milieu du fracas où l'on ne sait plus qui combat qui.
Mais Georges se retrouve au milieu de l'enfer, il n'échappe pas aux horreurs de la guerre. Meurtri, blessé, il ne peut continuer à vivre pour préserver son "lambeau de bonheur" une fois de retour en France.
Un roman bouleversant, les mots de la pièce d'Anouilh parcourent le texte de Chalandon véritable ode à la paix, à la fraternité entre les peuples. Un roman qui montre toute la modernité, le côté intemporel du mythe antique.
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