"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" Je voudrais qu'on oublie aussi mes ossements, mais dans un bordel. Et que les femmes s'en servent comme canules pour leurs bocks, comme fume-cigarettes, comme sifflets. " Odyssée moderne d'une noirceur totale, Le quart relate les errements d'une embarcation sans âge, en route vers la Chine. Cercueil flottant, le cargo et son équipage voguent sans cesse vers d'autres ports, d'autres maraudages, d'autres bordels et d'autres putains. Entre deux escales, les marins grecs qui se trouvent à bord nous livrent sans pudeur leurs misérables existences ; ils ressassent leurs aventures, leurs amours, leurs échecs, avec une amertume et une mélancolie abyssales. Chef-d'oeuvre publié en 1954, le roman du poète grec Nikos K'avvadias parle de l'absurdité humaine mais aussi et surtout de la mer, ce lieu mythique que, de Conrad à Cendrars, nul n'a si bien décrit que lui.
Prendre le quart sur un navire, c'est rejoindre la passerelle dans la nuit et faire partie de l'équipe qui va observer la bonne marche du navire, son cap, sa gîte par gros temps et les autres navires présents sur la même route. C'est là que dans l'obscurité les hommes se parlent, échangent parfois ce qu'ils ne diraient pas en pleine lumière. Le Quart est un espace de marins, d'hommes aux mille histoires, pas toujours glorieuses mais symptomatiques d'une vie dans les ports et en haute mer.
Le roman (unique) de Nikos Kavvadias nous raconte cet espace discret et magique où les histoires prennent corps pendant quelques minutes, sans jamais vraiment atterrir et en laissant un goût d'amertume et de nostalgie parmi les marins en poste. A partir d'un moment il n'y a plus vraiment d'officiers ni de matelots ni de pilotins, mais des hommes dans un temps arrêté. La passerelle devient alors le théâtre des femmes perdues, aimées, détestées mais jamais oubliées.
Le Quart est un superbe roman, d'une poésie rude comme une aussière tendue. Surtout ne pas sauter la non moins superbe préface d'Olivier Rolin, petite anthologie de la littérature maritime.
Je ne déconseillerai jamais un livre, par principe. Pourtant je peux difficilement dire que j'ai apprécié celui-là. Incompréhensible à partir de sa deuxième partie, je me suis accroché pour le finir. L'auteur est un poète, peut-être ne suis-je simplement pas rentré dans son univers.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !