"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Des ministres et un Président qui annoncent des réformes mais n'arrivent pas à les faire appliquer.
Des enseignants qui font faire des dictées en cachette. Le CAPES accordé à des candidats qui n'ont pas eu la moyenne... Pourquoi ne fait-on rien ? Pointant du doigt l'impossibilité des réformes en France, Sophie Coignard met à nu l'Education nationale et l'engrenage infernal qui mène l'école à la ruine.
Quand le ministre de l'Education Gilles de Robien, conscient des ravages causés par la méthode globale d'enseignement de la lecture, décrète le retour officiel de la méthode syllabique, il déclenche un tollé, la machine Education Nationale se grippe et reste braquée sur la solution bâtarde de la méthode mixte qui, telle le pâté d'alouette, comporte un cheval de global pour une alouette de syllabique. Quand Luc Chatel veut en finir avec les RASED, ces réseaux d'aides spécialisées aussi discriminants que contre productifs, le mammouth freine des quatre fers et la défaite du ministre est presque aussi complète que celle de son collègue...
« Le pacte immoral » est une enquête effectuée sur le fonctionnement de notre système éducatif par Sophie Coignard, grand reporter à l'hebdomadaire « Le Point ». A l'instar de la pléiade de bouquins publiés sur le même sujet, le constat de celui-ci est aussi terrifiant que décourageant. De plus en plus mal classée dans les études PISA de l'OCDE, la France, qui consacre son plus gros budget à l'Education, se retrouve au fin fond du classement des pays développés, aussi bien en efficacité qu'en réussite. Et pourtant tous les hommes politiques de droite comme de gauche n'ont cessé de proclamer qu'ils voulaient faire de l'Education la priorité des priorités ! On se demande ce qu'il serait arrivé si elle avait été le cadet de leurs soucis ! En sous-titrant l'ouvrage : « Comment ils sacrifient l'éducation de nos enfants », l'auteur annonce tout de suite la couleur. Il y a bien une volonté de dévoiement, de perversion sous prétexte d'égalité des chances, de non discrimination et autres sornettes du même tonneau. Depuis plus de 40 ans, en voulant la réformer, les puissants détruisent l'école de la République en se gardant d'ailleurs bien d'y placer leurs propres rejetons. Pour ces « héritiers », du solide, du sérieux du traditionnel, pas de méthodes fumeuses, d'éveil transversal et autres sensibilisations ludiques sorties des crânes d'oeufs des pédagogistes disciples de Meyrieu. Le livre regorge de faits avérés qui sont autant de condamnations sans appel. Il se termine par cette constatation : il suffirait de peu de choses pour que ça fonctionne. Oui, sans doute, beaucoup de courage politique et un grand nettoyage pour se débarrasser de tous les Diafoirus jargonnants et autres malfaisants qui pantouflent dans les hautes sphères. Là, d'ailleurs, réside une certaine faiblesse du livre. Sophie Coignard se cantonne un peu trop aux couloirs du ministère, aux magouilles diverses et variées, aux tractations et tripatouillages entre décideurs, hauts fonctionnaires et syndicalistes. Elle aurait pu donner un peu plus la parole aux soutiers et aux galériens, ces enseignants du terrain qui, la plupart du temps, en trichant avec les instructions délirantes, arrivent envers et contre tout à maintenir à flot ce radeau de la Méduse pris de folie. Pour en savoir plus sur la réalité du terrain, lisez plutôt Le Bris « Et vos enfants ne seront pas lire... ni compter » ou Viallet « Le mammouth m'a tuer ». Des témoignages, des vrais.
L'auteur, journaliste, infiltre pendant un an le système éducatif. Du ministère aux salles de classes, elle passe tout à la loupe, interroge, analyse...... Le constat est affligeant, l'école est en naufrage. Elle sort de son rôle fondamental, celui des apprentissages fondamentaux. "tous illettrés dans 10 ans" (pour plagier Attali "tous ruinés dans 10 ans") Entre "L'école du crétin" (je ne sais plus le nom de l'auteur), vu de l'intérieur du système et "le pacte immoral", vu de l'extérieur, le constat est le même : le niveau baisse, l'écart se creuse. Et si tout était voulu ?
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