"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dès 1970, la Stasi et les garde-frontières bulgares montent une opération pour arrêter tous ceux qui tentent de fuir le bloc communiste. Opération qui sert également à assassiner des opposants politiques au régime...
En 2011, dans un immeuble abandonné de Berlin squatté par des Roms, on retrouve le cadavre atrocement mutilé de Frank Derbach, employé aux archives de la Stasi.
Au même moment, Gerhard Samuel, photo-reporter, meurt dans d'étranges circonstances à Sofia, où il enquêtait sur la mort d'un de ses amis, disparu en 1980 à la frontière entre la Bulgarie et la Grèce.
Kowalski, le commissaire chargé de l'enquête berlinoise, est rapidement écarté au profit de la police fédérale et des services secrets. Mais Kowalski est un rebelle et il décide de poursuivre ses investigations discrètement, aidé par la belle-fille de Gerhard. Ce qu'ils vont découvrir pourrait mettre en cause un homme politique allemand très en vue...
Opérations secrètes, chantage et vengeance personnelle s'entrelacent dans ce roman à mi-chemin entre "noir" et roman historique, qui entremêle habilement réalité et fiction.
Traduit du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka-Dewez.
J’avais découvert l’écriture de Magdalena Parys il y a un peu plus d’un an avec 188 mètres sous Berlin. http://www.evadez-moi.com/archives/2017/09/07/35653376.html
Elle nous amenait à l’époque où Berlin était encore coupée en deux par le Mur. Elle nous montrait l’autre côté, ses habitants, la vie derrière cette muraille.
J’avais beaucoup aimé.
Dans le Magicien, Magdalena Parys continue de parler de cet autre côté, un peu plus tard, avant la chute du Mur.
Elle nous explique ce qui s’est passé, notamment à la frontière Bulgare alors que des hommes tentaient de franchir cette ligne qui leur permettrait de rejoindre l’Ouest dans l’espoir d’une vie meilleure. C’était sans compter la répression… Elle nous montre combien le racisme et l’antisémitisme sont encore bien présents.
La Stasi était la police « politique » de la RDA (République Démocratique Allemande – ex-Allemagne de l’Est). Elle traquait tous ceux qu’elle jugeait comme opposants au régime, les intimidait, les emprisonnait et abattait tous ceux qui tentaient de fuir à l’Ouest. Elle était composée de policiers, d’anciens militaires nazis et d’informateurs (espions, délateurs, etc…)
Seul un grand homme est capable de convaincre et d’entraîner des foules entières derrière lui, quelqu’un d’authentique dans tout ce qu’il entreprend, de totalement dévoué. Mais seul un génie, dépourvu de toutes ces qualités, peut mentir de façon aussi persuasive.
A sa dissolution, ses archives furent récupérées en partie par la CIA.
Dans le Magicien, l’auteure nous présente un vieil homme, Siedel, dont les deux fils ont été abattus à la frontière bulgare alors qu’ils tentaient de passer à l’Ouest. Il a voué sa vie à constituer, lui aussi, des archives, sur tous les disparus à Sofia ou dans ses environs et dont la mort est imputée à Christian Schlangenberger.
Vers la fin des années soixante-dix, une série de disparitions avait ainsi été programmée. La procédure, toujours la même, s’inspirait des bonnes vieilles méthodes, maintes fois éprouvées. Elle s’appliqua à vingt-sept opposants tchèques, polonais et hongrois. […] Chaque opération était soigneusement planifiée et devait être menée à la perfection. Pas plus d’un « malheureux accident » par ville. Les témoins éventuels, extrêmement rares, étaient liquidés.
Cette fois encore, elle confie la tâche de nous raconter des faits réels au travers de personnages fictifs et d’une enquête policière et d’espionnage totalement maîtrisée avec une conclusion vraiment inattendue.
Une plume toujours aussi belle pour décrire des événements très sombres, des personnages poignants qui donnent corps et âme à ce roman, Magdalena Parys affirme ici un style plus affirmé avec des scènes assez violentes qui n’étaient pas forcément présentes dans son précédent roman.
Si j’avais aimé 188 mètres sous Berlin, l’auteure m’a définitivement conquise avec Le Magicien. C’est un grand polar qui, en plus d’être énormément prenant, vous apprendra quelques détails de l’histoire européenne qu’on n’apprend pas dans les livres d’histoire.
Comme toujours, Agullo a su trouver un texte qui allie beauté des mots, intrigue passionnante et enseignements pour tous.
http://www.evadez-moi.com/archives/2019/01/17/37023225.html
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