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En décembre 1847, Baudelaire écrit à sa mère : " À partir du jour de l'an, je commence un nouveau métier - c'est-à-dire la création d'oeuvres d'imagination pure - le Roman. Un projet qu'il a vite laissé tomber. En décembre 1861, au moment où il se présente à l'Académie française, Baudelaire revient à son idée de faire un roman, mais cette fois-ci un ouvrage de pure bouffonnerie, au sujet des humiliations subies pendant ses visites académiques. Il ne l'a jamais écrit. Mais ce roman existait dans les archives, comme une sculpture dans son bloc de marbre. Le voici, tissé avec les mots du poète, de ses amis, et des Immortels. Une nouvelle manière de lire l'oeuvre et une autre façon de comprendre deux institutions : l'Académie française, et Charles Baudelaire, auteur des Fleurs du mal, le livre le plus édité et le plus traduit au monde, hormis deux ou trois livres sacrés.
L’ignorance de la poésie est un remords qu’entretiennent des lectures périphériques. Baudelaire ! « Le charivari », le dandy, dernier romantique et primitif d'un art nouveau (comme le disait Cézanne de sa peinture). A son enterrement : « - Qui était ce jeune homme ? On dirait un poète. - Oui, c’est un poète, un vrai parnassien, qui a récemment publié son premier livre, Poèmes saturniens. Il a bien choisi son dieu. Il s’appelle Verlaine. Paul Verlaine. On dit déjà que c’est lui qui fera de « baudelaire » un adjectif. »
« Et sur la bière où gît mon rêve pourri
Beugle un De Profundis sur l’air du Tradéri. »
Mais revenons aux Immortels. Sur un conseil de Sainte-Beuve, Baudelaire se présente à l’Académie, au fauteuil de Scribe « le plus grand négrier de la littérature française » , non, à la réflexion à celui de Lacordaire « le prédicateur romantique ». Il faut rendre des visites protocolaires, Baudelaire dispose d’un cahier de cuir noir où figure le panégyrique des 40, complété d’un commentaire manuscrit : « Broglie, à éviter père et fils », « Guizot, à éviter comme la peste », « Hugo, impossible [en exil] », « Mérimée, une porte hermétique ». La visite au vieux Vigny est chaleureuse, Lamartine est plus distant. « Victor Cousin, horreur », « Villemain [secrétaire perpétuel], merde », etc. Il n’aura pas une seule voix mais aura pris des notes pour ne pas écrire « Le livre bouffon » ; 150 ans après Allen S. Weiss - essayiste franco-nippo-américain en fait son premier roman. C’est léger, instructif, parisien, brillant. Le prochain « Livre du bouffon » pourrait être celui du fraîchement élu François Weyergans mais aucun académicien n’a encore osé l’exercice de son vivant.
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