"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« C'est à nous, et à nous seuls, qu'il revient de réfléchir, d'analyser et de prendre des risques pour rester libres. Libres de nous engager et d'être ce que nous voulons. C'est à nous, et à personne d'autre, qu'il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire avec force, pour couvrir le son des couteaux sous nos gorges.
À nous de rire, de dessiner, d'aimer, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustration - en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et des intellectuels qui sont les héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot. » Ainsi plaide Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Procès intellectuel, procès historique, au cours duquel l'auteur retrace, avec puissance, le cheminement souterrain et idéologique du Mal. Chaque mot pèse. Chaque mot frappe. Ou apporte la douceur, évoquant les noms des disparus, des amis, leurs plumes, leurs pinceaux, leur distance ironique et tendre.
Bien plus qu'une plaidoirie, un éloge de la vie libre, joyeuse et éclairée.
Quelle plaidoirie !
Si vous voulez le temps d'une plaidoirie comprendre les enjeux de ce procès, des valeurs à défendre, lisez le !
Très bien écrit. En le lisant, j'avais l'image de ce brillant avocat avec sa voix
J'ai beaucoup appris, j'ai pris conscience aussi - et je pense que c'est le point le plus important
Ne passez pas à côté
Lire ce très court essai de Richard Malka après la lecture du magistral V13 d'Emmanuel Carrère, aura été pour moi comme un tout.
C'est surtout après avoir lu la très séduisante critique de notre babélionaute YVAN, que ma décision avait été prise. Critique tellement édifiante que j'aurais presque envie de m'arrêter là. Mais y laisser juste quelques phrases, me démange.
Richard Malka, contrairement à Emmanuel Carrère, se positionne, transcrit ses émotions, ses ressentiments sans autre filtre que le respect du lecteur.
Il a été, entre autre, un des avocats du procès de l'attentat de Charlie Hebdo. A ce titre il a connu toute la genèse de ce carnage et peut se permettre de nous livrer ses vérités.
D'entrée de jeu il nous pose une bonne question "A quoi de plus devons nous encore renoncer pour les islamistes ?". le blasphème n'est qu'un prétexte que les mensonges, la barbarie et la fourberie des responsables islamistes ont utilisé contre la France.
Il donne une lecture du prétexte qui m'a interpelé car je ne l'avais jamais vue ainsi . L'Autriche en quoi a-t-elle méritée un attentat alors qu'elle est le pays par excellence où le blasphème est banni ? Et les attentats au Mozambique, au Nigéria, au Mali à Boko Haram où les musulmans ont été égorgés, décapités, impensablement torturés ? Etc .
Tout le long du livre il étaye ses arguments par des faits horribles, ceux avec lesquels les responsables religieux (entre autres ceux de la mouvance des Frères Musulmans) nous baladent ; nous baladent non seulement nous, mais aussi les leurs. Ce jeu de fond amplifiant la réalité qu'ils utilisent inlassablement sans que rien ni personne ne les arrête (ex la sale démission imposée à un directeur de presse de France Soir par un franco-égyptien - au Danemark ...).
L'auteur, en de très courtes phrases, nous livre également une belle culture de fond en convoquant des intellectuels qui ont comptés : Rousseau, Diderot, Clémenceau, mais aussi les oeuvres auxquelles certains ont dû renoncer en son temps - Mohamet de Voltaire, l'Idomédée de Mozart ...
A chaque fois c'est la fanatisme qui est décrié, pas la religion. Et ça c'est fort et respectueux en soi.
Tout le monde va être pointé, du pape aux dirigeants politiques, les "crimes de complaisance active". Et c'est aussi cette lecture des faits et actes qui donne toute sa valeur à cet essai. J'y ai découvert des tonnes de faits et de réalités que je ne connaissais pas, que ce livre m'aura aussi rappelé une chose " ne juge pas trop vite car tu ne sais certainement pas tout" .
Bref, un petit bijou tout en force mais tout en retenue aussi.
Auteur à suivre.
« À nous de rire, d’aimer, de dessiner, de lire, de jouir de toutes nos libertés, de vivre la tête haute face à tous les fanatismes. »
Cette phrase imprimée sur le bandeau du livre que je viens de refermer, Le droit d’emmerder Dieu, est suffisamment éloquente et m’a encouragé à lire la totalité de la plaidoirie de Richard Malka, avocat de la personne morale Charlie Hebdo.
Richard Malka qui est aussi écrivain, met ici en lumière les idées que l’on a voulu assassiner et enterrer le 7 janvier 2015. Patiemment, à la fois émouvant et précis, il retrace l’histoire des caricatures sans oublier de refaire vivre celles et ceux qui ont été lâchement assassinés à Charlie Hebdo, sans oublier de rappeler l’odieux attentat de l’Hyper Cacher.
Son histoire des caricatures est à lire absolument pour balayer toutes les inepties entendues depuis leur publication par le Jyllands-Posten, journal danois, le 30 septembre 2005. Elles avaient été publiées aussi en Égypte le 17 octobre suivant, dans Al-Fagr, en plein ramadan sans la moindre réaction des autorités religieuses et gouvernementales. Ce n’est que deux mois après qu’une véritable escroquerie met le feu aux poudres. Des imams danois, soutenus par les Frères musulmans et les salafistes lancent véritablement la polémique en ajoutant trois caricatures venant des suprémacistes blancs américains, caricatures jamais publiées par le Jyllands-Posten.
La mystification puis la récupération politique permettent à l’Organisation de la conférence islamique de saisir l’ONU pour demander d’interdire le blasphème. Le monde cède devant l’obscurantisme. Chirac, Clinton, Annan appellent alors à plus de respect pour les sentiments religieux !
Chez nous, France soir publie les douze caricatures du journal danois puis Charlie Hebdo, sept jours plus tard. C’est alors qu’un engrenage infernal est lancé puis soutenu voire encouragé en France par hommes et femmes politiques de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, certaines, certains en responsabilité à des postes ministériels.
Richard Malka, dates et noms à l’appui démontre tout cela calmement et avec précision. Il n’oublie pas de faire l’histoire du blasphème, un délit supprimé en France dès 1791. La liberté de la presse sera acquise un peu plus tard, en 1881.
Richard Malka n’oublie pas de retracer l’histoire de Charlie, citant Cavanna, Choron, Coluche, Philippe Val, Cabu, Wolinski, Gébé, Renaud, Siné, Joan Sfar, Jul, Riad Sattouf, Catherine Meurisse, Caroline Fourest, Corcuff, Polac, Elsa Cayat, Honoré, Charb, Tignous, Bernard Maris… et j’ajouterai Philippe Lançon terriblement blessé lors de l’attentat. Chaque semaine, je le retrouve dans Charlie Hebdo. J’apprécie ce qu’il écrit et j’admire son courage.
Richard Malka parle aussi de religion et ses propos sont d’une évidence qu’il est nécessaire de rappeler sans cesse pour ne pas tomber dans l’obscurantisme.
Il démonte aussi l’affirmation « religion de paix » en rappelant les millions de morts causés par le fanatisme religieux, qu’il vienne de n’importe quelle religion : « Les religions ont structuré l’humanité en lui apportant une morale, mais elles peuvent aussi conduire au pire. »
Ce livre, ce document, ne compte que 91 pages mais il faut le lire et le relire si l’on veut que l’exactitude et la raison s’imposent enfin.
J’ajoute qu’une chronologie des événements, de 2004 à 2022 a été judicieusement ajoutée et qu’il est utile de s’y référer.
Depuis, un procès en appel a eu lieu, en octobre 2022, et Richard Malka a plaidé à nouveau et cette plaidoirie a été publiée le 4 janvier 2023, sous le titre : Traité sur l’intolérance (Grasset). À lire aussi !
Chronique illustrée à retrouver sur https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/04/richard-malka-le-droit-d-emmerder-dieu.html
« Le droit d’emmerder Dieu » (j’adore ce titre) aurait pu être sous-titré « un éloge du blasphème ». Ce texte de 96 pages est la transcription de l’intégralité de la plaidoirie de Me Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, au procès des attentats de janvier 2015 à Paris.
Une primeur, en quelque sorte, puisque lors du procès qui s’est déroulé en 2020, il avait dû écourter son intervention en raison de divers retards et de la pandémie de Covid.
Plus qu’une plaidoirie, c’est un véritable plaidoyer pour la liberté d’expression qui nous est livré. L’avocat retrace la chronologie des événements qui ont abouti aux attentats de 2015, ceux de Charlie et de l’Hyper Cacher. Il tire ainsi le fil conducteur à partir de l’assassinat de Theo Van Gogh en 2004. Le réalisateur néerlandais avait été tué à la suite d’un court-métrage dénonçant la soumission des femmes dans l’islam. En réaction à cet assassinat, un journal danois a publié quelques mois plus tard les fameuses 12 caricatures du prophète, reprises par Charlie en 2006. Le comble, c’est que ces caricatures en tant que telles n’ont provoqué que peu de réactions au moment de leur publication. Il aura fallu la manipulation criminelle de ces dessins par des imams danois pour mettre le feu aux poudres, et pour longtemps. Lesdits imams ont fait circuler les 12 caricatures en y ajoutant 3 autres, totalement hors contexte, avec pour effet d’amplifier la polémique, de provoquer un scandale international monumental dans la communauté musulmane, et bientôt de déclencher l’ire sanguinaire des extrémistes fanatiques, qui se posent en victimes de l’islamophobie.
Me Malka rappelle alors l’attitude, lâche ou opportuniste, finalement tout aussi criminelle, de certains politiques et intellectuels ou autres personnalités (qu’il cite in extenso) qui s’empressent de reprocher à Charlie d’avoir publié les caricatures danoises et d’ajouter inutilement de la provocation à la provocation, taxant l’hebdo d’islamophobie alors que le seul but de celui-ci était de revendiquer la liberté de la presse. Mais qui, en réalité, ajoutait de l’huile sur un feu à retardement ? Me Malka n’y va pas pas 4 chemins : « Tous ces gens ont une responsabilité. Ils ont fait naître l’idée que les caricatures étaient injustes, que nous étions les ennemis des musulmans, des ennemis livrant une guerre injuste. Et ils nous ont collé une cible sur le dos. […] Tous ont une responsabilité morale dans les crimes commis. Nous n’avons fait qu’exercer la liberté de critique des religions ».
Le droit au blasphème, donc, en particulier, et la liberté d’expression en général, dont il retrace également l’histoire, profondément ancrée dans les valeurs républicaines qui ont émergé avec la Révolution Française, et là aussi, il est limpide (et cela résonne curieusement avec certains aspects de l’actuelle crise sanitaire) : « Les croyances ne peuvent jamais exiger le respect. Seuls les hommes y ont droit. Aucune croyance, aucune idée, aucune opinion ne peut exiger de ne pas être débattue, critiquée, caricaturée. Parce qu’à défaut, on n’accepterait plus de vivre qu’entre personnes pensant la même chose. Et tout débat, toute controverse serait estimée « offensante ». C’est le chemin de l’obscurantisme. Les idées, ça se confronte et ça se débat ».
Plus qu’une plaidoirie, ce texte est la démonstration implacable de « la bêtise de ces tribunes, de ces articles, de ces prises de parole expliquant qu’il serait responsable d’abandonner les caricatures de l’islam pour en faire une religion d’exception ». La bêtise, et la cruauté : à vouloir protéger les « sensibilités » de ceux qui s’estimaient « victimes » de l’islamophobie de Charlie Hebdo (« Ces personnes savent-elles que Charlie a été de tous les combats antiracistes avec SOS Racisme et l’UEJF* […]? »), elles ont transformé les membres de Charlie en victimes sacrificielles d’une vengeance aussi dramatique qu’absurde.
Un texte brillant, intelligent, émouvant quand il évoque les victimes, percutant, amer, qui remet – oserais-je le dire – l’église au milieu du village.
« Le droit d’emmerder Dieu », nécessaire, salutaire, devrait être enseigné à l’école.
*Union des Etudiants Juifs de France
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
#LedroitdemmerderDieu #NetGalleyFrance
Ce livre est la publication intégrale de la plaidoirie de l’auteur, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Richard Malka y revient sur la genèse de la crise des caricatures, retraçant comment une manipulation mêlant vrais et faux dessins a entrepris d’enflammer les esprits dès 2006, comment la plupart des personnalités en vue, politiques et intellectuelles, ont aussitôt cédé du terrain dans des prises de position visant l’apaisement, et comment la réprobation générale a fait de Charlie Hebdo la cible désignée aux exactions que l’on connaît.
Dans une argumentation remontant aux apports fondamentaux des Encyclopédistes et de leur esprit critique au siècle des Lumières, l’auteur s’alarme de nos doutes et de nos compromissions face à la terreur, tandis qu’ils ouvrent la porte à la remise en cause d’acquis aussi essentiels que la liberté de penser, d’objecter, de s’exprimer. Renoncer à critiquer une religion, c’est accepter la mise au pas de la pensée et de la raison, prôner l’inaccessibilité de certaines idées au débat, laisser la conviction s’imposer par la force. Reconnaître la supériorité absolue d’une religion, c’est permettre l’intolérance autant que soumettre l’intelligence, c’est faire le lit de l’obscurantisme et du despotisme : une triste réalité où se débattent bien des peuples aujourd’hui privés de la plus élémentaire liberté, et qui ne devrait pouvoir prétendre mettre un pied dans le pays des Droits de l’Homme sans rencontrer une réaction catégorique, franche et massive.
Alors quand, au nom d’une certaine conception – toute humaine –, de la suprématie divine, les locaux d’un organisme de presse sont incendiés, ses rédacteurs assassinés, un professeur décapité, rester sans réaction, ou pire, céder à l’intimidation d’une quelconque façon, revient à accepter le ver dans le fruit, comme s’il n’allait pas finir par le dévorer tout entier. Une forme de lâcheté dont, appliquée à un autre contexte d’extrême intolérance, celui des années trente, on a vu l’exorbitant prix qu’elle peut mener à payer ensuite…
Richard Malka nous livre un texte pesé dans chacun de ses mots, aussi fulgurant dans son imparable argumentation que touchant dans sa tendresse manifeste pour ses amis de Charlie Hebdo, tués pour quelques traits de crayon symbolisant notre liberté face à l’oppression de l’obscurantisme. Un livre essentiel, à mettre entre toutes les mains, qui ne peut que forcer le respect pour cet homme menacé et contraint de vivre sous protection. Coup de coeur.
Lire cet essai, cela élève.
Richard Malka d'une plume élégante, précise et sans haine, plaide.
Sans concession, il met chacun, chacune, la société, par ses lâchetés qui ont permis que nous en arrivions là, devant ses responsabilités.
Il défend un des honneurs de notre société qui est la liberté d'expression, le droit au blasphème.
Et puis avec affection, il rappelle les combats, les convictions, le courage des disparus.
Il dénonce la tendance de certains à vouloir transformer les victimes en coupables, les bourreaux en victimes.
C'est facile à lire, pédagogue et précis.
En le lisant, je me suis rappelé une citation de Benjamin Franklin : "un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'un ni l'autre et finit par perdre les deux".
Restons vigilant.
Il y a quelques dates dans la vie, dont on se souvient avec précision, de l’endroit où l’on se trouvait et de ce qu’on y faisait…..la fusillade de Charlie Hebdo en fait partie.
Ce dont moi, je me souvenais avec moins de précision, c’est de la façon dont se drame a fini par se produire. L’affaire des caricatures, oui, mais quelle chronologie.
Ce plaidoyer brillant permet de se remémorer les faits et met en évidence « la bêtise » de ceux qui n’ont pas compris le message de départ. C’est violent, idiot et surtout, ça peut se reproduire très rapidement.
Richard Malka, n’est pas qu’un grand avocat, c’est aussi un homme de lettres, érudit et passionnant. Un homme de convictions, prêt à tout pour les défendre.
Merci Maitre.
Un texte indispensable, incontournable, à lire et relire pour ne pas oublier ceux qui sont tombés sous les balles, mais également pour rappeler que la liberté d'expression ne peut être bafouée. M. Malka est un grand homme qui vit son métier comme une mission. Au delà de la puissance des mots, il y a un coeur immense qui bat et une lutte de tous les jours.
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