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Cet ouvrage se place à la croisée de l'anthropologie et de la géographie sociale, analysant le patrimoine culturel et le secteur touristique dans un contexte postconflit. Le cadre d'étude se limite à deux villes, célèbres pour le siège qu'elles ont vécu durant les guerres qui ont meurtri l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 : Vukovar, une ville secondaire de Slavonie, en Croatie orientale, et Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine. Vingt ans après la fin des conflits, des sites sont toujours en ruines, et certains lieux de mémoire sont devenus des symboles incontournables de la guerre, au niveau local comme au niveau international. Si les immeubles détruits, les mines antipersonnel et les impacts de mortiers disparaissent progressivement du paysage, certaines traces sont encore présentes, conservées volontairement ou laissées à l'abandon. En outre, des pratiques - muséales, touristiques, artistiques - participent également à la patrimonialisation de ces conflits, à travers la mobilisation d'objets contemporains de ces événements (la muséification d'un site guerrier) ou par la création d'éléments a posteriori (la construction d'un mémorial). Par une intense mise en mémoire de la guerre, certaines villes en ex-Yougoslavie tendent ainsi à acquérir un statut de martyr, une construction symbolique qui répond à des agendas politiques autant que socio-économiques et qui alimente les conflits de mémoire dans la région.
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