"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchés - tout près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher. Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l'intérieur, paisible, familière. On parle de travail, de projets, de fatigue - pas de psychologie.»
Réminiscence, Philippe Delerm, à l’appui de trente-quatre textes courts, nous relate différentes scènes passées de la vie quotidienne. Que ce soit, par la détention « d’un couteau de poche », de « l’odeur de croissant », de « lire sur la plage » ou de bien d’autres séquences….
Ainsi, l’auteur, avec recul, analyse des tranches de la – de sa - vie quotidienne, avec l’aide des cinq sens, pour revivre –revisiter ?- le vol évanescent et fugace des souvenirs d’autrefois…Tel est « La première gorgée de bière ».
Il ne s’agit là, guère de remords ou de regrets, mais d’un besoin à un moment ou à un autre, d’alentir le temps présent afin de retrouver et de se laisser envahir par sa propre jeunesse, à l’appui de tous petits faits générateurs de bonheur…
Agréable à lire, les textes courts sont parfaitement rythmés et se terminent souvent à la manière d’un haïku. Cependant, je considère qu’il s’agit là, du domaine de l’intime, de l’ égo. Et dans ce cas, doivent demeurer dans le coffre-fort de ses propres souvenirs…
Tout le monde, quel que soit son âge se reconnaîtra dans quelques unes des anecdotes vécues et ne pourra qu'en sourire... Un petit livre tendre sur les plaisirs quotidiens, tellement justes et bien décrits.
Les petits plaisirs de la vie en 30 petites histoires courtes, nouvelles modernes faciles à lire et tellement évocatrices des 5 sens: les odeurs magnifiques, les couleurs chatoyantes, le toucher doux, les sons mélodieux, et les goûts des gourmandises de notre enfance. A découvrir et à offrir!
C'est un ouvrage à offrir à ceux qui "ont perdu le goût" et qui cherchent une piste pour le retrouver . On est dans un petit manuel de la simplicité et de la tranquillité qui nous manque parfois . Un "just have" qu'on peut lire et relire selon les étapes de la vie pour nous rappeler qu'il suffit de se pencher sur le bout de son nez pour voir le bonheur qui parfois est assis ..juste à côté !
Comment est il arrivé à nous faire ressentir toutes ses sensations, une madeleine proust contemporaine. Superbe. Bravo
j'adore cette description de sensations , qui nous évoque forcement des souvenirs de notre enfance
Un délice à lire, qui donne le sourire, se rendre compte des choses simples qui nous entourent et réellement se réjouir des bruits, odeurs, visions qui jalonnent notre quotidien.
A dévorer absolument !!
http://alombredunoyer.com/2015/12/13/la-premiere-gorgee-de-biere-philippe-delerm/
"La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" est un petit récit de 93 pages de Philippe Delerm paru aux éditions Gallimard en 1997.
L'auteur nous narre 34 petits plaisirs de la vie quotidienne sous forme de réflexions instantanées. En effet, chaque "chapitre" correspond majoritairement à une page recto/verso, rarement plus. C'est assez étonnant comme structure et cela m'a demandé un petit moment d'adaptation.
On passe souvent du coq à l’âne d'une page à l'autre: Du couteau dans la poche, en passant par le croissant du trottoir, un banana-split, le journal du petit déjeuner ou la pétanque des néophytes, les thèmes sont aussi divers que variés.
Mais ils ont tous un point commun: une superbe écriture poétique. Quel plaisir de lire chaque page. Tout est simple, fluide, beau... pas besoin de se torturer l'esprit, pas besoin de dictionnaire ou de réflexions intenses, tout est fait pour que le lecteur passe un moment à la fois doux et reposant. Tout coule de source...
"Ce n'est pas ce que l'on dit qui compte, mais ce qu'on entend. C'est fou comme la voix seule peut dire d'une personne qu'on aime – de sa tristesse, de sa fatigue, de sa fragilité, de son intensité à vivre, de sa joie. Sans les gestes, c'est la pudeur qui disparaît, la transparence qui s'installe."
Comme pour les thèmes, on trouve des phrases ou des réflexions fortes où toute la puissance des mots et de la langue française s'exprime.
"On pourrait presque manger dehors...
C'est le "presque" qui compte, et le conditionnel. Sur le coup, ça semble une folie. On est tout juste au début de mars, la semaine n'a été que pluie, vent et giboulées. Et puis voilà. Depuis le matin, le soleil est venu avec une intensité mate, une force tranquille."
Mais aussi des conversations orales d'une partie de pétanque ou d'une conversation familiale; Il y en a pour tous les gouts. On se retrouve dans pas mal de situations. Qui n'a pas par exemple vécu le dilemme de la lecture sur la plage l'été.
"Pas si facile, de lire sur la plage. Allongé sur le dos, c'est presque impossible. Le soleil éblouit, il faut tenir à bout de bras le livre au-dessus du visage. C'est bon quelques minutes, et puis on se retourne. Sur le côté, appuyé sur un coude, la main posée sur la tempe, l'autre main tenant le livre ouvert et tournant les pages, c'est assez inconfortable aussi. Alors on finit sur le ventre, les deux bras repliés devant soi. Au ras du sol, il y a toujours un peu de vent. Les petits cristaux micacés s'insinuent dans la reliure."
Parfois tendre, parfois triste, Philippe Delerm nous fait voyager dans notre passé en nous remémorant des plaisirs minuscules. Ça se lit facilement, simplement... pas dit que j'en garde grand-chose, mais j'ai passé un sympathique moment calme et zen en tournant chaque page de cet opus.
Une lecture estivale ou pour un après-midi d'hiver au coin du feu.
3/5
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