"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai laissé partir mon père sans écouter ce qu'il avait à me dire, le combattant qu'il avait été, le Résistant, le héros. J'ai tardé à le questionner, à moissonner sa mémoire. Il est mort en inconnu dans son coin de silence. Pour retrouver sa trace, j'ai rencontré Beauzaboc, un vieux soldat de l'ombre, lui aussi. J'ai accepté d'écrire son histoire, sans imaginer qu'elle allait nous précipiter lui et moi en enfer... S.C.Une nouvelle fois, Chalandon se montre très doué pour peindre les silences et les non-dits. Alexandre Fillon, Madame Figaro.Chalandon, comme dans ses précédents livres, a l'art de construire un récit avec chaleur et sincérité. Il faut avoir beaucoup lu et beaucoup vécu - travaillé aussi, sans doute - pour écrire des pages aussi belles que celles qui ouvrent ce livre émouvant. Olivier Le Naire, L'Express.
Ma dernière lecture se passe dans ma région, et un certain évènement vraiment tout près de chez moi..
C’est troublant de marcher exactement aux endroits décrits avec précision par l’auteur.
Dans ce roman, un biographe familial va exercer auprès d’un vieil homme au passé héroïque de résistant. C’est sa fille qui veut absolument une trace pérène des exploits de son père. Et c’est son propre père que notre biographe va tenter de retrouver au cours des entretiens...
Sur les thèmes de transmission, secrets, bravoure et horreurs de la guerre, l’auteur nous embarque à sa suite et nous touche....
Un roman qui se lit vite, très beau sur ce que laisse nos pères (héros de la résistance.... Ou pas). Le narrateur un biographe de famille essaie au travers d'un client de démêler le vrai du faux et par la même occasion de refaire l'histoire de son père décédé.
Subtil, délicat et touchant ...le tout servi par une belle écriture !
Entre "Mon traitre" et "Retour à Killybegs", Sorj Chalandon a livré un quatrième roman qui aborde le problème des souvenirs entretenus, enjolivés, transformés au gré de l’auditoire pour peu que celui-ci soit attentif et assoiffé de récit.
Biographe familial, le narrateur se charge d’écrire les vies que ses « clients » lui confient, un système bien huilé qui va cependant se gripper lorsque Lupuline vient lui demander de rédiger les souvenirs de son père, cheminot et résistant à 20 ans.
Dès le début du livre, nous sommes à l’enterrement de Pierre Frémeaux, père du narrateur, né le 14 novembre 1907, déporté avec le convoi du 27 avril 1944. « Son retour de camp, c’était cela. Des résistants en trop, des déportés en plus, une humanité dont on n’a su que faire. » Le père n’était guère bavard et l’évidence est là : « On fait son deuil, mais on ne revient pas d’un rendez-vous manqué. » L’auteur livre là une page admirable, très émouvante.
Commencent alors les rencontres avec celui qui se fait appeler Tescelin Beuzaboc, 84 ans. Rien n’est simple. L’atmosphère est tendue et nous sommes en pleine canicule, à Lille, en 2003. L’homme a du mal à parler de ce qu’il a fait, se contentant de raconter la guerre. Lupuline propose alors ses notes d’adolescente car son père excellait à raconter ses actions d’éclat contre l’occupant allemand.
Peu à peu, le biographe est pris au piège entre ce que l’homme raconte, ce qui s’est passé réellement et ce qu’a vécu son propre père. C’est l’occasion de rappeler des drames comme ces résistants fusillés à Lille, Arras, au fort de Bondues, à Saint-Quentin…
Que faut-il laisser à la postérité ? « Vous avez hérité de votre père sa vérité et moi, je ne veux pas léguer mes mensonges », affirme Beuzaboc. Une fin très digne pour cette Légende de nos pères, un livre très courageux.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un devoir de mémoire
La légende de nos pères était le seul livre de Sorj Chalandon que je n'avais pas encore lu...
Le narrateur Marcel Frémaux est un ancien journaliste devenu biographe familial, qui "rédige la mémoire des autres" en remettant "en ordre les mots des simples gens"; "on me prête une vie et moi j’offre les mots."
C’est un homme seul qui n'a plus de famille, sa mère et son frère sont décédés peu de temps après son père.
Quelques années après l'enterrement de son père (où il y avait 9 personnes et 3 drapeaux), une jeune femme lui demande d'écrire la biographie de son père sur ses actes de bravoure pendant la période où il a été résistant dans un souci de préserver la mémoire familiale. Elle souhaite faire ce cadeau à son père qui est un homme qui a toujours refusé médaille et honneur et a tenu à garder son nom de guerre, Beuzaboc.
Le narrateur va rencontrer Beuzaboc lors d'entretiens d’une heure au cours desquels il va recueillir les éléments pour rédiger son livre, Beuzaboc lui parle de l'aviateur anglais qu'il a caché, du soldat allemand qu'il a tué...
Le narrateur va se retrouver à écrire l'histoire d’un homme qui le renvoie à l’histoire de son père qui est mort sans lui avoir parlé de son passé, c'était "un père sans confidences" qui refusait de répondre à ses questions.
Mais le doute va peu à peu s'immiscer quant à la véracité des faits rapportés par Beuzaboc, ces événements ont-ils vraiment eu lieu? N'était-ce pas seulement des histoires racontées le soir à une petite fille? L'écrivain va rechercher des faits historiques attestant des dires du vieil homme... Ses réflexes de journaliste resurgissent...
Outre la question de la mémoire et de la transmission, ce roman est aussi l'occasion pour Sorj Chalandon de nous parler de son processus d’écriture, d'imaginer le métier de biographe familial, d'évoquer l'émotion qui doit passer avec la personne dont il écrit la vie, une émotion "entre la cordialité et la confiance."
Comme toujours avec Sorj Chalandon, j'ai été immédiatement happée par son récit et éblouie par la finesse de son écriture. Encore un roman superbe, inoubliable...
Le ton est juste et le tout est très émouvant.
Rappelons que Sorj Chalandon a été récompensé par le prix du Style pour son roman Profession du père en 2015.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/08/la-legende-de-nos-peres-de-sorj_23.html
J'ai lu cet ouvrage après "le quatrième mur" et je dois dire que j'ai été un peu déçu. Le sujet de l'héroïsme fantasmé n'est pas sans intérêt mais je trouve que l'auteur reste un peu trop à la surface des choses.
Marcel Frémaux est biographe familial, mais il ne sait rien de la vie de son père, parti sans lui transmettre son histoire, sans lui transmettre ses souvenirs.
En revanche, Lupuline Beuzaboc est une fille qui elle, a écouté depuis sa plus tendre enfance les histoires fabuleuses ou terrifiantes de son père. En novembre 2002, Lupuline demande à Marcel de mettre ses talents de biographe au service de son père, afin que ce dernier puisse se raconter dans un livre, à la veille de ses 84 ans.
Les paroles de Beuzaboc serviront de miroir, et à travers les mots de l’un, Marcel Frémaux va comprendre les silences de l’autre. Marcel suivra son propre chemin, sa propre vérité, et se rapprochera de son père décédé depuis près de 20 ans, pour découvrir à travers des recherches et des découvertes l’homme qu’il était. Mais la vérité des uns n’est pas toujours la vérité des autres.
Ce quatrième livre de Sorj Chalandon, publié en 2009 chez Grasset, est extrêmement touchant et tisse avec grâce les rapports entre Marcel et Beuzaboc, son père temporaire de substitution; lorsque nos pères deviennent légendes, il restera toujours La légende de nos pères. Sublime.
Un écrivain dont le papa a participé à la guerre rencontre ce monsieur qui lui raconte sa vie de résistant, ou plutôt qui a bien du mal à exprimer ce que l'on attend de lui. C'est tout en retenue, en non-dits, seul le dénouement est clair...
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