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La crise des cinemathèques... et du monde

Couverture du livre « La crise des cinemathèques... et du monde » de Raymond Borde et Freddy Buache aux éditions L'age D'homme
Résumé:

Nées, pour quelques-unes, avant la deuxième guerre mondiale en se donnant la mission de sauver les films en péril, puisque l'industrie et le commerce les envoyaient à la destruction en parfaite légalité, les cinémathèques ont pris leur principal essor après 1945.
Elles regroupèrent alors des... Voir plus

Nées, pour quelques-unes, avant la deuxième guerre mondiale en se donnant la mission de sauver les films en péril, puisque l'industrie et le commerce les envoyaient à la destruction en parfaite légalité, les cinémathèques ont pris leur principal essor après 1945.
Elles regroupèrent alors des spectateurs nombreux et passionnés, qui, mécontents de leur éducation bourgeoisement classique, souhaitaient connaître le cinéma que la pédagogie rangeait du côté du plus banal divertissement. Du coup, par la vitalité populaire des ciné-clubs, elles participèrent très activement aux phénomènes de la contre-culture qui s'opposaient aux valeurs somnolentes d'une culture soutenue, de manière intense, par l'officialité.
Les fondateurs individuels de ces collections inédites, jugées dérisoires et que le public, pourtant, apprécia, travaillèrent sans ressources en marge des corporatismes qui dominaient le septième art avec la bénédiction de l'Etat. Mais, au fil des ans, elles gagnèrent une place enviable et devinrent des institutions que les gouvernements se vantèrent enfin d'aider. Les nouveaux directeurs placés par le pouvoir abandonnèrent les fondateurs pauvres (en même temps que riches de leurs trésors partagés) pour devenir d'obéissants fonctionnaires : gardiens au centre de leur musée, ils veillent sur des oeuvres qu'ils restaurent grâce à l'appui des subventions et que de rares amateurs admirent comme les visiteurs de vases grecs sous vitrine, hors du souci de les distribuer comme autrefois.
La télévision, des moyens de communication dont il est malaisé d'appréhender les perspectives, une société qu'emporte une folle évolution, renvoient les cinémathèques au monde en sommeil contre lequel, par magie rassembleuse, elles s'insurgèrent : celui de la culture financée afin d'empêcher tout réveil brutal des consciences.

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