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Une femme qui a longtemps vécu au Caire revoit avec rancoeur cette ville et ces visages qui furent son monde jusqu'à la mort (ou l'assassinat) de son mari.
Cela se passe au Caire, dans les années 1970 et 1980. Helen, Irlandaise, s'est mariée avec Youssef Iskander, rejeton d'une famille copte qui a eu son heure de gloire. Elle a eu de lui une fille, Djehane, mais ne s'est jamais sentie intégrée pour autant. Elle est et restera pour tous "l'Irlandia".
C'est elle qui raconte, reprend, ressasse ses souvenirs, maintenant qu'elle est retournée dans son vrai pays, après la mort de son mari, dépressif, qui a fini par se jeter du haut de l'immeuble. Non sans ressentiment contre Youssef, l'homme qui l'a trompée, contre l'Egypte et sa moiteur, contre le Caire, ville sale, grouillante, mais terriblement prenante, Helen reprend le fil de l'histoire : Youssef qui l'a séduite, les amis du temps où l'on dînait "chez Helen et Youssef", la passion pour les vieux gramophones trouvés chez les antiquaires. Ces souvenirs sont l'occasion d'une suite de portraits : le coopérant français
laissant espérer à son petit ami arabe qu'il l'emmènera en France ; Anastasie, la belle copte bernée par Dimitri qui, derrière les fleurs et les belles paroles, ne voyait que son corps ; Noureddine, dit "le Singe", pauvre petit étudiant que les jeunes Européens nantis font marcher en l'incorporant un moment à leur cercle, pour pouvoir se moquer de lui. Images, sensations et odeurs reviennent lorsqu'il s'agit d'évoquer la "Esbah", une ferme familiale dans le delta du Nil, là-haut près d'Alexandrie, une grande demeure décrépite où Helen aurait pu se sentir bien si elle s'était sentie utile, comme ce jour où elle a sauvé de la mort un jeune fellah, vite renvoyé à son destin de pauvre par la belle famille...
Helen raconte aussi le vieil homme qui les regardait gentiment quand Youssef et elle, jeunes étudiants amoureux, prenaient le bac pour traverser le Nil. Et puis Araby, le boy fidèle et soigneux qui vole tout aussi soigneusement ses quelques piécettes par jour, pour prendre le taxi et "avoir l'air d'un domestique de riche".
Mais reviennent surtout en mémoire les absences mal expliquées de Youssef, la sensation qu'une femme est passée dans l'appartement, quelques coups de téléphone anormaux. Car Youssef la trompait, avec une femme sortie du ruisseau, bien décidée à gravir l'échelle sociale à la force des reins.
Au fil des pages, le lecteur, attentif aux souvenirs-confessions d'Helen, voit se
développer une fresque citadine dans laquelle les destins des personnages s'entrecroisent, à la manière balzacienne. La ville - avec ses rues, ses marchés, ses odeurs, les quais du Nil - est sans cesse présente, comme l'épicentre de ce récit de nostalgie à contresens, puisque fait de rancoeur.
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