Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Quels secrets cache l'ombre du jacaranda, l'arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l'histoire terrible d'un pays qui s'essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l'humanité, paradoxale, aimante, vivante.
Ma chronique : " C’est pas une chanson triste, c’est juste une pause, un temps d’arrêt, Le soleil se couche, Dieu rentre au Rwanda, Le ciel a des teintes mauve jacaranda"
Gaël Faye, une fois de plus, nous montre l'infinie beauté de sa plume que ce soit dans ses romans ou ses chansons.
Le jacaranda c'est cet arbre somptueux aux fleurs mauves qui ombrage les jardins et enferme les secrets des hommes.
A travers l’histoire de Milan, c'est le parcours tragique de la famille de l'auteur, dévastée par le génocide des Tutsis.
C'est le silence de sa mère, sa mémoire meurtrie que l'auteur tente de percer.
C'est le silence du Rwanda, entre désir de vengeance et besoin de réconciliation, qu'il veut comprendre.
Milan, métis d'un père Français et d'une mère Rwandaise, partage sa vie entre le collège de Versailles et ses vacances dans la maison sur l'île de Ré. Il a 12ans quand la guerre du Rwanda s'invite à la télévision. Pourquoi sa mère n'en parle jamais ?
Qui est Claude, ce jeune réfugié qui passe quelques semaines chez eux en France ? A partir de 1998, 4 ans après le génocide, Milan se rend plusieurs fois au pays de sa mère. Il réalise que le silence prend trop de place dans ce pays, que " le cycle de vengeance est sans fin".
Il retrouve Claude et fait la connaissance de "Sartre" l'intellectuel, grand frère des Mayibobos, ces orphelins de guerre qu'il protège.
Milan assiste aux tribunaux populaires, les Gacacas, qui jugent les génocidaires vers les années 2000.
Près du Jacaranda vivent Eusébie, une amie de sa mère, sa fille Stella et la grand-mère Rosalie, 115 ans et très pieuse. Elle nous raconte qu'après son enfance dans une famille royale, elle n'a plus jamais connu la tranquillité. On apprend les origines des génocides, ces vieilles haines entre Hutus et Tutsis, l'intervention des colons Belges et des pères Blancs et l'exil des Tutsis au Burundi.
Même si les histoires de guerre vous rebutent, ne passez pas à côté de ce livre magnifique. La beauté des paysages, des couchers de soleil sur le lac Kivu, le bleuté du jacaranda et la douceur des mots de Gaël Faye adoucissent la barbarie. L'auteur s'interroge " comment autant de haine a pu exister dans ce jardin d'Eden ?
C'est aussi un livre sur la transmission et la réconciliation afin que ces drames ne se reproduisent plus !
Marteler la porte close du passé
Il y a huit ans j’avais eu le bonheur de rencontrer Gaël Faye pour la sortie de Petit pays. J’avais apprécié ce livre lumineux sur un sujet des plus sombres, le génocide des Tutsi, il y avait de la douceur à faire connaître l’indicible. Dans ce premier roman il avait choisi de raconter à hauteur d’enfant.
Il a parfaitement raison de dire que Jacaranda n’est pas une suite.
Ici le lecteur va suivre l’histoire du Rwanda sur quatre générations et voir comment cette histoire va transformer un adolescent en homme.
La construction est appropriée pour percer le silence autour de l’Histoire de ce pays et faire évoluer Milan, d’adolescent en homme conscient, qui va creuser la question des origines, l’appartenance et ce sentiment prégnant d’être chez soi.
Milan est le fils de Venancia mère rwandaise et de père français.
Une famille ordinaire jusqu’à ce jour de 1994 où le Rwanda s’invite à la table du diner par le biais du journal télévisé.
Milan reçoit le silence de sa mère comme une bombe il s’aperçoit qu’il ne connait rien de ses origines.
Ses parents se séparent et Milan va suivre sa mère pour des vacances dans ce pays inconnu.
« Tu viens ici en touriste et tu repartiras en pensant avoir passé de bonnes vacances. Mais on ne vient pas en vacances sur une terre de souffrances. Ce pays est empoisonné. On vit avec des tueurs autour de nous et ça nous rend fous. »
Il va rencontrer la meilleure amie de sa mère Eusébie et sa fille, la petite Stella, qui est très proche de son arrière-grand-mère Rosalie.
Eusébie œuvre jour et nuit à faire de ce pays un lieu vivable.
« Il faut que Stella et Milan puissent vivre dans ce pays en toute sérénité, en étant fiers d’être rwandais. Pas qu’ils grandissent en rasant les murs et en craignant constamment pour leur vie, comme ce que nous avons connu, toi, moi, et toute notre génération. »
Attitude très différente de celle de Venancia qui n’a de cesse de répéter à Milan « Le passé ne te regarde pas ».
Finalement c’est la quatrième génération qui va nous raconter l’Histoire de ce pays, c’est la force de cette narration.
Sartre est un personnage haut en couleur qui a lui seul montre l’ambiguïté de la folie des hommes, il est Hutu et recueille des orphelins Tutsi.
Claude marqué dans sa chair est l’oncle de Milan, mais ils ont le même âge.
Autour de ces personnes l’édifice qu’est ce pays va s’ériger pierre à pierre grâce à cette jeune génération qui ne veut pas du silence.
Une phrase de ce livre le résume entièrement « L’indicible ce n’est pas la violence du génocide, c’est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout. »
Et j’ajouterai « ici et maintenant ».
Si la violence perdure ainsi que les traumatismes, la mémoire n’est pas un mausolée mais un lien solide pour une réconciliation qui permette de construire pour les générations d’après.
Surtout ne rien esquiver, les faits des uns doivent se transformer en mots pour les autres pour tisser un avenir possible et apaisé.
Gaël Faye avance avec pudeur et élégance, douceur et force, c’est sa marque. Une plume qui souligne qu’il y a des mains armées qui frappent mais aussi des mains vides qui laissent faire, et c’est avec ce matériau qu’il faut composer pour ne pas propager, proroger la haine.
C’est un livre qui ne répond pas à la question, pourquoi la folie des hommes ? Mais c’est un ciment pour construire et dire l’importance de s’emparer de l’Histoire pour les générations qui n’ont pas connu la période, elles peuvent œuvrer pour la paix.
©Chantal Lafon
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J'ai aimé le début de ce roman hommage à la mère, jusqu'au discours de Stella.
Ce discours trop didactique m'a agacé : pourquoi bien tout expliquer au lecteur alors que le narrateur même est dans le flou ?
J'ai eu de la peine pour Stella qui ne peut pas faire correctement le deuil de sa grand-mère et est terrassée par la coupe de son arbre.
J'ai été étonnée par la mère de Stella qui va de l'avant, fait partie du gouvernement, mais ne comprend pas l'attachement au passé.
J'ai été surprise par Sartre qui cache bien son jeu.
J'ai eu de la peine pour Milan, le narrateur, qui ne sait pas parler à sa mère, qui elle refuse de s'attarder sur le passé.
J'ai aimé Claude qui souhaite se venger, s'exile et revient le coeur apaisé.
J'ai été étonnée par la facilité des migrations dans les pays voisins.
J'ai découvert la bière de bananes et les tribunaux gacaca de villages.
J'ai adoré le Palais de Sartre plein de livres, de musiques et de fêtes.
L'image que je retiendrai :
Celle de la maison reconstruite d'Alfred, au bord du lac sous une colline.
Je connaissais l’écrivain que j’aime beaucoup, j’ai découvert l’auteur , compositeur interprète qui m’a bluffé . J’ai découvert l’homme qui m’a séduit ( ainsi que les 399 autres personnes présentes)
L’histoire . Celle de Milan , jeune métis , Rwandais par sa mère , qui découvre le Rwanda au JT de 20 heures via des images du génocide . Génocide dont il n’a jamais entendu parler , sa mère ne parlant jamais de son pays.
Il lui faudra plusieurs séjours au Rwanda sur près de 30 ans pour comprendre l’histoire de son pays , s’approprier ce drame , cette souffrance , ces silences
Et des silences , il y en a beaucoup dans ce pays Celui des survivants , celui des bourreaux , celui de sa mère
Il fera la connaissance de sa grand-mère , retrouvera Claude son demi-frère. Rencontrera Eusébie , sa fille Stella et sa grand-mère En tout 5 générations de rwandais dont les 3 du milieu ont connu les catégories ethniques (Tutsi et Hutu )importées par les européens. Ces 3 générations doivent essayer d’oublier ces catégories. La grand-mère de Eusébie ayant connu un Rwanda pré colonial avec des Roi et des Reines. Stella, quant à elle , née une fois ces catégories disparues, n’est témoin de rien. Elle ne peut qu’écouter . Milan croisera le chemin d’autres personnages tout aussi attachants
Milan participera au procès d’un bourreau. Devant l’insoutenable , il n’aura pas la force d’assister à d’autres
« - Je comprends maintenant pourquoi on dit qu’un génocide est indicible
Tu sais , l’indicible ce n’est pas la violence du génocide, c’est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout. »
Ce roman sonne juste. Il est rempli d’humanité.
Genre : Littérature générale
Avis : PUISSANT
Lu en numérique
Quand un roman invite le Rwanda dans votre vie…
Le Jacaranda est l’arbre fétiche de Stella, à l’ombre duquel elle cache ses secrets. Milan, dont la mère est arrivée en France en 1973, ne les découvrira qu’au bout de plusieurs années. Gaël Faye, à travers quatre générations, raconte l’histoire des tragédies et de la reconstruction économique et politique d’un pays qu’il a quitté enfant.
Retenu pour le Goncourt 2024, ce roman après « Petit pays » permet à Gaël Faye de nous faire approcher ce qu’a été le génocide rwandais et toutes les implications des relations fratricides de communautés obligées de cohabiter. C’est au travers de sa propre famille qu’il fait vivre les évènements et surtout sa propre perception d’un pays qu’il découvre avec sa mère partie vingt-cinq ans auparavant et jamais revenue au Rwanda.
C’est avec la vision d’un jeune homme ayant pris de la distance avec les horreurs du massacre de 1994 que l’on regarde ces villageois ayant commis des atrocités et toujours présents lorsqu’on assiste aux ouvertures des charniers, nous faisant comprendre que tout peut toujours recommencer malgré l’hymne à la vie que chante cette histoire. L’auteur paraît reprendre des éléments du premier livre ; il semble que l’histoire familiale soit un fond de commerce tout autant qu’une connaissance intimiste.
J’attendais un récit terrible et émouvant, j’ai trouvé une trame romanesque trop importante pour le passage d’une vérité que l’on sait atroce et de plus en plus documentée. Ce n’est pourtant pas par manque d’informations car c’est avec simplicité et fluidité que l’auteur déroule les étapes des guerres internes avec des personnages authentiques. L’intérêt réside dans l’après, ces années de reconstruction qu’il explique bien et qui nous laissent entendre que rien n’est jamais perdu.
J’ai voyagé sur les bords du lac Kivu après être passé par Kigali, j’ai découvert les musiques de Cécile Kayirebwa, de Florida Uwera, de Brenda Fassie, et surtout le jacaranda aux belles fleurs mauves, couleurs retenues pour la couverture ; cet arbre qui a protégé Stella.
Si vous me suivez, vous savez que je cherche mon livre « Goncourt ». Ce ne sera pas non plus celui-ci. Il n’y a toujours pas la différence que je recherche.
Je remercie #NetGalleyFrance et les Editions Grasset pour #Jacaranda
Magnifique texte sur les racines abimées d'un pays. Sur les sols brûlés renait la vie à un moment donné. En attendant, reste l'odeur des plaies béantes et la magie envers et contre tout.
Dans son nouveau roman, Gaël Faye aborde l’histoire du Rwanda avec plus d’ampleur et de personnages que dans Petit pays. L’auteur nous emporte dans une histoire qui s’étale sur plusieurs décennies, mêlant plusieurs générations et imbriquant l’histoire d’un pays avec celle d’une famille. Milan, le narrateur, en apprendra autant sur sa famille que sur le Rwanda.
En 1994, au moment où s’ouvre le roman, Claude, adolescent, ne connaît du Rwanda que les quelques images diffusées à la télévision. C’est une vision très européenne sur l’Afrique qui s’offre à lui. Milan se lance donc dans un exercice de nuances et de compréhension. Milan est notre guide dans ce roman très riche en informations et que Gaël Faye a construit comme une découverte très didactique. Petit à petit, nous accumulons des éléments pour aborder le pays mais surtout son histoire. Ce roman se veut romanesque, maniant le temps et l’humain. Il se déploie sur plusieurs années, montrant la maturation de certains événements dans le pays (l’exemple des gacaccas et le besoin de pardonner aux voisins) et la prise de conscience des personnages face à cette Histoire. Comment vivre ensemble ? C’est la question qui habite chaque être. Les tourments vécus montrent la profondeur des plaies, chez ceux qui sont partis en exil, ceux qui ont survécu, ceux qui ont été pris dans cette violence aveugle et acharnée.
Les multiples personnages permettent de composer un paysage complexe et Gaël Faye parvient à mêler les destins, à croiser les énergies de ces êtres. Il y a du mouvement dans ce livre, il y a une envie de transmettre et d’interpeler le lectorat. Ecrire sur l’histoire de la famille devient même un enjeu pour le narrateur. Il veut faire mémoire de ses ancêtres. Mais, à de multiples reprises, le souffle retombe. L’histoire vécue par Milan ne devient jamais une saga. Les personnages sont assez inégaux, les seconds rôles montrant plus d’épaisseur que les premiers – notamment Milan qui s’efface peu à peu au profit des autres.
Il reste la volonté de Gaël Faye de raconter les origines profondes du génocide et de témoigner du poids de cet événement dans les mentalités et la société du Rwanda. Il leur donne des visages et fait ainsi oeuvre de pédagogie.
Très beau roman qui nous permet à peine d'imaginer ce que fut le génocide au Rwanda, de ses origines à ses conséquences... Tout en pudeur mais sans sentimentalisme, Gaël Faye nous entraîne sur les traces des survivants et des bourreaux pour effleurer l'indicible du bout des doigts.
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...