"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le royaume chantéracien est un Paris plus moderne que le Paris baudelairien, un Paris où Hausmann est devenu l'architecte digital d'une grande toile urbaine. C'est la grande ville et « ses flots de lumière », son métro, sa foule de passants, Notre-Dame, Pigalle et l'Opéra Garnier. Mais un royaume plus moderne que moderne, c'est aussi un royaume virtuel où l'on sent les portables vibrer pour signaler un appel ou un sms. Un « cyberespace », entre « clavier »,« souris » et « écran (plasma) », s'ouvre en quelques « clics ». Ce sont les « salons de discussion en ligne », les « blog[s] » et « tchats » où se rencontrent « pseudos » et « profils » sous le règne des « décibels », des « bauds », des « mégahertz » et des « pixels », bref des salons où les « rayons des supermarchés à consommation » regorgent de « braderies », de « ventes aux enchères » de corps féminins en promotion, d'« océans de silicone ». Tout au long du recueil, le poète oscille entre l'absence d'un Dieu, le doute, sa présence, comme en témoigne tout le vocabulaire religieux dans l'ensemble du recueil, pour finalement le refuser corps et âme : « je serai ce chien, cet impie qui refusera de se soumettre à quelques lois divines que ce soit ». Or, il est Dieu en son royaume. En blasphémant et en refusant Dieu, il s'annihile. Il devient le 'hors dieu' pour bâtir un nouveau palais et créer un nouveau royaume.
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