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Home movie

Couverture du livre « Home movie » de Suzanne Joubert aux éditions Solitaires Intempestifs
Résumé:

On peut imaginer un espace comme laissé en plan. Une sorte de lieu, témoin d'une chose en cours, pas fi nie, ou pas encore commencée...
Un espace occupé par un groupe de gens composé du nombre de personnes que l'on veut : deux ou davantage. Des hommes et des femmes d'âges divers. Ils sont là,... Voir plus

On peut imaginer un espace comme laissé en plan. Une sorte de lieu, témoin d'une chose en cours, pas fi nie, ou pas encore commencée...
Un espace occupé par un groupe de gens composé du nombre de personnes que l'on veut : deux ou davantage. Des hommes et des femmes d'âges divers. Ils sont là, tous, juste pour faire ce qu'il y a à faire. Ils parlent du bonheur d'être là, des atouts de l'endroit, de l'été infi ni, de porte fermée, de vue incomparable, du rôle qu'ils ont à tenir, de valises pleines, de murs infranchissables, de prévisions, d'enfants qui font les pitres, du plancher qui vibre, d'Indiens qui guett ent... Ils parlent du dedans. Et puis ils parlent du reste.
Le reste c'est la porte ouverte et le seuil. Et juste au-delà du seuil... le dehors : la forêt, les bourrasques, les fantômes, les léopards et surtout, surtout : les Voisins. Ces Voisins indéfi nis et indéfi nissables. Ces Voisins, ces autres qu'eux-mêmes, envahissants, eff rayants, menaçants...
L'histoire de simples peti ts humains sans histoire, en somme, qui ti ennent leur rôle, qui ti ennent leur place, malgré un plancher incertain.
Ils tentent de mett re des mots sur ce qu'ils sont, sur ce qu'ils ont, sur la place qu'ils occupent, alors qu'à l'évidence ils savent qu'ils ne maîtrisent plus rien. Ils sont totalement dépassés, vulnérables, confrontés à une réalité visible qui ne correspond pas à leur discours. Ils en « ont le droit ». Alors face au drame qui les menace, ils unissent leurs voix pour dire sans rien dire. Ensemble, ils se rassurent, « derniers du genre humain », coupés de l'extérieur, dont ils perçoivent les bruits et les ombres. Ils échangent ce qui paraît pour eux des évidences, des constats. Mais ces constats évidents (pour eux) se transforment peu à peu en fermeture totale, en refus de l'autre, du diff érent, de l'étranger. Alors le banal devient le pire et par glissement et l'air de rien, le racisme ordinaire s'insinue peu à peu.

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