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Les transports, parents pauvres des discours et des programmes politiques, auront rarement autant été sur le devant de la scène publique qu'en cette année 2018. Leur libéralisation, inscrite dès les textes fondateurs de l'Union européenne et depuis lors patiemment orchestrée en France dans l'ensemble des secteurs d'activité, prend aujourd'hui une intensité particulière avec les annonces du gouvernement sur l'ouverture programmée à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs.
Un profond bouleversement est donc engagé « en marche forcée » dans l'un des derniers bastions du service public à la française. Il faudrait « réformer » la SNCR, au nom d'une supposée « amélioration de la qualité de service » pour l'usager que la concurrence serait supposée apporter. Ce mantra répété à l'envi dans les médias participe de l'économie du « nouveau monde » que le président de la République s'attache à incarner en faveur de la « mobilité du futur » - le futur de « ceux qui réussissent » contre celui de « ceux qui ne sont rien » ?
Mais que se joue-t-il réellement derrière ce vocable aseptisé propre à convaincre tout un chacun ? Que révèle-t-il des dernières transformations du capitalisme et que porte-t-il comme conséquences pour notre modèle de société ? Défendre le service public du rail ne revient-il pas encore, comme l'affirmait Pierre Bourdieu en 1995, défendre une civilisation construite autour des droits sociaux et des valeurs d'égalité ?
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