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Montpellier, 1894 : deux jeunes filles russes s'inscrivent à la faculté de médecine. Exactes contemporaines de Marie Curie, elles connaîtront elles aussi un destin exceptionnel.
L'auteur rend hommage à ces deux pionnières, à qui aucun livre n'avait encore été consacré : Raïssa Lesk, la mère de Joseph Kessel, qui suit son mari dans la première colonie juive d'Argentine. Et Glafira Ziegelmann, première femme admissible à l'agrégation de médecine, interdite d'oral, car c'était une femme.
Leur point commun ? Elles venaient d'Orenbourg. Deux parcours, contrastés et révélateurs de la condition féminine au tournant du 19e siècle, racontés avec sensibilité et érudition.
Une biographie qui se lit comme un roman.
"Aujourd'hui, 16 avril 1894, c'est simple, le nom est court. Lesk. Une syllabe. Plus simple que Ziegelmann avec un e. Le prénom lui est totalement inconnu : Raïsa, un s, deux s ? Trop tard, ce sera un s. Il ne va pas raturer une nouvelle fois. Glafira Ziegelmann était née à Orenbourg, ça c'était facile, Raïsa ou Raïssa Lesk va devoir lui épeler lentement cette ville russe dont il n'a jamais entendu parler : Po no ma rev ka. Heureusement, elle parle assez bien français, comme Glafira Ziegelmann d'ailleurs. Se connaissent-elles ? Il jurerait que oui." Préfacé par le Professeur Michel Mondain, Doyen de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes, qui inaugurera l'amphithéâtre Glafira Ziegelmann pour les 800 ans de la faculté.
Elles venaient d’Orenbourg raconte l’histoire de deux étudiantes russes venues étudier la médecine à Montpellier. L’une donnera naissance à Joseph Kessel, l’autre sera la première femme admissible à l’agrégation.
Si vous me suivez, vous savez que forcément ce type de sujet me parle. Il n’y pas eu d’exception : j’ai aimé découvrir le destin de ces femmes qui se sont fait une place là où on ne les attendait pas, et qui par leurs combats, alors qu’elles ne s’en rendent d’ailleurs pas forcément compte, ont ouvert la voie.
J’ai aimé l’aspect historique du texte, le fait que l’autrice reprenne des éléments réels et vérifiés. J’ai aimé découvrir le contexte dans lequel elles ont vécues et étudiées, de la Russie qui interdisait aux femmes de devenir médecins à la France qui, par les études suivies au lycée pour filles, empêche les femmes de passer le bac. J’ai aimé le caractère des deux personnages, différents mais avec de fortes convictions.
J’ai toutefois trouvé que le style oscillait entre énumérations, notamment au début où on sent que l’autrice a beaucoup de choses à dire, et moments plus épurés, et qu’il y avait beaucoup de narrations différentes (on suit celui qui deviendra l’époux de Raïssa, puis Raïssa et Glafira, leurs lettres, puis un sbire de l’université, on note aussi des interventions d’une voix qu’on devine être celle de l’autrice...) Ce qui m’a un peu déstabilisée.
Si vous vous intéressez aux destins oubliés, n’hésitez pas à aller jeter un œil à la biographie de l’autrice, Caroline Fabre-Rousseau.
En 1894, deux jeunes femmes partent d’Orenbourg en Russie pour la Suisse puis la France. Parvenues jusqu’à Montpellier elles vont s’inscrire à la faculté de médecine.
Ces deux femmes sont Raïssa Lesk qui épousera Samuel Kessel, deviendra la mère de Joseph Kessel et la grand-mère de Maurice Druon, et Glafira Ziegelmann qui sera la première femme admissible à l’agrégation de médecine. Il faut dire qu’en Russie, comme d’ailleurs dans de très nombreux pays à l’époque, les femmes ne pouvaient pas s’inscrire en faculté de médecine ni exercer certains métiers que les hommes réservaient aux hommes.
Toutes deux rêvent de faire médecine, elles doivent finalement s’inscrire à Montpellier pour finir leurs études et espérer pouvoir exercer un jour dans leur pays. Là, elles bravent tous les interdits, étudiantes au même titre que les hommes, elles pratiquent même la dissection de cadavres, rien ne les rebute pour apprendre ce métier qui les passionnent.
Pourtant, leurs destins prennent des chemins différents lorsque Raïssa rencontre Samuel Kessel. Elle se marie rapidement, et abandonne ses études pour le suivre jusqu’en Argentine.
Glafira Ziegelmann rencontre Amans Gaussel, devient médecin puis se spécialise en obstétrique. Son mari, médecin également, et ses professeurs, la poussent à poursuivre ses études et à passer l’agrégation. Mais une femme étudiante, médecin, puis spécialiste, passe encore, mais ces messieurs de l’institut ne peuvent admettre qu’une femme, aussi brillante soit-elle, devienne leur égale ; elle ne pourra pas se présenter à l’oral malgré son éclatant succès à l’écrit. Le difficile chemin des femmes vers une forme d’égalité est particulièrement bien montré ici.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/04/16/elles-venaient-dorenbourg-caroline-fabre-rousseau/
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