Jean Giono serait très fier... Reportage aux Correspondances 2017, pour mieux comprendre le bonheur des lecteurs !
«De l'ardeur» reconstitue le portrait de Razan Zaitouneh, figure de la dissidence syrienne enlevée en décembre 2013, avec trois de ses compagnons de lutte - et à travers elle, le puzzle éclaté de la révolution en Syrie, et du crime permanent qu'est devenu ce pays. C'est le récit d'une enquête et d'une obsession intime, le partage d'un vertige. Une porte d'entrée sur une réalité que l'immédiateté de la tragédie tient paradoxalement à distance. Un questionnement sur l'engagement et sur l'importance du langage. Un texte urgent, nécessaire, d'une justesse et d'une éthique proprement bouleversantes.
Jean Giono serait très fier... Reportage aux Correspondances 2017, pour mieux comprendre le bonheur des lecteurs !
Prix Renaudot, cet essai revient sur le parcours de Razan Zaitouneh, militante des droits de l'homme, dissidente syrienne enlevée en 2013 ; sans nouvelle depuis, elle est probablement morte.
Justine Augier ne connaissait pas Razan et c'est presque par hasard qu'elle s'est intéressée à elle jusqu'à l'obsession.
Nous croisons de nombreux proches de Razan ; sa soeur aînée, sa petite soeur, Wael son mari, Yahya l'ami non violent, assassiné lui aussi et tant d'autres.
Évidement, l'horreur syrienne des islamistes et de la dictature sanglante de Bachar El Assad est au coeur de l'essai.
Plusieurs extraits du récit de Moustafa Khalil qui fut enfermé dans les geôles syriennes sont cités par Justine Augier ; c'est parfaitement atroce.
L'auteure revient sur l'attaque au gaz sarin d'El Assad contre sont peuple et le désarroi, la détresse de Razan qui réalise qu'il n'y aura aucune interventions internationales malgré les promesse d'Obama.
Il est également très souvent fait référence à Michel Seurat, si proche du peuple syrien et otage au Liban ; références qui ne peuvent pas laisser insensibles les lecteurs de ma génération qui ont vu son visage apparaitre tant de soirs à la fin du journal d'antenne 2.
C'est un essai poignant sur une femme de conviction, courageuse, presque habitée qui a payé cher son engagement et son humanité.
Et puis c'est un immense chagrin, pour ses proches et un peu pour nous lecteurs, que provoque ce vide et cette absence depuis maintenant 8 ans.
Un essai vraiment intéressant.
"De l'ardeur", comme l'indique son sous-titre "Histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne", reconstitue le portrait de cette juriste militante des droits humains et opposante au régime de Bachar el-Assad.
Issue d'une famille conservatrice mais dotée d'un tempérament de feu, Razan ne s'est jamais pliée à aucune contrainte : patriarcat, religion, voile, elle n'a cure des traditions et ne jure que par la liberté, les libertés, civiles et politiques, s'insurgeant contre toute forme d'oppression. Très tôt elle se consacre à la défense des prisonniers politiques opposants à Hafez el-Assad, puis de ceux de son "illustre" successeur Bachar, parmi lesquels de nombreux salafistes. A ce titre, le destin, incommensurable cynique, lui jouera un tour terrible, puisque dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013, alors que la Révolution agonise, Razan est enlevée avec son mari et deux de leurs amis, très probablement pas un groupe salafiste opposant au régime de Damas: dans son obstination à lutter contre les oppressions, Razan dénonçait aussi les exactions des milices rebelles.
Depuis cette nuit d'hiver sans lumière, on est sans nouvelles d'eux.
Justine Augier, qui a roulé sa bosse à l'ONU et dans les ONG, notamment au Proche-Orient, n'a jamais mis les pieds en Syrie ni rencontré Razan. C'est au hasard de lectures et de recherches sur la Syrie qu'elle la croise. Interpellée, bientôt fascinée, elle décide d'écrire sur cette femme ardente, hors normes, attirée par son éclat, son courage, son intransigeance. Justine Augier a lu les écrits de Razan, interrogé ses proches et ceux qui l'ont côtoyée, visionné photos et vidéos. Elle mène une enquête et une quête, obsessionnelle, fusionnelle, qui retrace non seulement le parcours et le combat acharné de la militante (qui vaudra à celle-ci les prix Anna Politkovskaïa et Sakharov en 2007), mais aussi toute la tragédie de l'histoire syrienne récente. Elle décrit parfaitement les débuts de la Révolution en 2011, marqués par l'incrédulité puis la joie à l'état pur de redécouvrir la liberté, jusqu'au désespoir le plus absolu; elle met en lumière avec clarté et simplicité les enjeux du conflit et la lâcheté de la communauté internationale qui n'a rien pu, ou plutôt rien voulu faire, les intérêts en jeu ne valant pas les bouts de chandelle que Razan utilise la nuit pour continuer à écrire malgré les coupures de courant. Elle explique aussi sa propre démarche, ses motivations, hésite sur sa légitimité d'Occidentale à écrire sur une Orientale, sur une personne et un pays qu'elle ne connaît pas.
Chronique d'une tragédie interminable, "De l'ardeur", à la fois essai et biographie, est un livre poignant, bouleversant, écrit avec une grande sensibilité. On sent toute l'admiration sans bornes que l'auteure éprouve pour l'engagement (l'entêtement) de Razan, qui représente peut-être son idéal, celle qu'elle aurait voulu être.
Quant à moi, j'admire sans réserve le courage et l'intégrité de Razan, le travail minutieux, la sincérité et l'humilité de la démarche de Justine Augier.
Je réalise que Razan, Justine et moi sommes toutes trois nées en 1977 ou 78. Une même génération, des vies radicalement différentes. A quoi tient un destin ? Je n'aurais pas voulu être à la place de Razan, ni été capable de m'immerger dans sa vie comme Justine Augier, même si j'aurais aimé avoir le courage de l'une ou le talent d'écriture de l'autre. Mon destin était de lire ce livre et de découvrir ces deux femmes, et malgré la tristesse infinie qui transpire de ces pages, cela en valait largement la peine : "Se retourner sur Razan et la façon dont elle a choisi de mener sa vie, sur sa trajectoire libre parce que là se trouve, au creux même du tragique, la possibilité d'une consolation. Regarder Razan et mille fois faire le choix d'écrire [ndlr : de lire] sur elle plutôt que sur un salaud. Quand je ferme les yeux et pense à elle, que son visage m'apparaît, souriant ou non, je me sens soulagée d'appartenir au même monde qu'elle."
Razan Zaitouneh, avocate et opposante syrienne, a été enlevée dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013 en compagnie de son mari Wael Hamada et de deux amis : Samira Al-Khali et Nazem Al-Hamidi à Douma où elle se cachait depuis mars 2011 pour échapper aux forces gouvernementales. Nul ne sait avec certitude qui l’a enlevée, elle dérangeait beaucoup de monde.
Razan Zaitouneh est née en 1977 dans une famille assez traditionnelle et croyante, elle a dû lutter pour devenir comme le dit Justine Augier « une jeune femme libre et laïque ». Devenue avocate, elle s’engage dans la défense des prisonniers politiques. C’est un des membres fondateurs du centre de documentation des violations en Syrie.
Justine Augier s’est intéressée à Razan Zaitouneh en visionnant un documentaire tourné à Douma en 2013. Partant de ce film, elle a interrogé ceux qui l’ont côtoyé, a lu les textes et articles que Razan a laissés. Les témoignages des proches de Razan alternent avec ceux de spécialistes du dossier syrien.
Dans ce livre il y a le fond et la forme. Si le fond ne peut laisser indifférent, je n’ai pas du tout aimé la forme.
C’est un livre confus qui juxtapose les écrits de Justine Augier, des témoignages, des extraits de livres, des écrits de Razan Zaitouneh. Si certains passages ont une topographie différente, on a du mal à identifier les sources. Même si celles ci sont référencées en fin d’ouvrage, elles ne sont pas numérotées et il n’est pas aisé de s’y retrouver.
Justine Augier parle beaucoup trop d’elle, de son compagnon, il ne faut pas oublier qu’elle n’a jamais rencontrer Razan Zaitouneh. Elle aurait dû s’effacer et laisser toute la place à Razan.
Un hommage vibrant à une fervente défenseure des droits de l’homme, a une résistante certainement disparue à jamais dans les méandres de ce conflit sans fin et emplit d’horreur.
Pas de pathos, une juste et nécessaire vérité qui complète plutôt bien les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui. Pour informer, pour lutter contre l’oubli et la banalisation de la situation Syrienne.
Cent fois sur le métier j'ai remis son ouvrage !! et cent une fois je l'ai repris, je crois que jamais, au grand jamais lire un livre ne m'a été aussi insupportable. Pas à cause du sujet, Razan mérite bien un livre, c'est sûr mais pas celui là !! ou plutôt pas comme celui là !!
Comment dire clairement ce que j'ai ressenti au plus profond de moi.. de la sympathie pour Razan, sans plus je dirai car l'auteure est le vrai sujet de cet ouvrage.. elle se met tellement en scène, revient sans cesse sur ses pensées, ses lectures, ses atermoiements, qu'on en oublie presque qu'elle écrit un livre sur quelqu'un d'autre.
A certains moments, je pense qu'elle rédige un livre .. tardif sur Michel Seurat qu'elle cite abondamment, je reconnais qu'il faut penser à lui mais il n'y a aucune comparaison possible entre ce journaliste occidental vénérant l'Orient et qui en meurt.. et Razan qui est une orientale née sous le père Assad et enlevée et sans doute tuée par le fils dans son propre pays.
Pas de chronologie non plus, on saute de 2011 à 2013, et hop 1985.. 2015 Si la narratrice veut nous faire ressentir le chaos.. c'est réussi mais à mon avis, ce n'est pas délibéré !! Pour moi qui corrige des mémoires de mastère..pas de plan, tout est fouillis.. à refaire !!
J'ai cependant apprécié la lecture des traductions des entretiens ou du livre « la coquille », d'ailleurs lors d'une longue citation, je me suis laissée prendre au récit et ..pan !! chute quand l'auteure s'exprime de nouveau avec ses propres mots !!
Certes ce n'est pas un roman mais un document dont les recherches furent nécessairement longues et approfondies. Il est probable pour expliquer ce style si difficile à lire que l'auteure s'est retrouvée à la tête d'un monceau de textes, écrits, ou oraux et qu'elle a eu du mal à faire le tri, à organiser ses idées et à en tirer un plan. Mais je suis sure que l'éditeur pouvait l'aider dans ce travail !!
Justine Augier et Razan Zaitouneh ont le même âge. Et l’auteure, ayant vécu au Liban et en Syrie et ayant eu des velléités humanitaires dans ce pays, auxquelles elle a mis fin devant l’imminence des drames de la guerre, voue une admiration sans borne à l’avocate des droits de l’Homme syrienne, combattante pacifique pour la défense des détenus, fondatrice d’un centre de documentation référence actuelle, instigatrice de manifestations non violentes en Syrie. Justine Augier a donc choisi de s’immerger au plus proche possible dans la vie de Razan, en la suivant à travers les écrits qu’elle a laissés, les yeux et les souvenirs de ses proches, les documents disponibles, pour relater sa vie avant sa disparition en 2013, enlevée avec des compagnons de planque.
Suivre la vie dans la clandestinité de Razan, ses actions auprès des détenus, puis des familles des incarcérés, permet aussi d’assister au déroulement du conflit syrien, enraciné depuis sept ans et ayant conduit au déchirement et à la destruction d’un pays.
On doit reconnaître à Justine Augier un impressionnant travail de documentation et de rencontres : elle a parlé avec tous ceux qui connaissaient et côtoyaient Razan, de près ou de loin ; lu et analysé des récits de prisonniers politiques ; dévoré les ouvrages de références sur Al-Assad et la Syrie ; visionné toutes les images disponibles de Razan pour essayer de décrypter ses pensées. Bien que j’aie apprécié ces recherches, j’ai trouvé la retranscription pas évidente à lire : très descriptive, pas vraiment linéaire, avec des interrogations et surtout trop de justifications de l’auteure qui transparaissent pour mon goût. J’aurais préféré lire une biographie avec une absence complète de son auteure. Pour moi scientifique, ce récit est presque trop littéraire. Un vrai documentaire, une biographie, des faits exposés chronologiquement, auraient plus retenu mon attention et développé mes pensées sur cette femme extraordinaire, sans « interférences » avec l’admiration que lui voue Justine Augier, même si celle-ci est par ailleurs tout à fait compréhensible.
Personne ne pourra rester insensible à la lecture de ce document. C’est non seulement un travail d’enquête, mais aussi un instructif récit sur les méandres du conflit syrien.
Justine Augier a voulu mettre en lumière Razan Zaitouneh, discrète avocate syrienne et militante en faveur des droits de l’homme. Depuis décembre 2013 elle a disparu suite à un enlèvement avec son mari et deux autres proches dans la banlieue de Damas. Sur la base de peu d’éléments, elle retrace le parcours de cette femme atypique, laïque mais qui fonçait tête baissée et sans aucune crainte pour tenter de faire bouger les choses en Syrie, dénoncer l’horreur, sauver des prisonniers et espérer un vent de renouveau.
Si le style d’écriture peut dérouter au premier abord, on serait tenté de la définir comme empirique, on est vite entraîné dans les descriptions de l’auteure et dans sa recherche de vérité. Elle narre, en fait, en fonction de la réalité syrienne : brutale et tranchante. Elle raconte le parcours de Razan Zaitouneh, relate les discours des personnes qui la connaissent, ont croisé sa route, et cherche à savoir si l’avocate est toujours en vie même si les espoirs s’amenuisent au fur et à mesure.
J’ai particulièrement apprécié que Justine Augier fasse référence tout le long du livre à Michel Seurat, sociologue et chercheur, pris en otage à Beyrouth en 1985 et décédé en captivité un an plus tard, cette tragédie révèlant toute la complexité du Moyen-Orient et de toutes les forces s’opposant entre elles, le tout couronné par les divergences des institutions internationales, les couloirs parfois sombres de la diplomatie.
S’ajoutent également des extraits de livres incontournables sur la dictature syrienne et la guerre dévastatrice qui sévit depuis 2011, dont « Carnets de Homs » de Jonathan Littel, « Les portes du néant » de Samar Yazbek et l’insoutenable « La coquille » de Moustafa Khalifé.
A chaque fois, il en ressort un cri d’épouvante face à ce que l’homme peut inventer pour torturer ses semblables. Et aussi un cri face au silence assourdissant de ceux qui ne font que constater du haut de leurs pouvoirs. Comment au XXI° siècle, après des milliers de décennies de barbarie, après les génocides à travers le monde, comment la torture puisse continuer à être exercée ? Et pourquoi… C’est ce sentiment de révolte qui ressort une fois de plus.
Mais n’y a-t-il pas les désordres ordonnés ? L’auteure sait très bien reconstituer le fil du conflit syrien et elle rejoint les diverses analyses élaborées à ce sujet : l’opposition au régime du Lion de Damas (lui-même étant un redoutable félin de la manipulation) a été et est bien trop divisée, chacun voulant s’approprier un morceau tombé et où les jalousies ont carte blanche.
En attendant, Raza Zaitouneh, « celle qui écrivait sur une corde raide » est introuvable. Comme des milliers d’autres personnes, disparues, décédées, mutilées, torturées sur ce sol syrien, sur ce sol qui a accueilli l’un des plus anciens peuples de l’Antiquité, sur ce sol où les dieux ont bâti une civilisation faisant de Palmyre l’un des foyers de l’humanité. Aujourd’hui, ce sont des ogres qui en font un foyer d’inhumanité malgré l’ardeur déployée par des femmes et des hommes qui veulent encore croire à une possible paix, à une possible liberté.
http://squirelito.blogspot.fr/2017/11/une-noisette-un-livre-de-lardeur.html
Peu de temps après son arrivée au Liban en 2014, Justine Augier va voir le film Our terrible country dans lequel on suit l’écrivain syrien Yassin al-Haj Saleh et un jeune photographe, Ziad al-Homsi à Douma au printemps 2013. Elle découvre à travers ce film, une de leurs amies dissidentes, Razan Zaitouneh (nom qu’elle entend pour la première fois), avocate spécialisée dans la Défense des prisonniers politiques, journaliste, militante des droits de l’homme. Un instant furtif dans le film mais où la forte personnalité de Razan Zaitouneh marque Justine Augier.
Dans un premier temps, elle met de la réticence à enquêter sur cette avocate disparue le 10 décembre 2013 à la fois par scepticisme face à cet idéalisme radical mais aussi par peur de plonger dans un contexte aussi pesant. Mais l’idée continue de la hanter comme une nécessité. Elle voit aussi en Razan Zaitouneh ce qu’elle a voulu être et cru pouvoir devenir. Trois ans plus tard, elle décide d’écrire le récit.
Avec beaucoup de précisions et d’éthique, Justine Augier tente de retracer le parcours de Razan Zaitouneh, devenue une figure incontournable de la dissidence syrienne. Elle s’appuie sur les témoignages des proches de Razan Zaitouneh, intègre des textes qui donnent du corps à son récit. Justine Augier réussit à incarner la personnalité de cette femme hors du commun. On sent sa présence à travers cet ouvrage.
Un texte coup de poing dont on ne sort pas indemne. Cet essai se lit avec l’esprit mais aussi le corps. J’ai eu la nausée à certains passages, des larmes aux yeux. Je me suis sentie parfois prise à la gorge. On se sent révolté, impuissant.
J’ai été profondément remuée par ce récit qui vous plonge dans l’horreur des évènements survenus en Syrie. Il invite à un vrai appel de conscience. Un livre incontournable.
https://lamadeleinedelivres.blogpsot.fr
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