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La construction d'une coupole a été la hantise de générations d'architectes, le défi le plus difficile qu'ils ont eu à relever. Que l'on songe au Panthéon romain qui valut tant de vicissitudes aux architectes d'Hadrien, aux difficultés des bâtisseurs de la voûte de Sainte-Sophie qui s'écroula cinq ans après l'entrée triomphale de Justinien dans l'édifice, aux déboires de Brunelleschi avec les patriciens de la cathédrale de Florenceoe Faisant un immense saut dans le temps, il faut attendre le XXe siècle pour voir ces performances dépassées : l'Albert Hall en 1871 est le premier ouvrage à surpasser en portée le Panthéon de Rome ; suivit en 1958 par le Cnit de la Défense à Paris, lui-même battu en 1975 par le Superdome de la Nouvelle Orléans ! Car une coupole est une construction complexe. Elle nécessite des connaissances techniques et géométriques approfondies, une main d'oeuvre compétente, des matériaux bien adaptés. Les moyens mis en oeuvre pour réaliser un tel ouvrage constituent en quelque sorte une technique de pointe qui permet de mesurer le niveau de sophistication de la société qui l'a engendré. Cet ensemble constructif ? composé d'une voûte centralisée, d'une base orthogonale, et d'une zone de transition - a nécessité des siècles d'expérimentation, de mises au point empiriques, d'échecs retentissants. Progressivement étudiée tout au long de l'antiquité, magistralement résolue à la l'époque byzantine, relancée et magnifiée tant par les architectes musulmans que chrétiens, la coupole a connu une longue période de léthargie jusqu'au XIXe siècle. Depuis, les nouvelles techniques constructives en ont fait un emblème des temps modernes. La coupole a aussi été l'occasion d'innombrables réflexions théoriques, d'interprétations spécifiques, d'adaptations culturelles. Elle a constitué le siège de représentations symboliques diverses et de visions cosmologiques. Car la coupole et plus particulièrement le passage qu'elle opère entre le carré et le cercle - la zone de transition, comme l'appellent les architectes - révèle la dimension symbolique que celle-ci accorde au cosmos. Elle contient une dimension mythique qui s'explique par la spéculation propre à tout peuple sur son retour aux sources et par le lien qu'il établit inconsciemment entre la coupole et la grotte originelle. Son analogie évidente avec la voûte céleste lui donne une signification mystique. On peut aussi lui attribuer une portée philosophique car elle évoque la perfection doeun cycle et sa totalité. Existe-t-il géométrie plus symbolique qu'une sphère surmontant un cube ? Tout le monde y trouve son compte : le visiteur pour lequel l'image est imposante, le religieux qui y voit l'union du ciel et de la terre, le monarque qui démontre que son pouvoir temporel est lié au spirituel, le philosophe enfin qui y reconnaît une référence à l'androgyne platonicien. Elle est destinée à marquer l'omphalos, le nombril du monde, cette éternelle et dérisoire ambition que chaque civilisation dresse au centre de son territoire. Figures géométriques constamment employées, les associations carré-cercle et cube-sphère se retrouvent à toutes les époques et sous toutes les latitudes pour signifier d'une façon ou d'une autre le passage de l'humain au divin, qu'il s'agisse du paganisme, du christianisme ou de l'islam. Cet ouvrage explique ainsi en quoi la construction d'une coupole révèle à la fois les capacités technologiques de la civilisation qui la réalise et la dimension symbolique qu'elle accorde au cosmos. Son évolution, influencée successivement par l'Orient et par l'Occident, permet ainsi de tracer une sorte d'itinéraire géographique de l'architecture des bâtiments à plan centré depuis plus de deux mille ans de Bagdad à Vienne en passant par Jérusalem, Rome, Istanbul, Londres, Osaka, Séoul ou Paris. En ce début de siècle, et de millénaire, où l'on tente de retrouver un lien entre la pensée technique et la pensée symbolique, entre la science et la métaphysique, ce livre invite à méditer avec nos aspirations et nos outils d'aujourd'hui sur les synergies entre les différents domaines qui ont constitué les fondements de l'art de bâtir. Bref, une invitation à reprendre une dialectique immémoriale qui est consubstantielle à toute grande architecture et qui transcende les époques.
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