"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un joyau noir en hommage aux fracturés de l'existence.
Qui rêverait de naître à Joliet, dans l'Illinois ? Pas Suzy Kosasovich en tout cas.
Elle a grandi là, parmi les ouvriers et les églises, entre les barges des canaux et les trains de marchandises, élevée dans la crainte de Dieu et l'effacement de soi. Mais Suzy a un rêve : être acceptée par les ados du quartier.
L'occasion lui est offerte le Vendredi saint. Une nuit de cruauté et de violence, sans rédemption.
Je ne savais pas à quoi m’attendre en ouvrant le livre de Finn, Ceci est mon corps m’a laissée sur le carreau. C’est cru, violent et dès les premières lignes j’ai été happée par la façon dont l’auteur donne vie à ses personnages avec une certaine empathie qui va bien au-delà de l’horreur de ce vendredi Saint. Son style est très personnel et épuré un peu comme de la poésie tout en nous contant une soirée en enfer. J’ai été subjuguée par la faculté à nous faire percevoir cette ambiance de beuverie, de jeunes gens d’une quinzaine d’année qui sont déjà perdus pour eux-mêmes et pour la société. L’alcool, les fins de semaine et la misère sociale, j’ai pensé à quelques passages de Germinal de Zola qui déjà m’avait marqué. Le style est incroyablement précis et non seulement on perçoit le côté visuel mais aussi les odeurs et les sons. Alors même si j’ai eu envie de secouer cette jeune fille pour lui dire qu’elle est en train de prendre un mauvais chemin et peut-être même de la condamner pour cela, j’ai aussi senti dans l’élaboration de son personnage à quel point cette jeune femme reste pure et vulnérable et conservant en elle les valeurs inculquée par sa grand-mère. Cette petite tranche d’âge qu’est l’adolescence peut se révéler comme une sorte de galop d’essai pour la vie d’adulte mais ici c’est comme une sorte de purgatoire qui précèderait non pas le paradis mais bien les enfers. Un texte décapant sur les travers d’une petite bourgade de l’Illinois, des personnages grossiers, simplets et abusifs avec la méchanceté chevillée au corps, on ne voit pas venir la lumière c’est terrifiant car criant de vérité. Un livre à découvrir assurément pour découvrir une facette peu reluisante de l’Amérique profonde. Bonne lecture.
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