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De la chanteuse militante à la diva capricieuse, de l'actrice gouailleuse à la vedette traquée par la presse people, Aretha Franklin a débarqué dans notre quotidien, au coeur d'un été 1967 empreint de violence dans les ghettos de l'Amérique noire, en exigeant le R-E-S-P-E-C-T avec une force de conviction hors du commun.
Devenue rapidement la souveraine incontestée d'un genre enplein essor, la Queen of Soul accumula un palmarès inégalé depuis Elvis Presley. Près de quatre décennies plus tard, elle reste la figure de référence de la musique noire et plus généralement de la chanson au féminin, qu'elle chante Puccini avec Luciano Pavarotti ou se produise à la Maison-Blanche pour le gotha de la politique. Derrière ce parcours largement médiatisé, Aretha Louise Franklin dissimule pourtant une histoire méconnue, marquée par la figure hégémonique de son père, le révérend C.L.
Franklin, star du circuit gospel et compagnon de route de Martin Luther King. Façonnée par cet homme d'église, homme d'affaires et homme à femmes, qui lui inculqua un sens rétrograde de la hiérarchie entre les sexes tout en prêchant la tolérance raciale, Lady Soul a passé une bonne partie de sa vie à subir le machisme du ghetto. Jetée dans l'arène du spectacle à quatorze ans alors qu'elle devenait mère de famille, propulsée tout en haut de l'affiche à vingt-cinq, puis réduite au rôle de has been à trente-cinq, celle qui, dès l'arrivée de la gloire en 1967 reçut le surnom de natural woman, sut remonter la pente pour accéder au statut de mythe à la seule force de sa créativité.
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