"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
BD très surprenante à la fois par son style et par son sujet : la recherche de réels échanges avec les autres. J'ai été séduite par cette quête et par l'apparition de couleurs les fois où le but est atteint. Alors que je ne pensais lire qu'un album au ton décalé, j'ai fini par être très émue.
Avant de commencer ma lecture, j’étais un peu sceptique car plusieurs choses n’étaient pas complètement à mon goût : plus de 270 pages quasiment toutes en noir et blanc, peu de textes…
Au démarrage de ma lecture, j’ai pensé que j’assistais aux interrogations existentielles d’un jeune homme pour qui la communication avec les autres n’est pas chose aisée. Pour tout dire, j’avais un peu de mal à en percevoir l’intérêt sur autant de pages. Mais la force de cet ouvrage est de révéler, en fait, un sujet plus profond qui nous amènera tous à y réfléchir et qui nous incitera à profiter des autres à fond pour ne pas avoir de regrets. C’est une ode à la vie et aux interactions sociales.
Ce n’est pas un coup de cœur mais c’est un roman graphique que j’ai pris du plaisir à lire et qui a la force de nous faire réfléchir et réagir.
Il y a d’abord une légère sensation de vide. Comme s’il manquait quelque chose. Il est vrai que le quotidien de Nick est plutôt flegmatique. Quelques discussions avec sa voisine, quelques visites chez sa mère, des coffee shops aux noms prétentieux, un dégât des eaux, et puis des dessins, des pensées, des silences. Tout ça semble finalement bien peu pour un jeune illustrateur new yorkais.
Le problème, c’est que Nick n’arrive pas à interagir avec les autres. Il reste en surface, caché derrière l’autodérision, coincé dans l’humour. Sans aller “au-dedans.” Il essaie, pourtant, d’entrer en contact avec les humains qui l’entourent. Mais les banalités lui viennent plus aisément que les sincérités. Et il est plus facile de discuter plomberie que de dire “comment tu vas maman.”
Il ne faut pas grand-chose pour bousculer cette solitude. Un petit déclic, quelques mots qui comptent, et c’est la révélation. “J’ai dit un truc… Il a dit un truc… Et puis je n’ai pas ressenti la même chose que d’habitude.” Alors, l’élégance nonchalante du trait gris sur fond blanc de Will McPhail laisse la place à d’étranges tableaux colorés et fantasmagoriques. Et c’est ainsi que, mine de rien, le message de ce livre pourtant on ne peut plus simple vient chahuter nos routines sociales et éveiller nos consciences : comme le monde est riche lorsque les connexions, loin de la superficialité et du paraître, sont profondes et sincères.
Au début, c'est drôle, on déambule avec un type du genre seul et qui s'essaie à une vie qui ne lui ressemble pas vraiment. On passe de bars en coffre-shops et salons de thé, en enchaînant les noms les plus absurdes qui puissent être donnés à une enseigne, c'est toujours drôle.
Ce type, Nick, on lit ses pensées, c'est moins drôle mais toujours absurde, il a vraiment l'air à côté de la plaque... Construite dans un défilement de strips, on tourne avec enthousiasme, les pages de cette bd.
Ce type là, il sent qui lui manque quelque chose, un petit "je ne sais quoi" qui le rendrait vrai, aux yeux des autres mais surtout aux siens. Il sent que, sûrement, en s'ouvrant un peu, en osant poser les bonnes questions, les gens pourraient se confier et lui aussi, peut-être, pourrait se confier.
C'est difficile de s'ouvrir aux autres, c'est difficile de s'ouvrir à soi-même, de s'interroger et parfois même de se remettre en question. Notre personnage va en faire l'expérience de façon un peu abrupte mais avec une envie réelle. Un monde entier va, alors, s'ouvrir à lui, celui de l'authenticité et des interactions humaines profondes et intimes.
C'est beau comme un bourgeon qui éclore, un pop corn qui pète, une main qui se tend.
"Au-Dedans" est un récit intimiste autant qu'universel, parsemé ici et là de tableaux, en couleurs, superbes au milieu de strips en n&b drôles, touchants et analytiques.
Will McPhail est un excellent dialoguiste et au travers des nombreuses conversations qui façonnent cet ouvrage, l'empathie opère et nous encourage à l'observation sincère. On en découvre un peu plus sur chacun•e des personnages et, sûrement, un peu plus sur nous-même.
Et puis, vient le moment du moins drôle... Un voyage au travers de toutes nos émotions, brutes et vives.
Une lecture introspective qui nous invite à s'interroger sur la place que l'on accorde à nos émotions dans notre vie, la vraie, pas la façade.
Un grand bravo à Will McPhail pour ce superbe 1er album et à 404 Graphic pour l'avoir si bien mis en beauté.
Une totale réussite !
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