"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Frmesk vient au monde au Kurdistan, en 1986. Dans ce pays musulman, être une fille est une première malchance. Les femmes ne sont que des épouses, et des mères, qui se doivent d'obéir à leurs pères puis leurs époux. Frmesk est fragile, elle mange peu et difficilement. Rubar, sa mère, a tellement peur de la violence de son mari, qu'elle accepte de la laisser à ses parents, afin qu'ils l'élèvent au sein d'un foyer aimant et protecteur. Mais au Kurdistan, le danger est partout, et la haine fait rage de toute part...
Sara Omar signe ici un premier roman terrifiant et révoltant. Elle écrit comme toutes ces femmes qui endurent les souffrances quotidiennes : avec dignité.
Même si Sara Omar ne nous épargne rien, son écriture est remplie de l'amour et de la lumière de ces grands-parents. Sans eux, Frmesk serait morte... À plusieurs reprises.
Cette plongée dans un pays où la foi n'est ni synonymes d'écoute, d'indulgence ou de partage, est une chute dans les ténèbres. C'est pourtant une réalité. La méconnaissance, le rejet des différences et la violence sont les moteurs d'une société archaïque. Les femmes en sont les premières victimes.
Gawhar est un personnage tellement attachant. Cette épouse, mère et grand-mère, fidèle à son Dieu, est la laveuse de mort. Elle est la main impure qui prépare les corps des femmes dont personne ne veut. Elle les entend murmurer. Mais elle est aussi l'oeil, témoin de toutes les souffrances et les violences que les jeunes femmes subissent. Parfois ébranlée, elle ne sait plus si son Dieu existe ou s'il entend ses prières.
On sait de suite que Frmesk vivra au moins jusqu'à ses 30 ans car le récit est ponctué de chapitres se déroulant en 2016, dans un hôpital du Danemark où elle semble devoir se faire opérer. Ses passages sont toujours assez flou mais Hani compris que La laveuse de mort était le premier tome d'une série...
Un roman déchirant et qui soulève en nous des sentiments de colère, mais malheureusement nécessaire pour donner la liberté à ses enfants de mettre des mots sur leurs larmes et leurs souffrances silencieuses.
C'est un roman qui commence très fort, avec une scène totalement abominable et révoltante.
Il semble qu'il soit grandement autobiographique car Frmesk et Sara Omar sont nées toutes les deux le 21 août 1986 au Kurdistan, toutes les deux ont une mèche de cheveux blancs.
Dès les premières pages, une phrase De La Fontaine m'est venue à l'esprit : Selon que vous serez puissant ou misérable… sauf que là ça devient Selon que vous serez homme ou femme… et c'est là tout le problème. Il est des endroits du monde où il n'est pas bon de naître fille.
Je me demande souvent pourquoi les hommes détestent les femmes à tant d'endroits sur terre. Pourquoi ne veulent-ils pas partager ? Ils prennent tout le bon et laissent tout le mauvais aux femmes jusqu'à s'arroger le droit de vie et de mort sur elles.
Frmesk vient au monde en 1986 dans un village paumé du Kurdistan, un endroit du monde qui pue la haine et l'obscurantisme, où religion et superstition atteignent un paroxysme, où la condition des femmes confine au calvaire. Hélas pour Frmesk, elle n'est qu'une fille, c'est à dire rien.
Les femmes vivent dans une peur permanente des hommes tout-puissants et des démons mais aussi du vent et des tempêtes, de tout ce qu'elles interprètent comme des signes maléfiques. Elle prient en groupe pour tenter de faire barrage aux Djinns qui pourraient tenter de s'emparer des âmes des plus fragiles.
Encore une œuvre extrêmement forte sur la condition féminine, sur le patriarcat toxique, quand la religion est utilisée contre la moitié de l'humanité pour l'asservir et la mépriser.
C'est une histoire révoltante, où l'on se dit que l'autrice est en colère contre l'interprétation arriérée qui est faite du Coran… quoique, à l'énumération de certains versets, certaines sourates, il semble que la croyance prédomine sur la vie humaine, sur le respect de la femme. La religion est en tout cas omniprésente dans tous les instants de la vie, jusqu'à l'oppression.
Ce roman, qui se déroule sur deux époques et deux lieux - 1986 et 2016, Kurdistan et Danemark - est un coup de poing dans la gueule ! Il m'a révoltée, désespérée et fait détester particulièrement ces femmes, ces collabos , qui d'ailleurs se renient elles-mêmes et trahissent leurs filles en prenant fait et cause pour cette injustice instaurée par les hommes, qui considèrent que les femmes sont inférieures et sont leur propriété et que la naissance d'une fille est une malédiction. Ça m'a fait évidemment détester ces hommes qui méprisent les femmes, leurs femmes, et sont incapables d'aimer leurs filles parce qu'elles sont des filles, au point de pouvoir les mutiler pour sauver l'honneur (mais quel honneur, on se demande !!) et même de les tuer, sans le moindre état d'âme.
J'ai eu une infinie compassion pour toutes ces femmes qui subissent le joug des hommes, sans possibilité de se révolter au risque de mourir, car celles qui n'adhèrent pas à ces idées de suprématie masculine mais n'ont pas d'autre choix que de se soumettre .
Et cette douleur d'être femme se passe en partie en pleine guerre au Kurdistan. Comme si l'horreur devait s'ajouter à l'abomination.
Bien qu'extrêmement dur, ce récit n'est pas manichéen pour autant. Il nous montre à quel point un mauvais usage de la religion peut amener à énormément de souffrances, mais il y a aussi des personnages tolérants, ouverts et bons. Notamment Darwésh le grand-père, esprit libre et érudit, et Muhammad, oncle de Frmesk et imam bienveillant, quoique ça reste à voir…
Je vais avoir du mal à me remettre de cette lecture où le malheur et l'injustice transpirent, où aucune mère ne peut plus rien pour sa fille sitôt qu'elle est mariée. J'ai souffert à l'énumération de ces violences faites aux femmes, moi qui ai grandi quand mes "grandes sœurs" du MLF se battait pour nos droits. Il y a tellement à faire que j'ai l'impression que le combat des femmes c'est le rocher de Sisyphe… ça ne finira jamais.
Mon dieu, que ce livre est dur !
Mais pourquoi dire mon dieu alors qu’après cette lecture on n’a qu’une envie, bannir toutes les religions, en particulier l’islamisme et la lecture aberrante du coran par certains.
J’ai du plusieurs fois interrompre ma lecture pour passer à autre chose tellement c’est insoutenable.
C’est l’histoire de Frmesk dans les années 90, petite fille kurde élevée par ses grands-parents pour échapper à la violence de son père.
Au Kurdistan, la religion fait loi.
Les femmes ne sont que quantités négligeables, soumises entièrement aux hommes.
Fremsk qu’on retrouve en 2016 dans un hôpital au Danemark.
Le plus dur à accepter, c’est que Fremsk, c’est certainement Sara Omar.
En voyant sa photo sur internet, avec sa mèche blanche, ça m’a fait froid dans le dos.
Quel courage il lui a fallu pour écrire ce livre !
On a du mal à croire que cette histoire puisse se passer à notre époque tant l’obscurantisme règne en maître dans les pays soumis à la religion.
On comprend mieux pourquoi ces attentats, pourquoi cette violence dans le monde, pourquoi ces guerres, quand les hommes n’ont plus leur libre-arbitre.
C’est glaçant, c’est abominable.
Une suite est parue au Danemark.
Je sais qu’il me faudra prendre sur moi pour la lire, pour replonger dans cette barbarie, mais qu’il est indispensable de le faire pour savoir et comprendre ce qui se passe dans certains pays.
Même s’il est éprouvant, ce livre devrait être lu par tous, pour ne plus accepter que de telles conditions de vie soient imposées à des êtres humains.
Très difficile d'apporter une critique de ce livre, car comme souvent dans ce genre de récits autobiographiques qui traitent de la situation des femmes dans un pays islamique, en version particulièrement archaïque et révoltante, ici le Kurdistan irakien, il est nécessaire de différencier le fond de la forme.
Pour ce qui est du fond, après avoir lu La perle et la coquille de Nadia Hashimi, récit glaçant du calvaire des femmes afghanes, et plus récemment Les impatientes de Djaïli Amadou Amal, version camerounaise du mariage forcé au sein d'une communauté africaine musulmane et polygame, cette version Kurde du malheur des femmes ne peut que renforcer aversion et colère à l'égard d'une religion rétrograde, arriérée et inhumaine qui par ailleurs, lorsqu'elle est éclairée se réclame de la paix et de l'amour.
En ce qui concerne la mécréante que je suis, avec Ainsi soit Sixtine qui parle des femmes dans le milieu catholique intégriste, j'aurai pris cet automne ma dose de barbarie et d'obscurantisme.
Avec La laveuse de mort, l'abjection est totale du début à la fin, à peine éclairée par la présence du couple de grands-parents, dont la bonté et l'ouverture d'esprit peine à donner une légère respiration à ce livre. L'enfant qui naît fille sera menacée d'être enterrée vivant par son propre père, puis sauvée in extremis de la circoncision la plus barbare, mais sera abusée par son oncle imam. le tout servi au milieu de crimes d'honneur qui dézinguent les filles dès le lendemain de la nuit de noces, pour cause d'absence de trace de sang… Chez les Kurdes, les femmes sont impures par nature, couramment menacées, frappées, violentées, violées, mais elles sont aussi menaçantes car ignorantes, ou jalouses, elles reproduisent cette incroyable infamie pseudo-religieuse sur leurs propres filles. Ça c'est le point commun aux trois livres cités!
Poursuivie jusque dans son lit d'hôpital au Danemark où elle a pu se réfugier, la jeune Kurde dont on suit le destin chaotique dans ce milieu d'hommes ignares, jaloux, violents, combattants pour leur survie contre l'armée de Saddam, dans un pays ruiné par la guerre, après bien des épreuves et des traumatismes, continue de craindre les représailles de son père qui cherche à la tuer pour laver son honneur. C'est totalement ahurissant et probablement en grande partie autobiographique.
Pour le courage dont fait preuve Sara Omar quand elle questionne le Coran en citant des versets plus que problématiques par la bouche de son grand-père, qu'elle décrit comme un sage cultivé de religion zoroastrienne, elle mérite la plus grande admiration. de nos jours, il faut oser. Sa description de l'enfer sur terre et des dérives religieuses vaut bien 5 étoiles.
Pour ce qui est de la forme, je suis beaucoup plus mitigée… Peut-être la traduction fait-elle perdre le souffle littéraire, toujours est-il que j'ai souvent souffert au cours de passages creux, de dialogues plats ou totalement décousus et enfin d'une plume parfois laborieuse. J'ai eu énormément de mal avec les prénoms qui sont imprononçables et asexués, difficile à associer aux personnages. Enfin, je n'ai pas vraiment adhéré au parti pris de l'alternance des chapitres décrivant l'actuel séjour à l'hôpital de la jeune écrivaine, et de ses confidences trahies par une infirmière et les retours à son enfance au Kurdistan irakien.
Sur ce thème de la condition des femmes et de la violence qui leur est faite sous couvert de coutumes religieuses, c'est Les impatientes que j'ai préféré mais La laveuse de mort n'en est pas moins un texte engagé, très poignant qu'il faut absolument lire.
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