"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il s'agit d'une uchronie qui part du principe que l'Allemagne nazie a gagné la seconde guerre mondiale, et règne sans partage sur une grande partie du monde. C'est le même thème de départ que dans «Fatherland», de Robert Harris, mais ici, c'est orienté young adult.
Il n'est pas simple de traiter un tel sujet, car il faut parvenir à rester crédible sur les faits. L'auteur y réussit parfaitement. Il y a eu un gros travail de documentation. Ryan Graudin y a ajouté un petit côté fantastique avec les métamorphoses possibles de Yael, mais ces dernières sont clairement expliquées (et cette explication fait froid dans le dos).
Le récit est rythmé. Jusqu'aux dernières pages, il y a des rebondissements. L'intrigue est centrée sur Yael. Il y a quelques retours en arrière pour expliquer comment elle en est arrivée là. Le monde décrit est assez oppressant. On comprend la terreur qui règne parmi les populations.
Yael est un personnage complexe et attachant. Il y a une réflexion sur ce qui fonde une identité. La capacité de la jeune fille à changer d'apparence la perturbe. La course de moto sert surtout d'environnement pour travailler les relations entre les différents protagonistes. La plupart des personnages secondaires ont aussi de multiples facettes, tout en nuances.
Il s'agit du premier tome d'un diptyque. Le deuxième volume est prévu à l'automne 2016 en version originale. Il existe aussi une nouvelle qui couvre l'année 1955 et les relations entre Adèle Wolfe et Luka Löwe.
À lire !
http://www.aupresdeslivres.fr/Je-suis-Adele-Wolfe-de-Ryan-Graudin
Fuir la citadelle est récit écrit avec trois voix différentes.
Jin Ling est la cadette de l’intrigue. Une petite fille qui devait avoir 12 ans lorsque sa grande sœur a été vendue à une maison close pour permettre à son père d’acheter de l’alcool de riz. Elle s’enfuit de chez elle pour pouvoir retrouver celle-ci. En effet, lorsqu’elle a été vendue, Jin Ling a suivi le camion dans lequel elle se trouvait jusqu’à la Citadelle d’Hak Nam, lieu où vit la misère de la capitale. Au début du roman, elle a désormais 14 ans. Pendant deux ans, elle mènera un combat pour survivre sans se faire tuer ni mourir de faim. Elle prendra aussi une apparence de garçon, cela étant plus sûr pour elle que de garder une apparence de fille. En effet, les filles ont peu de chances de survie dans cette Citadelle, même les filles de joie. Jin Ling est donc une petite fille au caractère très fort qui prenait tous les coups à la place de sa mère et de sa sœur quand son père avait trop bu : c’est une dure à cuire assez bagarreuse qui est prête à tout pour retrouver sa sœur.
Mei Yee est une jeune fille de 18 ans qui a été vendue été comme fille de joie dans la maison close du maître de la Citadelle. L’ambassadeur du Japon décide d’en faire sa favorite et lui interdit tout autre client que lui. Elle ne rêve que d’une chose : pouvoir sortir de cet endroit pour pouvoir revoir le monde. En effet, cela fait deux ans qu’elle, et ses camarades, n’est pas sortie ne l’endroit où elle se trouve. Dans sa chambre, les jours passent et se ressemblent tous jusqu’au moment où un jeune homme apparaît à sa fenêtre (la seule de la maison). C’est une jeune fille très douce et qui essaie de se tenir le plus possible éloignée des problèmes et qui rêve de voir un jour la mer. Cependant, elle ne se fait pas d’illusions et sait qu’elle ne pourra jamais s’enfuir de cet endroit.
Dai est un jeune homme plein de mystères qui vit depuis presque deux ans dans la Citadelle, il cherche une chose que possède Longwai, le maître de la Citadelle. En effet, ce jeune homme est accusé d’un meurtre d’un qu’il n’a pas commis et doit trouver le carnet de comptes de Longwai pour pouvoir être blanchi. Il doit donc trouver un moyen de pénétrer dans la maison close de celui-ci pour accéder au carnet de compte. Pour cela, il sera d’abord aidé de Jin Ling, coureur hors pair (il ne sait pas que c’est une fille), pour faire des livraisons de drogue en dehors de la ville : elle faisant la livraison et lui attendant dans la maison. Puis par Mei Yee avec qui il prend contact au travers de sa fenêtre. De plus, il lui promet de la libérer si elle lui fournit toutes les informations qu’il cherche. C’est un personnage qui veut se montrer dur et mauvais mais qui, en réalité, est très gentil. De nombreux mystères entourent sa famille.
J’ai trouvé que l’intrigue est très menée avec énormément de rebondissement et des révélations qui n’en finissent pas dans un univers très sombre. Jin Ling, Mei Yee et Dai sont des personnages reliés par leurs quêtes respectives : Jin Ling, retrouver sa sœur ; Mei Yee, voir l’exterieur et Dai, trouver le journal de Longwai. Les deux personnages féminins seront entainés dans la quête de Dai même si celle-ci leur pemettra de se retrouver, Jin Ling et Mei Yee étant sœurs. Les trois quêtes sont tellement bien inbriguées qu’elles finissent par n’en devenir q’une seule : une quête de liberté. J’ai adoré ces trois personnages, même si j’ai eu un peu de mal avec Mei Yee qui fait un petit peu trop « enfant » pour son âge. Ou encore le fantôme du petit frère de Dai qui est très présent : non pas en tant que fantôme mais plutôt en tant que présence dans ses pensées. On apprend aussi à apprécier ou détester les personnages secondaires. De plus, la Citadelle de Hak Nam est inspirée d’une Citadelle ayant vraiment exister en Chine : Kowloon, qui n’existe plus désormais et qui abritait toute la misère humaine de la capitale.
En conclusion, trois personnages aux caractères très forts et au passé trouble qui vont tout faire pour s’enfuir de l’enfer dans lequel ils vivent depuis deux ans tout en menant à bien leurs « missions ». Une intrigue poignante et des événements qui nous font douter quand à la survie des personnages. Un roman que j’ai adoré sans qu’il soit inoubliable mais qui est très proche du coup de cœur.
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