"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L’autre moitié de l'homme est un roman de Joanna Russ publié en 1975. J’ai lu la vieille traduction de 1977 et non la nouvelle édition qui a un titre bien plus en phase avec le titre original : l’humanité-femme. Pour en avoir lu des extraits, la nouvelle traduction semble être encore plus forte. Une représentante d’un monde sans homme débarque dans le nôtre. Cette idée est le principe de base mais on va s’en éloigner rapidement. Ça donne une histoire bien plus compliquée et fouillis mais truculente. Ce point de départ va servir d'excuses pour donner la parole à tout un tas de femmes, chacune avec un prénom qui commence par J et dont la sonorité est proche de Joanna. Ce n’est pas toujours évident de savoir qui est qui mais c’est aussi sa force. La parole d’une pourrait être celle d’une autre ce qui donne un aspect très général, global et très sororité : on est toutes dans le même bain, on se confond toutes et on a toutes les mêmes problématiques même si on va se les approprier différemment. Ce choix est une force même si ça s'est perturbant pour les lecteurices. J’ai été surprise de voir à quel point le nombre de réflexions et de situations sont encore d'actualité. Ce roman tend presque vers l'essai, ça dénonce beaucoup et met en avant un nombre de situations qui devraient être inacceptables et qui sont encore complètement incluses dans la société. C’est d'une modernité folle, on est sur la science-fiction féministe où il n’y a aucun tabou. Au détour d'un passage, on va montrer à quel point l'homme masculin de base ne peut pas imaginer une sexualité autre que Monsieur couche avec Madame. On aborde aussi le gnagnagna tu as tes règles, les violences sexistes et sexuelles, l’intériorisation des rôles genrés… L’invisibilisation de la parole des femmes en entreprise et en général (où sont les femmes) n’est pas oubliée. Des initiatives intéressantes sont aussi mises en avant. Par exemple, dans le monde sans homme, il existe différents types de salut qui résument l’état d’esprit de l’interlocutrice : disponible pour parler ou pas… C’est un texte où il faut accepter d’être perdu et d’accepter qu'on aura pas forcément d’avoir un fil directeur évident. C’est très pertinent, souvent très drôle et pour avoir lu des extraits de la nouvelle traduction c'est encore plus drôle avec les mises à jour pour les actualiser légèrement.
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