"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand on ne veut plus de personnes âgées dans la société...
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Whouah! Encore un coup de coeur dans la catégorie de la SF ! Une auteure suédoise met en fiction un problème qui préoccupe le gouvernement suédois.
D'autres écrivains en ont déjà parlé, par exemple dans Les oreilles de Buster de Maria Ernestam.
La population vieillit. Passé un certain âge, l'être humain est contre-productif. Cette société où le capitalisme est poussé à l'extrême (je grossis le trait volontairement), la catégorie des "non-actifs" pose problème.
Un vrai casse-têtes politique, économique et sociétal.
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Cette dystopie glaçante et effrayante pourrait bien voir le jour. Et Ninni Holmqvist en a imaginé (voire anticipé) une histoire.
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Dorrit, une (jeune) cinquantenaire, écrivain-artiste, célibataire sans enfants, rejoint l'unité. Une EHPAD de luxe, tout confort, mise sous dôme , caméras de surveillance partout et complètement isolée du reste du monde.
Dorrit est classée "superflue" (qui ne produit plus rien, n'a plus de valeur intrinsèque) par opposition à ceux qui ont des enfants. Pour "gagner" sa vie, Dorrit doit proposer ses organes (cornée, rein, don du sang, moelle, ovules jusqu'au fatal coeur-poumon) qui iront aux "actifs". Dans cet univers "résidence à Miami", elle évoluera tant bien que mal, connaitra l'amour et une amitié indéfectible. Mais le tic-tac est lancé.
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Je pensais lire quelque chose de glauque, de malsain ou de sinistre. Mais j'ai été happée dans un tourbillon éblouissant d'amour. J'ai été touchée en plein coeur. Dorrit m'a émue. A travers elle j'ai suivi son parcours. Terrorisée, frustrée, désespérée, fragile, remplie de rage contre l'institution. Mais aussi amoureuse et bienveillante. Dorrit a mûri plus vite en 12 mois qu'en 50 ans de vie.
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Ce livre interpelle. Il amène une réflexion sur notre place dans la société. Ce roman est un lanceur d'alerte, une sonnette d'alarme. Qu'en-est-il de notre mémoire, notre expérience, notre sagesse? Au rebut? C'est terrible....
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Une lecture inoubliable car dérangeante. Mais aussi pourvoyeuse d'émotions fortes. Flûte, moi dans 5 ans, je suis cinquantenaire....
Quel est le sens de la vie ? Autrefois, Dorrit la narratrice de ce livre aurait certainement répondu : "Ma vie m'appartient et je peux en disposer à ma guise". En rejoignant l'unité, elle va réaliser qu'elle n'en est pas la détentrice et qu'elle n'a été qu'une simple intendante d'un corps dont on lui a laissé l'usufruit pour seulement cinq décennies. Cinquante ans pour les femmes et soixante ans pour les hommes : c'est l'âge légal pour rejoindre l'Unité de la banque de réserve de matériel biologique pour celui qui n'a pas fondé de famille et procréé, et qui selon une loi validée par référendum est contraint de rejoindre le rang des "superflus".
Petit Eden en façade, l'Unité se présente sous la forme d'un village vacances sous bulle, dont l'hiver et le froid ont été bannis. Jardin d'hiver tropical fleuri et odorant, complexe sportif, loisirs à profusion... Tout est prévu pour faciliter l'intégration des nouveaux arrivants. Du rêve sous cloche, qui cependant ne parvient pas à leur faire oublier l'effroyable réalité qui les attend. Une cage dorée où des êtres humains doués de raison et d'intelligence savent qu'ils n'ont tout au plus que quelques saisons à vivre, obligés de participer à des expériences pour servir la science ou de céder des tissus ou des parties d'organes jusqu'au "don final". A son arrivée, Dorrit va vivre l'effroi, l'incompréhension, la révolte et la tristesse tout comme ses prédécesseurs, avant de se résoudre à accepter l'inéluctable, épaulée par les anciens. Résignée, elle va s’intégrer au groupe et continuer à vivre, rencontrant son lot de joies et de déceptions... Jusqu'au jour où l'improbable va se produire. Mais aura-t-elle la chance de retrouver le monde des "nécessaires" ? Une "superflue" peut-elle vraiment échapper à sa condition ?
Voilà un roman d'hypothèse qui va très loin dans l'horreur, son auteure imaginant une société où la vie est considérée comme du capital et où l'être humain ne s'appartient plus. Celui qui ne participe pas à la reproduction et à la croissance est légalement reconnu comme non possesseur de ses organes, ces derniers pouvant donc être redistribués à ceux qui contribuent à faire augmenter le PIB. On pourrait comparer l'Unité à une casse humaine, où les organes sont des pièces détachées que l'on vient prélever sur des hommes pour lesquels on n'a pas plus de considération que pour une vieille guimbarde à désosser, et qui assistent impuissants à leur progressive et inéluctable dégradation, sans pouvoir se défendre contre leurs bourreaux.
L'unité ? Une vision futuriste d'un monde totalement déshumanisé et privé d'éthique, où rien n'est gratuit et où la logique économique prime sur l'homme !
http://leslecturesdisabello.blogspot.fr/search/label/Holmqvist%20Ninni
Une histoire dérangeante sur la place de chacun dans la société. Sommes-nous utiles ou non à la société ? Quelle valeur avons nous ? La communauté doit-elle passer avant l'individualité ? L'auteur a imaginé ici une "solution" aux problèmes des retraites qui fait froid dans le dos ! Malgré quelques longueurs et quelques passages un peu tirés par les cheveux, c'est un bon livre qui flirte avec la SF.
Attention ! Chef d’œuvre !
En Suède, dans un futur indéterminé.
Vous êtes une femme de 50 ans, vous êtes un homme de 60 ans, vous n’avez ni conjoint, ni enfant.
Que voulez-vous que l’on fasse de vous ? Vous coûtez cher à la société, vous êtes devenus des « superflus ».
L’unité est une structure prête à accueillir les personnes comme vous. Vous y serez heureux, de beaux jardins, des salles de sport, des restaurants des salons de massage, de coiffure. Des pédicures et autres manucures sont à votre disposition.
Le bonheur pour passer tranquillement les quelques dizaines d’années que vous pouvez encore raisonnablement espérer.
Pas si simple !
Dans un roman éblouissant Ninni Holmqvist donne la parole à Dorrit, son héroïne qui a dû quitter sa vie, sa maison, son chien, tout ce qu’elle aimait. Désormais elle, comme les autres pensionnaires de l’unité, vont servir à quelques expériences et dons d’organes en faveur de « ceux de l’extérieur » qui sont encore utiles.
A travers ces êtres vont se nouer de belles histoires d’amour ou d’amitié.
Ce livre m’a bouleversée, il m’a emmenée jusqu’au bout de l’émotion, jusqu’aux larmes libératrices.
Je le referme, mais il fait désormais parti de la poignée de livres que je n’oublierai jamais.
Il faut savoir en ouvrant ce livre que vous allez faire une lecture éprouvante, qui peut être perturbante pour des personnes très sensibles.
Un premier roman magistral.
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