"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un premier roman à l’émotion subversive…
Ce premier roman sorti en 2022 paraît aujourd’hui dans la collection Mon Poche et j’avoue avoir été heureusement surprise que la maison d’édition me contacte. Ne sachant pas ce que j’allais découvrir mais ayant compris que ce serait un roman « différent », je l’ai attaqué avec un allant particulier. Et j’ai vibré autant que la biche dont nous parle l’auteure qui signe un premier roman atypique et inclassable.
Gérald est un chasseur qui adore montrer son talent lors des parties de chasse auxquelles il participe régulièrement dans la forêt. Il est toujours accompagné d’Olaf, son chien fidèle. Alan est un garde-chasse qui prend sa tâche très à cœur en ayantle souci de protéger les animaux du territoire. Une tempête approche mais la traque continue. Mais une biche ne veut pas fuir.
Qu’est-ce qui est le plus intéressant dans cette lecture, l’aspect psychologique ou écologique du récit ? En tout cas, la sensation d’être au plus près des bêtes et des hommes ne nous quitte pas. Il est palpitant d’entendre tous ces cœurs battre d’envie, de violence, de passion, de fureur, de peur. Et vous ne trouverez aucune plage de calme même si vous cherchez bien, vous êtes embarqué dans une écriture au style très particulier, avec des mots choisis, des descriptifs poétiques, un langage soutenu. Et de l’émotion à revendre. C’est une histoire contée dans laquelle les métaphores sont nombreuses, où le combat homme chasseur contre femme biche se veut plus rêve que réalité.
Ce n’est pas une histoire de tous les jours, elle demande un engagement, celui de vouloir aller vers la différence. C’est violent, âpre, sans concession, grotesque parfois. Et la fin n’en est que plus incroyable. Entre la normalité des chasses bien organisées, séculaires, encadrées et le comportement des hommes et des bêtes, c’est l’inconnu, un monde de leçons de vie, d’écoute de la nature, d’images sublimées.
Il faut affronter ce roman sans idées préconçues, presque comme devant un tableau plutôt qu’un livre. Le visuel de la couverture en dit beaucoup. Il faut se laisser aller vers ce que l’on n’aurait pas pensé apprécier. C’est un premier roman, c’est une révélation pour moi qui aime ce qui surprend.
Je remercie les Editions de Borée, la collection mon Poche, pour le Service Presse de « Biche » de Mona MESSINE.
Une partie de chasse s'annonce orgueilleuse et triomphante entre la nature et les hommes. Cependant, la traque déloyale pourrait bien ne pas se dérouler comme prévu, révélant des instincts de rébellion et de survie captivants et inédits...
Le domaine de la chasse suscite des débats entre ses défenseurs pratiquants ou sympathisants, et ses détracteurs. En général, ces deux mondes s'invectivent mais ne se rencontrent pas.
Avec ce roman, l'auteure nous convie à une immersion totale dans le sauvage, à ses exigences, à ses peurs, à ses étouffements, et à ses cris. Chacun y va de son impatience et de sa connaissance, dans une course contre la montre urgente, entre la vie et la mort.
L'écriture est sublime, féroce de poésie. Tous nos sens sont en alerte, et nous vivons les émotions de l'animal, pour lesquelles nous nous liquéfions. On est absorbé par la nature et les tourments intimes de l'homme, qui s'enivrent de leurs convictions.
Nous sommes les témoins invisibles de la puissance invaincue des éléments, et de leurs initiés. Car il y a des soifs qu'il ne faudrait jamais étancher. Les lois impénétrables de la nature sont heureusement là pour nous le rappeler.
Laissez-vous surprendre par cette fable écologique et philosophique sous haute tension, et au-delà de tous soupçons.
Un dimanche matin comme beaucoup d'autres, dans la forêt une partie de chasse s'organise. Les participants sont nombreux a espérer revenir avec un cerf majestueux. Un groupe non armé jouera le rôle des rabatteurs, permettant aux chasseurs armés, de prendre en tenaille le gibier. Gérald chasseur expérimenté et tireur sans faille, est à la tête du groupe, accompagné de son chien Olaf. Linda dirige les rabatteurs. Pour Alan le garde chasse la journée est sombre, lui qui protège de son mieux la harde. Lorsque le temps se couvre et que la tempête arrive, la tragédie peut alors commencer et si pour une fois tout n'était pas écrit d'avance.
Un livre court à la belle couverture, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Mona Messine. Les chapitres ont un côté immersif et on entre facilement dans ce conte dit écologique. La prose parfois poétique explore le ressentit des hommes et des animaux. On entre en résonance avec la nature, la forêt, la vie, la mort tout semble lié. On pourrait faire quelques reproches, un penchant pour le lyrisme qui peut lasser ou encore une certaine tendance à l'anthropomorphisme. Les pensées, les émotions et le comportement de la biche comportent à mon goût bien trop de caractéristiques humaines. Pourtant, je me suis laissée prendre par le côté sensible de cette écriture, l’exacerbation des sens y est tellement bien décrite. Qui n'a jamais voulu savoir ce qui se cachait dans la tête des animaux. On entre ainsi dans un huis clos sylvestre avec un petit côté Natural Writing où l'odeur de la pluie, de l'humus et des champignons vous prend au nez. Un premier roman au scénario original et un dénouement surprenant inimaginable. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2023/08/24/40019400.html
J’ai lu que l’autrice de cette « Biche » avait écrit assistée d’un métronome, cela ne m’étonnerait pas tant l’écriture est mélodieuse. La forêt est sublimée par des descriptions formidables de précision et de sensibilité ; les humains pensent y faire régner leur loi et la cruauté rôde : la fière rabatteuse enrage de ne pouvoir marcher au milieu des fusils et s'en servir, l’enfant féroce fourbit ses armes et se voit déjà en tête de battue, le principal chasseur, sorte de mâle alpha à son corps défendant, n’a que mépris pour le jeune et sincère garde forestier, à ses yeux un « jeune dadais écologiste » …
Le sang est partout, il dégouline des plaies imaginaires ou infligées mais pas forcément des corps qu’on s’attend à voir blessés ou dépecés. A peu près toutes les scènes de ce conte sauvage sont dignes de rester en mémoire, depuis l’épisode de la biche épargnée en passant par la disparition du chasseur dans les éléments déchaînés ou la rencontre avec la harde de cerfs ; sans parler de la scène où l’auteur convoque l’Antiquité et la déesse de la nature indomptée.
Un roman magnifique et palpitant qui se lit d’une traite, une sorte de page-turner sylvestre, empli de rapports de force apparemment disproportionnés, empreint de tragédie et d’une violence largement tournée vers les êtres que les hommes s’imaginent pouvoir dominer. Une belle réussite au-delà de quelques invraisemblances (c'est un conte après tout) !
Merci à l’équipe des 68 1ères fois pour cette aventure de livres voyageurs et les découvertes enthousiasmantes qui en découlent (comme celle-ci par exemple).
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