Faisons connaissance avec des auteurs aussi talentueux que passionnants !
Le Prix Orange du Livre récompense chaque année de nouveaux talents de la littérature. Son jury est présidé par Jean-Christophe Rufin et composé d'auteurs, de libraires et de lecteurs et lectrices membres du site Lecteurs.com Pour sa...
Faisons connaissance avec des auteurs aussi talentueux que passionnants !
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Le narrateur, on l'imagine plutôt littéraire, cultivé, appréciant la poésie et la musique... Et pourtant, il faut se nourrir. Sans emploi, il postule pour une formation de conducteur de train à la SNCF. Il découvre la mécanique, avale les pages de son manuel. C'est l'occasion aussi de lier de nouvelles amitiés. Chacun s'entrapine à sa manière, le stress est pesant, il faut aller jusqu'au bout... Puis le grand jour arrive, il est reçu. Réussite à l'examen, conduite de train. Encore et toujours du stress, da cauchemars la nuit. Peur de la panne en pleine nuit au milieu de nulle part, et pire de l'accident. Heureusement, il y a les collègues avec lesquels on peut partager. La vie n'est pas rose pour certains d'entre eux, et on se serre les coudes, magouille un peu pour se rendre service. Ensemble, ils représentent une force quand il s'agit d'affronter le patron, de faire grève pour mettre fin aux exigences d'une hiérarchie qui prend souvent des décisions décalées.
Quand j'ai reçu ce roman, j'ai lu la première page : imbuvable ou prseque. J'ai ouvert au hasard une page au milieu du livre : même chose. Je ne comprenais pas pourquoi je l'avais reçu : "Impossible, j' nai pas pu postuler pour ce genre de roman : on n'y parle que de mécanique ! Je le commence ce matin dans le train, et je l'abandonnerai sûrement ce soir !". La mécanique est en effet loin d'être mon royaume. Pas de ponctuation. Cela ressemble souvent à de la poésie, l'auteur jouant beaucoup avec la sonorité des mots. Finalement, moi aussi, j'y suis allée jusqu'au bout ! Je tire même mon chapeau à l'auteur : il fallait le faire. Intégrer le monde du travail au milieu de propos mécaniques ... Ma note est moyenne parce qu'évidemment, la mécanique, c'était trop pour moi. Le reste est très bien dit...
Tchou Tchou…
La forme est originale et le lecteur embarque immédiatement et se laisse bercer par le rythme du train .
La poésie est là et donne la cadence d’une jeunesse en construction pour intégrer le monde adulte. D’ailleurs plus notre héros des temps modernes s’approche de la fin de sa formation plus la prose s’impose.
Mais c’est plus que cela, par ce biais, Mattia Filice fait une véritable radioscopie de notre monde contemporain.
« les barons du rail
disions-nous autrefois
le dernier maillon de la chaîne
nous a-t-on précisé dès notre première journée
On
On est un moule qui fabrique en série
Surtout dans les grandes entreprises
dont nous usons par souci de simplification
Tu es le dernier maillon de la chaîne
c’est répété en permanence pour que nous ne puissions l’oublier »
Un premier livre étonnant et prenant.
Apprentissage, échecs, victoires, les copains, jusqu’au Graal.
Le vocabulaire métier et les acronymes qui caractérisent une époque.
La forme épouse le fond en nous montrant un millefeuille, reflet de notre société, lieu de brassage humain.
C’est aussi montrer la violence de notre monde, violence d’un systèmes et la résistance induite, pot de terre contre pot de fer ?
Clopin-clopant comme ils peuvent.
Finalement c’est ce que nous montre cette épopée, l’envers d’un décor parsemé de choses vues drôles, dramatiques, ordinaires comme une vie qui passe.
La tendresse est là, une voix celle de la grand-mère italienne, l’ancêtre, la nonna, sa simplicité et son bon sens.
Ce livre n’est pas sans rappeler le magnifique À la ligne du regretté Joseph Ponthus, nous montrer de l’intérieur la vie de ceux qui œuvrent dans l’ombre, invisibles, muets.
Merci à Françoise Fernandes de la Fondation Orange et aux éditions P.O.L pour ce privilège de lecture.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/09/12/mecano/
«Tu veux conduire le train?»
Dans un premier roman écrit en vers libres Mattia Filice raconte comment il est devenu conducteur de train et nous fait découvrir avec humour et autodérision un univers très particulier où la poésie finit par tordre le cou aux objectifs de rendement.
Depuis le regretté Joseph Ponthus et son roman À la ligne, on sait que le monde du travail peut aussi se révéler en vers libres et que ce style peut parfaitement épouser cadences infernales et luttes sociales.
Avec Mécano, Mattia Filice lui emboîte le pas et va nous raconter sa vie de cheminot, ou plus exactement de conducteur de train à la SNCF.
Un monde régi par ses propres règles et auquel on accède après une série d'obstacles, à commencer par l’entretien d’embauche.
Durant ce premier face à face avec la hiérarchie, il s'agit de caresser l'employeur dans le sens du poil, de lui dire ce qu'il veut entendre. Ce moment où notre futur mécano répond à des questions «à la con» est particulièrement savoureux (et pourra servir à ceux qui entendent le suivre dans cette voie).
Après un simple coup de fil, il est convoqué près de Paris pour une session de formation qui ressemble à une course par élimination. Le petit groupe se réduit comme peau de chagrin et n'offre plus qu'à une poignée de rescapés la possibilité de monter dans une vraie locomotive pour un premier voyage aux commandes d'un convoi de marchandises.
Là encore, on découvre les règles non-écrites de ce milieu très particulier, son jargon quasi indéchiffrable pour qui n'est pas du sérail, la solidarité des collègues qui ont franchi le cap de cette formation couperet et le fossé qui semble infranchissable avec la hiérarchie. À partir de là, Gaël, Kamal, Adama, Yann ou encore Pablo vont former un groupe aussi disparate qu'uni.
Si l'on voulait une illustration de l'absence, voire de l'impossibilité du dialogue social, on en trouvera ici une édifiante illustration. Et comme toujours, ce non-dialogue débouche sur une grève. Autre moment savoureux du roman que ce premier conflit social qui voit s'affronter des représentants d'une même entreprise qui ne se comprennent pas. Il faut dire que du côté des cols blancs tout a été fait pour cloisonner les fonctions et pour empêcher d'unir les travailleurs. Mais la solidarité trouve ici un terreau fertile et, petit à petit, la peur change de camp. Les timides osent s'exprimer et les collègues, qui s'ignoraient jusque-là, se retrouvent.
Ce roman initiatique, qui nous est offert avec une bonne dose d'autodérision, montre bien le climat social dégradé au sein d'une technostructure qui essaie de cacher les hommes - les femmes sont quasiment absentes - derrière des objectifs et des nombres. Tout le talent de Mattia Filice tient dans sa capacité à faire émerger les émotions, souvent avec humour, dans ce monde que l'on voudrait déshumaniser. On rit et on pleure, on chante et on aime, on vit et on s'use.
https://urlz.fr/mK9h
Mecano est un ovni dans le paysage littéraire : un exercice littéraire étonnant, avec un livre en vers libre, consacré au métier de conducteur de train. Un opus tout en poésie, autodérision, riche de vécu et de fictions.
Mattia Filice a l’art et l’aisance d’embarquer le lecteur dans sa cabine de pilotage. Il nous fait partager son ressenti du quotidien de cheminot roulant et son immense responsabilité de chaque instant.
On ne trouve pas une page ou un instant qui ne respire pas train, à l’image du sommeil : même quand il dort, il surveille le réveil. Mecano a une vie de solitaire, renforcée par la marée humaine sur les quais mais aussi l’appartenance à une communauté.
Sa vie est celle d’un nomade en orbite autour de la gare. Aucune formation ne permet de gérer toutes les situations ni le stress et les tensions, liées à la crainte et/ou la réalité d’un incident ou d’un accident.
Pour un premier roman et quelqu’un qui avait juré de ne jamais écrire sur son métier, Mecano est un coup de maître, mêlant portraits, anecdotes et critique sociale.
Que vous ayez rêvé un jour d’être conducteur de train ou pas, vous ne pourrez pas rester insensible au beau voyage que nous offre ce bel ouvrage porté par le tempo des battements de cœur des trains.
Lors de votre prochain trajet en train, il est sûr que vous verrez plus le conducteur, ce quasi invisible, de la même façon.
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