Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...
Ambiance très psychédélique pour la première partie de roman, où notre héroïne , une jeune femme loin d’être sotte, a cependant besoin de paradis artificiels, apothéose de ses semaines, pour apprécier la vie.
« Dans la vie, Victoire ne veut rien, rien d'autre qu'attendre le week-end »
La dépendance est là, qui rend tout le reste d’une fadeur insupportable. Pourtant les signes avant-coureurs d’un naufrage annoncé sont là, désintérêt pour le travail, perte de son emploi, solitude de plus en plus mal vécue.
C’est paradoxalement à la piscine qu’elle tentera de s’en sortir. C’est d’ailleurs là qu’elle rencontrera celui qui la soutiendra et la sortira de l’impasse où elle s’était enfermée.
"Elle sait aussi que cet amour est ténu et fragile et qu'il repose sur des illusions que chacun s'est promis de ne jamais mettre à jour. Voilà le secret d'une famille unie, se dit-elle. Se mettre d'accord sur un récit qui n'incommode personne"
Malgré tout les questions surviennent, celles qu’elle avait occultées : la maternité, la famille, l’avenir …
Le refuge bienfaisant qui l’abrite sera t-il suffisant pour réellement quitter cet enfer ?
« La vérité, c'est que la drogue ne l'a plus jamais vraiment quittée. 10 ans qu'elles cohabitent, par intermittence, comme une relation un peu compliquée, comme un ex à qui on dit, sans y croire que tout est terminé, et qui revient, séduisant, ripoliné, flatteur, promettant tout. »
J’ai éprouvé de l’empathie pour cette jeune femme, encore une fois plutôt réfléchie et à l’avenir prometteur. La logique qu’elle défend est bien entendu un peu viciée par la dépendance, mais elle a le mérite de pointer avec une acuité lucide les maillons faibles de notre société dans son fonctionnement ordinaire.
Un regard extrêmement lucide aussi sur le monde le monde de la nuit et cet emprise des drogues, tout à fait comprise, mais imparable.
Un écriture affirmée, un ton vindicatif , un style convaincant pour ce premier roman.
Un parcours de solitude qui n’a trouvé son remède palliatif que dans un piètre subterfuge. Fuir la réalité ne la fait pas disparaître…
256 pages Les Avrils 8 janvier 2025
#LaSaisondesbêtises #NetGalleyFrance
Voici un roman auquel je ne m’attendais pas, un roman qui m’a un peu bousculée, positivement.
Durant 5 années, entre ses 25 et ses 30 ans, nous suivons Victoire dans ses aventures nocturnes, ses soirées chargées de drogues, ses évasions sous cachets…
Le monde des junkies n’a plus vraiment de secret pour elle.
Mais le temps qui passe, l’amène à réfléchir de plus en plus, sur sa vie, sur son avenir.
Quelle est sa place, son rôle ? Que va t’elle faire de sa vie ?
Au fil des années, une prise de conscience s’empare d’elle !
Avec une plume très efficace, vive et pleine de liberté, l’autrice m’a attrapée par le bout du coeur et m’a fait m’attacher à Victoire.
Avec réalisme, on suit ces jeunes addictive aux drogues dures, avec beaucoup d’émotions elle nous partage les pensées intimes de Victoire, ses doutes, ses questionnements.
5 années dans la vie d’une jeune « foncedé », mais surtout, 5 années pour trouver son chemin, se reconstruire, apprendre à s’aimer et à avoir confiance en soi.
Un roman qui m’a joliment percuté !
Une héroïne (sans jeu de mot
Les défaites de Victoire
Dans son premier roman Mathilde Henzelin raconte cinq années dans la vie de Victoire, passant des nuits berlinoises à celles de Paris, des bras de Dimitri à ceux de Simon. Un portrait stupéfiant de l’époque et de sa jeunesse.
C’est à Berlin que Victoire a trouvé l’endroit idéal pour faire la fête. Dans la capitale allemande, elle passe des nuits à danser, à boire, à prendre toutes sortes de drogue en toute impunité ou presque. Baignée par une musique électro qui semble ne devoir jamais s’arrêter. « Ici, les heures ne sont pas une question de temps qui passe, mais de rythme. » Avec sa copine Lili, elle passe allègrement des amphets au cannabis. Un cocktail complété par quelques drogues de synthèse, histoire de décoller.
Car le lundi matin est toujours un moment difficile. « Lundi-fatigue. Lundi-descente. Lundi-vraie-vie. Le lundi est un sas entre le week-end et la semaine. Le contraste est vertigineux. Week-end-antidote, lundi-poison. Le week-end est puissant et coloré, le lundi pue la grisaille. Le week-end, c’est l’aventure, savoir quand ça commence, mais pas quand ça finit. Le lundi, c’est rentrer sagement à l’abreuvoir. »
Victoire a trouvé à Berlin un logement pas trop cher et un boulot alimentaire qui lui permet de subvenir à ses besoins. Au bureau, elle joue à la « petite nana sympathique et enjouée » qui louvoie entre les discussions creuses et l’ennui. En attendant le week-end et en sachant parfaitement que la vie, ce n’est pas celle qu’elle mène, aussi provisoire que destructrice.
Et quand elle se retourne, elle ne peut s’empêcher de penser que ses parents auraient sûrement été plus heureux sans elle. Mais l’époque était alors moins anxiogène. « Peut-être parce que c’était les années 1990, que l’URSS s’était effondrée, qu’on croyait à une résolution du conflit israélo-palestinien, que le réchauffement climatique était loin des préoccupations et que le progrès technique et le capitalisme permettraient l’avènement de la démocratie dans le monde entier. »
Désormais, la peur domine, brisant le rêve des lendemains qui chantent.
Un malaise qui, une fois de retour à Paris, ne va plus se dissiper avec les petites pilules, ni même avec Dimitri avec laquelle Victoire avait imaginé pouvoir construire quelque chose.
Il va falloir remettre ce projet à plus tard, peut-être avec Simon.
Mathilde Henzelin brosse le portrait d’une génération qui peine à trouver sa place dans une société qui navigue dans la crainte de l’avenir. En la lisant, on comprend pourquoi la natalité est en chute libre et pourquoi il est difficile de se projeter dans un futur incertain. En accompagnant Victoire de 25 ans 30 ans, elle souligne – malgré une belle énergie – combien il est difficile de trouver un peu de stabilité dans un monde dominé par l’éphémère. Quand les défaites prennent le pas sur les bonnes résolutions et que résonne l’air de No Future.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, lire les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
https://urlr.me/Vz9Hya
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...
Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Des idées de lecture pour ce début d'année !