"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Créatures du petit pays » de Juhea Kim est une magnifique saga historique sur presque cinquante ans.
J’ai découvert le passé de la Corée, de la colonisation japonaise dans les années 10 jusqu’aux années 50 où la Corée indépendante est divisée en deux états.
Cette fresque passionnante raconte le destin de Jade, la gisaeng (courtisane), sa petite histoire dans la grande Histoire.
En 1918, Jade n’a pas encore dix ans lorsque sa mère la vend à Miss Silver, la tenancière d’une maison de courtisanes. Aux côtés de la pétillante Lotus et de la sublime Luna, les filles de Miss Silver, la fillette est formée à devenir une gisaeng, une courtisane coréenne. Après un drame, les trois filles sont envoyées à Séoul dans la maison de Dani. Dans la capitale bouillonnante, Jade découvre une société moderne, trépidante, glamour, mais aussi les ravages de la colonisation japonaise et le désir d’indépendance de ses compatriotes. Elle se lie d’amitié avec le fils d’un chasseur de tigres, l’intrépide Jungho, chef d’une bande de mendiants.
En grandissant, Jade devient l’une des plus belles filles de Dani et pour Jungho, l’amitié enfantine se transforme en amour fou. Mais Jade s’est éprise d’Hanchol, un étudiant sans le sou. Jungho s’engage au Parti communiste, leurs routes se séparent mais le lien qui les unit reste indéfectible.
Magnifique fresque historique qui couvre une bonne partie du XXè siècle, de 1917 à 1965.
Ces créatures dont parle Juhae Kim, ce sont des êtres, humains, faillibles, qui tentent de suivre leur chemin dans un monde en constant bouleversement, dans un pays qui a beaucoup souffert. La colonisation japonaise et le désir fou de s’en libérer, la guerre fratricide et la partition qui en a résulté, la chasse aux communistes au sud, la chape de plomb au nord, autant de circonstances auxquelles ces fameuses ‘’créatures’’ ont tenté de survivre, certains difficilement, d’autres en tirant profit de la situation, certains pacifiquement, d’autres avec la rage au ventre, et tous victimes de décisions prises par d’autres.
De son pays maltraité par l’Histoire, l’autrice nous fait aussi découvrir le inyeon, une connexion particulière entre deux individus. Fruit d’une rencontre unique mais mémorable ou d’un long parcours côte à côte, le inyeon est le fil du destin qui relie entre eux les différents personnages. L’officier japonais et le chasseur de tigres, l’apprentie courtisane et le mendiant…autant de rencontres qui entraîneront des répercussions…
Avec ses personnages charismatiques, son souffle romanesque, ses petites histoires dans la grande Histoire, Créatures d’un petit pays est un roman bouleversant, dur mais aussi sensuel et romantique, une merveilleuse façon d’en apprendre plus sur ce ‘’petit pays’’ qu’est la Corée. Un coup de cœur.
Ce roman foisonnant, cette fresque romanesque au souffle épique nous entraînent en Corée dans la période 1917-1965.
Nous suivons le destin de deux enfants de paysans pauvres coréens : Jade, 10 ans, vendue pour une misère par sa mère à une courtisane et Jungho, 12 ans, orphelin, affamé, seul. Les deux enfants se rencontrent à Séoul où Jade est devenue apprentie courtisane et Jungho, chef d'une bande de mendiants; une amitié indéfectible les unit immédiatement, qui les aide à faire face aux vicissitudes de la vie. Leur destin et l'Histoire les sépareront sans que cette amitié s'éteigne totalement. Autour d'eux, gravitent de nombreux personnages attachants, méprisables, courageux, lâches, ballotés par les terribles drames qu'a connus la Corée. Amitié, amour, trahison, violence, misère, fierté marquent les presque 50 ans que recouvre ce roman.
L'auteure inscrit les destins individuels de ses personnages dans l'Histoire troublée de la Corée : occupation japonaise brutale et sanguinaire à partir de 1910, deuxième guerre mondiale, guerre intra-coréenne (1950-53), la séparation en deux entités, la chasse aux communistes dans le Sud...
Chaque personnage subit ou tire profit de ces évènements; ce qui est passionnant dans ce roman, c'est non seulement l'arrière-plan historique mais l'évolution des personnages, les liens qui se tissent ou se défont au fil d'une cinquantaine d'années. J'ai aimé découvrir la réalité des courtisanes qui suivaient une formation en musique, peinture, danse, chant, calligraphie, l'écriture de poèmes, dès leur plus jeune âge, une fois sélectionnées par une courtisane reconnue. C'étaient des femmes socialement méprisées mais très influentes de par les hommes puissants qu'elles côtoyaient et par l'appartenance à des guildes. Mais cela ne durait que le temps de leur beauté.
Je me suis laissé porter par le style très évocateur de l'auteure, par l'atmosphère totalement dépaysante et par une belle écriture, fluide et propre à déclencher toutes sortes d'émotions.
Ce roman m'a rappelé "L'île des femmes de la mer" de Lisa See d'autant que la fin se déroule à Jeju, cette île où les femmes (haenyo) plongeaient en apnée, sans aucun équipement, pour pêcher et dans lequel l'arrière-plan historique donnait également toute leur profondeur aux destins individuels.
#Créaturesdupetitpays #NetGalleyFrance
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