En partenariat avec les éditions JC Lattès, gagnez l'un des 10 exemplaires
Nathalie Iris, de la librairie Mots en Marge organise chaque année en juin "La Nuit Blanche des Livres" à La Garenne Colombes. Dans ce lieu d'échange, les auteurs viennent à la rencontre de leurs lecteurs pour une grande fête du livre joyeuse et...
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Une librairie éphémère, plus de 40 auteurs, une nuit inoubliable ! La Nuit blanche des Livres.
Bonjour ,
Je remercie Lecteurs.com de m'avoir permis de découvrir ce très bon roman.Au premier abord je me suis dit : encore un bobo fortuné qui raconte quelques petites galères sur fond reconversion professionnelle.Mais très rapidement , j'ai adhéré à l'histoire, aux déboires de Franck.
Franck Courtès, célèbre photographe, reconnu par ses pairs , décide en 2013 d'écrire un livre, qui connait un petit succès littéraire.Il décide alors, de devenir écrivain et commence pour lui galères et précarité.Il se lève avec l'angoisse de trouver un petit job, quelques heures de manutention pour une quinzaine d'euros.Un vrai parcours du combattant surtout pour une personne n'ayant pas connu les jours difficiles où l'on a même pas de quoi s'acheter une baguette premier prix.
Cinquantenaire , sans qualification autre que photographe, il rivalise avec les sans-papiers, les gars des cités pour des boulots très peu payés , éreintants et même dangereux.Il découvre les plateforme d'offres d'emploi avec la hantise d'être sous-noté , devient servile et malléable.
Cet univers que nous autres, du moins moi , étant fille et épouse d'ouvrier , étant aide-soignante par choix (j'adore mon travail)je connais, j'imagine sans peine la gifle monumentale que cet univers modeste doit être pour une personne ayant connu l'aisance financière.
Bref, j'ai beaucoup aimé les descriptions que fait Franck Courtès de ses compagnons de galère, sa découverte des méandres administratifs pour constituer un dossier d'aides sociales.
Un beau livre, un bel écrivain ,qu'on aimerait rencontrer, réconforter.
Je recommande vivement, on ne tombe pas dans le patho, on vit la vraie vie.
Abandonner un métier coup de coeur lucratif par lassitude, il faut du courage et de la détermination. C'est ce qu'a fait l'auteur, photographe professionnel, pour se consacrer à son autre passion : l'écriture, activité nettement moins lucrative. Et c'est un enchaînement de situations insolites et de déboire pour survivre, petits boulots ingrats, rencontres surprenantes, et découverte d'un milieu précaire où la liberté n'a pas de prix.
Merci à Lecteurs.com pour cette découverte.
Découverte de l’écriture de Franck Courtès au travers de son dernier ouvrage « À pied d’œuvre ».
Photographe reconnu, Franck Courtès choisit d’abandonner un monde qui désormais le rebute pour se consacrer à l’écriture. Mais les économies fondent vite et même en se restreignant sur tout, il va lui falloir trouver un boulot qui lui laisse le temps d’écrire chaque jour. Un de ces « petits boulots » sans qualification qui vont du montage d’étagères au débarras de gravats au cinquième étage d’un immeuble. De ces « petits boulots » non déclarés qui rapportent un billet de vingt euros, parfois de cinquante et plus rarement un pourboire.
Cette descente vers la pauvreté qui aurait pu n’être qu’un long apitoiement sur soi-même se transforme en un récit mêlant lucidité et autodérision. L’auteur épingle l’ubérisation des rapports de travail, l’inanité des discours de gauche sur le « vivre ensemble », l’envers du décor de la bourgeoisie, la marchandisation du corps humain, et décrit avec justesse l’invisibilité de ceux – migrants, personnes sans qualification, accidentés de la vie… – contraints de pratiquer ces « petits boulots ».
On pense bien sûr à Florence Aubenas et son « Quai de Ouistreham », avec cette différence qu’il ne s’agit pas là d’une expérience dont on mesure la durée mais d’un réel choix de vie dont seul le succès littéraire pourrait, peut-être, marquer la fin. Sachant que « Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure aucune fortune. »
Curieusement, l’humour et les déboires de Jean-Paul Dubois dans « Vous plaisantez, monsieur Tanner » m’ont paru soudain indigestes…
« À pied d’œuvre », Franck Courtès, Gallimard, 2023.
Ecrivain serait-il une profession maudite ? Le même jour en cette dernière rentrée littéraire paraissaient deux ouvrages sur cette question, comme les deux faces d’une même médaille. Tandis que, dans Les petits farceurs, Louis-Henri de La Rochefoucault satirise fort ironiquement le monde de l’édition et les ficelles mercantiles dont les auteurs et leurs livres font les frais, Franck Courtès relate quant à lui son expérience d’écrivain crève-la-faim, contraint aux petits boulots ubérisés.
Photographe reconnu et prisé par les plus grands journaux et magazines, l’auteur dégoûté par les travers croissants de cette profession sinistrée décide en 2013, après le « petit succès » d’un premier livre, de désormais se consacrer à l’écriture. Commence pour lui un éprouvant et désespérant parcours du combattant. « Le métier d’écrivain consiste à entretenir un feu qui ne demande qu’à s’éteindre. Un feu dans la neige. » « Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure aucune fortune. » Avec deux cent cinquante euros de droits d’auteur mensuels, même logé dans un studio par sa mère, on a beau être passé à La Grande Librairie et avoir été goncourisable, tout cela ne nourrit pas son homme. Cinquantenaire sans qualifications rejeté par le monde classique du travail, il se tourne vers « celui plus méconnu et sulfureux des applications de plateformes de travail. Elles sont à Uber, la plus connue, ce que les accordéonistes dans le métro sont aux concertistes d’opéra. » Le matin, il écrira et, le reste du temps, prendra tous les petits boulots qu’il trouvera.
« Le travail ne manque pas pour ceux qui ne savent rien faire. » Mais quel travail… : « environ quinze euros pour une matinée, parfois vingt avec le pourboire, parfois moins quand plusieurs manœuvres désirent la même mission et que le client fait baisser le tarif ». Et encore, seulement deux ou trois fois par semaine, tant la concurrence, par enchères inversées, s’avère acharnée. Ici, le droit du travail n’a plus cours, la seule loi est celle des algorithmes qui comptent avec indifférence vos étoiles d’appréciation, peu importe si vous laissez la moitié de votre peau dans des tâches souvent physiques, voire dangereuses, payées une misère sans la moindre protection sociale. Les malheureux aux abois ne manquent pas, à commencer par les Africains sans papiers, prêts à accepter des courses à trois euros, « par tous les temps, sur des vélos mal entretenus ou des Vélib’ trafiqués. Leurs genoux ne tiennent pas deux ans le rythme. Qu’importe, le flux migratoire fournit de frais mollets. On aura à n’importe quelle heure son plateau de sushis ou sa pizza, quoi qu’il en coûte en ménisques africains. » Interchangeables, cloisonnés et rendus invisibles par la déshumanisation numérique, ces journaliers d’un nouveau genre viennent gonfler les rangs d’une pauvreté d’un nouveau type, celle, silencieuse, d’individus hétéroclites qui ne forment aucune classe sociale et n’ont aucune chance, ni de se rebeller, ni de se défendre. « Le système carcéral des usines d’antan s’est vu remplacé par le bracelet électronique des applications. Les murs ont disparu, pas le joug. »
S’il avait lu La Rochefoucault auparavant, se serait-il jeté dans l’arène littéraire avec la même candide confiance en les pouvoirs sonnants et trébuchants de son réel talent ? Alors que sans se plaindre il en paye le prix fort, Franck Courtès signe de son élégance digne et posée, non pas seulement la terrible chronique de son propre dévissage social, mais aussi, avec un sens de la formule qui en démultiplie l’impact, une radiographie brûlante des nouveaux confins de la pauvreté en Occident, là où l’ubérisation et les plateformes numériques de travail recyclent pour leur profit, au mépris de toute loi sociale, les « rebuts » du marché du travail.
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