"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai bien aimé ce récit en deux tomes, où le père de l'autrice raconte son histoire familiale ainsi que son histoire personnelle, marqués par des migrations à travers le monde. Ce second tome a un aspect plus romanesque et aventurier que le premier. Cependant, j'ai trouvé qu'il manquait quelque chose à ce récit. On a par moments l'impression de ne rien lire d'autre que la liste des événements d'une vie. Un aboutissement final à ce périple (autre que le fait d'arriver en Belgique) ou un propos précis manquent à cette lecture.
Graphiquement, j'ai trouvé les décors très jolis mais les personnages un peu plats et peu expressif, ce qui m'a parfois gêné.
Avec ce second tome de "L’arbre de mon père", Émilie Saitas remonte aux origines de l’arbre familial et poursuit la narration de l’histoire de son père.
Après avoir quitté l’Égypte de Nasser pour se retrouver en Grèce, le pays dont sa famille est originaire, Kosta, 16 ans, peine à s’acclimater. La culture grecque lui est en fait bien peu familière, et le train de vie aisé que lui et sa famille d’Egyptiotes menaient auparavant n’est plus qu’un lointain souvenir dans ce pays où la situation économique est encore exsangue par la guerre civile. Bientôt, la dictature des Colonels est instaurée, et Kosta, dont les idéaux politiques sont plus proches du communisme que du nationalisme à outrance prôné par les militaires au pouvoir, décide de quitter la Grèce pour voyager de par le monde.
En passant de la Grèce à la France, l’Angleterre, la Lybie ou encore l’Australie, avant de fonder une famille en Belgique, Kosta n’aura de cesse de se confronter à d’autres cultures et à d’autres visions du monde au cours de ses voyages.
Ces récits d’expérience, agrémentés par des anecdotes familiales, donnent naissance à un beau témoignage et donnent à voir toute l’évolution intellectuelle et émotionnelle dont a pu bénéficier Kosta au fil de ses rencontres.
Cette fresque familiale en deux tomes nous offre un panorama subjectif sur toute une période de l’histoire des années 60 à 80, en nous entraînant à travers différents pays et en nous présentant le monde à travers diverses cultures.
"L’arbre de mon père" est une lecture cosmopolite, instructive et surtout très plaisante. Le tout est illustré par des dessins délicats aux couleurs tendres, qui contribuent grandement au charme de l’ouvrage.
Émilie Saitas rend ici un bel hommage à ses origines, en parvenant à mêler l’histoire intimiste de son père à la grande Histoire, tout en conservant une certaine légèreté dans sa façon de conter tous ces événements parfois dramatiques.
L’urgence de transmettre l’histoire de son père est perceptible dans ce second tome, et le rend d’autant plus touchant qu’on a l’impression que Kosta s’adresse directement à nous à travers ces quelques pages.
Une jolie réussite, qui présente peut-être le défaut de présenter les événements de façon trop linéaire pour que l'on arrive à s'investir émotionnellement dans l'Histoire qui nous est ici rapportée.
Ce récit familial en deux volumes retrace la vie du père de la dessinatrice d’origine grecque mais né en Egypte. Dans le tome I l’on découvrait son enfance et l’histoire des « Egyptiotes », cette riche communauté des Grecs d’Egypte. Le tome II raconte comment après la prise du pouvoir par Nasser le jeune Kosta désormais adolescent fuit en Grèce, sa patrie qu’il ne connaissait pas, et comment sa famille s’y sent déclassée. Quand les colonels y prennent le pouvoir, Kosta décide de repartir. Il ira en France, en Angleterre, en Lybie puis en Australie …
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Le tome 2 est à la fois plus grave et plus léger : plus léger parce qu’il raconte les expériences du jeune homme, ses amours, ses « trips » son parcours si semblable à celui d’une jeunesse hippie mais ces souvenirs sont teintés de mélancolie puisqu’ils sont contés à partir cette fois de son lit d’hôpital comme nous l’apprend l’épilogue.
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On ressent alors l’urgence de l’autrice a recueillir ce témoignage. Elle s’y met en scène comme au début du premier volume. Il y a peu de bulles et de dialogues. C’est Kosta qu’on entend dans les récitatifs et l’on perçoit sa personnalité attachante, son intelligence, son sens de l’autodérision aussi. Pourtant, le but du récit n’apparaît pas clairement ni sa cible : Emilie Saitas écrit-elle pour elle, pour les siens ou pour un lecteur ? Si tel est le cas, le diptyque souffre de tomber trop souvent dans l’anecdotique. On ne découvre pas suffisamment la grande Histoire, on se perd dans une multitude de personnages qui ne sont pas assez approfondis et il n’y a pas vraiment de fil directeur.
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Reste, bien sûr, ce qui confère l’essentiel de ses qualités à cet ouvrage : le dessin. Tout commence avec les couvertures des deux tomes qui se répondent. Elles sont belles, poétiques et réactivent la métaphore de l’arbre généalogique tout en éclairant le titre d’un jour nouveau. Ensuite il y a la palette pastel et l’utilisation des crayons de couleurs qui tranche parfois avec la dureté du vécu ainsi que l’alternance entre ces pages colorées et des pages en noir et blanc pour les « points » historiques ou la plongée dans les vieux albums de famille. Enfin, le découpage varie : gaufrier régulier, affranchissement des cases, perspectives axonométriques parfois et superbes pleines pages. On en prend plein les yeux ! Elle a vraiment une patte et l’on espère que son talent se déploiera prochainement au service d’un vrai scénario.
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