Cette saga familiale après les « déracinés » nous emporte entre fiction et faits réels. Un récit dense et captivant !
Cette saga familiale après les « déracinés » nous emporte entre fiction et faits réels. Un récit dense et captivant !
Quel bonheur de retrouver Almah, de la saga « Les Déracinés » de Catherine Bardon, ici de sa naissance à ses 20 ans, avant la seconde guerre mondiale. On la découvre bébé, enfant, adolescente, étudiante, devenant femme ; traversant la vie avec ses joies et ses peines, ses doutes et ses certitudes, ses amis, ses rêves, sa personnalité déjà bien affirmée, tout cela à travers le prisme de l’Histoire où l’Autriche est dans la tourmente, où l’antisémitisme est devenu omniprésent. Vienne vit ses derniers moments de calme malgré une tension palpable, avec des instants culturels dont peuvent encore profiter les familles bourgeoises comme celle d’Almah ou de son ami d’enfance Heinrich, avec des sorties à l’opéra, aux expositions. On entend parler de Freud que la mère d’Almah consulte pour ses problèmes mélancoliques, des Habsbourg et de leur destinée fatale, de la musique viennoise, des cafés qui font la particularité de Vienne, des portraitistes qui peignent encore les tableaux des membres des familles de la Haute Société…Toute une époque qui sera à jamais révolu d’ici quelques mois.
Avec une écriture toujours aussi puissante et ciselée et fluide, nous parcourrons ces années de jeunesse privilégiée d’Almah avec un grand plaisir dans une Vienne en proie à la montée du nazisme. Catherine Bardon nous livre un beau portrait de femme, et c’est ce qu’on attendait. Pari réussi, la lecture nous emporte avec ce court roman fidèle aux précédents tomes de la saga.
Un moment de lecture très agréable, qui détend, qui nous parle d’une héroïne qu’on a découverte il y a quelques années dans « les déracinés » et à laquelle on s’est attachée. D’ailleurs au sortir de ce préquel, on n’a qu’une envie, relire dans son entièreté la saga.
Merci à l’autrice Catherine Bardon pour ce nouvel opus que j’ai beaucoup apprécié.
Après la lecture des déracinés, ce roman est consacré à la fille qui se cherche en république dominicaine puis à new York, en Israël. Une quête de sa vérité.
Une femme exceptionnelle !
Sonia Pierre, vous connaissez ? Personnellement, je n’avais jamais entendu parler de cette femme extraordinaire qui s’est battue toute sa vie pour les droits humains et qui a reçu des récompenses internationales méritées.
Heureusement, avec Une femme debout, Catherine Bardon sort Sonia Pierre de l’ombre, cette Fann vanyan, comme on dit en créole. Avant d’entamer le décompte des années, l’autrice lance la journée du 4 décembre 2011, dès 5h 45, à Villa Altagracia. Sonia a mal dormi mais une journée de fête s’annonce. Alors…
Voici ensuite Maria Carmen, en 1950, à Marigot (Haïti) avec Petit Louis, son bébé. Elle vit avec ses neuf frères et sœurs et la misère leur colle à la peau. Quand Maria Carmen apprend qu’on recrute dans les plantations de canne à sucre de la République dominicaine, elle veut partir avec André, le père de Petit Louis qu’elle laissera à sa mère.
C’est d’abord Port-au-Prince puis la frontière entre Haïti et la République dominicaine. À Lechería, les hommes vont couper la canne à sucre pendant que les femmes restent dans les baraques du batey. Elles mettent des enfants au monde ou finissent dans les bordels.
Catherine Bardon, m’embarque dans un récit passionnant, précis, prenant, très réaliste. C’est en 1963 que naît une fille qu’André déclare sous le nom de Solain Piè et que Maria Carmen appelle Sonia. Celle-ci grandit avec Kerline, son amie, pendant que ses frères vont sans tarder travailler dans les champs ou comme cireurs en ville.
C’est là qu’intervient un homme important, le père Anselme, un missionnaire canadien qui remarque vite les talents de Sonia et la pousse à faire des études. Elle se révèle rapidement lorsqu’elle soutient et mène le mouvement revendicatif des hommes qui sont exploités comme des esclaves.
Ainsi Sonia Pierre s’affirme, pousse au maximum ses études. À La Havane, elle décide d’être avocate pour défendre les droits de l’homme et de la femme. Lorsqu’elle revient en République dominicaine, elle crée le MUDHA (Movimiento de MUjeres Dominico-Haïtianas) et ce sera le combat de sa vie.
Pendant quelques pages, je regrette un peu que Catherine Bardon passe vite sur ces années 1980, qu’elle survole un peu trop mais je réalise que c’est la suite qui se révèle fondamentale.
Sonia Pierre, travailleuse infatigable, militante enfin reconnue par l’UNESCO, est en butte avec les nationalistes bas du front de son pays. Elle livre un impressionnant combat pour que les Haïtiens et leurs enfants nés de l’autre côté de la frontière, en Dominique, ne soient plus des apatrides. L’État dominicain a beau être condamné par les instances internationales, il n’assume pas ses devoirs. Pire encore, des rafles, des reconduites à la frontière brisent des vies, déchirent des familles.
Après l’UNESCO, c’est Amnesty International puis les États-Unis qui récompensent l’œuvre de Sonia Pierre. Lorsque des pluies diluviennes ravagent Haïti en mai 2004, Sonia et le MUDHA agissent et œuvrent pour développer la culture du risque.
En 2010, Haïti est à nouveau frappée par un double séisme. Le MUDHA et Sonia sont à nouveau en première ligne pour créer un couloir humanitaire après un désastre qui sidère le monde entier. Malgré cela, insultes, agressions, menaces ne cessent jamais complètement envers Sonia Pierre dont la santé inquiète vraiment. Les coups bas les plus odieux lui sont réservés comme le raconte très bien Catherine Bardon qui, après La Fille de l’ogre, elle m’a à nouveau emmené sur cette Hispaniola, cette île coupée en deux qu’elle connaît bien.
Une femme debout est donc un roman vrai qui met en scène des personnages imaginaires autour de Sonia Pierre, cette femme impressionnante de courage et de volonté qui s’est battue toute sa vie pour que les droits humains des migrants soient enfin reconnus.
Hélas, comme Catherine Bardon l’indique en fin d’ouvrage, rien n’est réglé et certaines conditions de vie et de dignité ont même régressé dans ces bateyes, ces campements, ces bidonvilles où vivent les coupeurs de canne haïtiens en République dominicaine. Cachés aux touristes, ils sont encore quatre cent onze, domaine des ONG qui luttent toujours pour que les combats menés par Sonia Pierre, femme, avocate, militante, mère de famille admirable, n’aient pas été vains.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/05/catherine-bardon-une-femme-debout.html
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