"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1915. Flor de Oro naît à San Cristóbal, en République dominicaine. Son père, petit truand devenu militaire, ne vise rien de moins que la tête de l'État. Il est déterminé à faire de sa fille une femme cultivée et sophistiquée, à la hauteur de sa propre ambition. Elle quitte alors sa famille pour devenir pensionnaire en France, dans le très chic collège pour jeunes filles de Bouffémont.
Quand son père prend le pouvoir, Flor de Oro rentre dans son île et rencontre celui qui deviendra le premier de ses neuf maris, Porfirio Rubirosa, un play-boy au profil trouble, mi gigolo, mi diplomate-espion, qu'elle épouse à dix-sept ans. Mais Trujillo, seul maître après Dieu, entend contrôler la vie de sa fille. Elle doit lui obéir, comme tous les Dominicains entièrement soumis au Bienfaiteur de la Patrie, ce dictateur sanguinaire.
Marquée par l'emprise de ces deux hommes à l'amour nocif, de mariages en exils, de l'Allemagne nazie aux États-Unis, de grâce en disgrâce, Flor de Oro luttera toute sa vie pour se libérer de leur joug.
L'histoire :
1915. Flor de Oro naît à San Cristóbal, en République dominicaine. Son père, petit truand devenu militaire, ne vise rien de moins que la tête de l'État. Il est déterminé à faire de sa fille une femme cultivée et sophistiquée, à la hauteur de sa propre ambition. Elle doit quitter sa mère pour devenir pensionnaire en France, dans le très chic collège pour jeunes filles de Bouffémont.
Quand son père prend le pouvoir, Flor de Oro rentre dans son île et rencontre celui qui deviendra le premier de ses neuf maris, Porfirio Rubirosa, un play-boy au profil trouble, mi gigolo, mi diplomate-espion, qu'elle épouse à dix-sept ans. Mais Trujillo, seul maître après Dieu, entend contrôler la vie de sa fille. Elle doit lui obéir, comme tous les Dominicains entièrement soumis au Bienfaiteur de la Patrie, ce dictateur sanguinaire.
Mon avis :
Avec un talent indéniable pour le romanesque, catherine Bardon décrit le cynisme et le mal-être d'une petite fille riche et désœuvrée. Son destin s'étire entre alcoolisme et vie mondaine dissolue, entre boulimie et dépression catatonique. Toute sa vie, elle est étroitement surveillée, parfois séquestrée et durablement considérée comme un objet par son géniteur. Saisissant.
Marquée par l'emprise de son père, de mariages en exils, de l'Allemagne nazie aux États-Unis, de grâce en disgrâce, Flor de Oro luttera toute sa vie pour se libérer de leur joug.
Affamée d'amour, elle va se marier 9 fois (au passage, elle reçoit chaque fois un nouveau cadeau somptueux du papa sadique)
Sous la plume de l'auteure, Fleur ne s'embarrasse guère des exactions de son dictateur de père. Elle profite largement des richesses et du statut de "fille de" . Mais l'argent et le pouvoir ne garantissent pas toujours le bonheur.
Il a fallu le hasard d’une rencontre, à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme) pour que je découvre enfin Catherine Bardon et son extraordinaire roman consacré à Flor de Oro Trujillo : La Fille de l’ogre. Histoires d’Histoire avait programmé cette intervention dans le cadre d’un week-end intitulé « Le bruit des bottes. Quand la montée des dictatures menace la démocratie. »
D’emblée, Catherine Bardon m’a intrigué et j’ai tout de suite décidé de lire son dernier roman, avant qu’elle publie Une femme debout, au début de ce mois de janvier 2024. Bien sûr, cette dictature de Trujillo, à Saint-Domingue, m’évoquait des souvenirs mais la vie de sa fille, Flor de Oro, tellement mouvementée, avec ses neuf mariages, ses moments de bonheur et ses coups de déprime, demandait à être connue en détails.
C’est donc la plume de Catherine Bardon qui m’a emporté sur les pas de Flor de Oro, La Fille de l’ogre. Si j’ai été captivé jusqu’au bout par cette histoire, je dois saluer d’abord l’énorme travail de documentation réalisé par l’autrice. Tout est daté, localisé et ce qui aurait pu être ennuyeux est formidablement lié par une plume des plus passionnantes, poétique parfois. Catherine Bardon a même ajouté quelques documents, lettres, photos, à la fin du livre.
L’autrice connaît bien les Caraïbes et en particulier Saint-Domingue. Elle sait faire vivre la population et ressentir la beauté des sites tout en faisant comprendre ce que subissaient les gens sous le joug d’une dictature de plus en plus dure.
L’histoire débute en 1920, à San Cristóbal, en République dominicaine. Flor de Oro a 5 ans et vit avec Aminta, sa mère. Elle se considère un peu comme une fille de remplacement de sa sœur, décédée. Son teint foncé ne plaît pas à son père car cela lui rappelle cette goutte de sang haïtien qui coule dans ses veines. D’ailleurs, cet homme n’aura qu’une obsession : se blanchir pour accéder et rester au pouvoir. Son ascension est irrésistible. Il accumule les maîtresses et divorce d’Aminta, envoyant Flor étudier en France, à Bouffémont (Val d’Oise) alors qu’elle n’a que 9 ans !
La vie de La Fille de l’ogre prend déjà une tournure peu ordinaire. Elle sera faite de quelques hauts et de beaucoup de bas, toujours sous la coupe de cet homme, son père, qu’elle aime et qui devient Président de la République dominicaine, en 1930. Je note que la photo qui orne la couverture du livre montre une Flor rayonnante au bras de ce père à l’air sévère.
Très vite, elle rencontre l’autre homme qui va énormément marquer sa vie : Porfirio Rubirosa. Elle en tombe aussitôt follement amoureuse, ne tient pas compte des avertissements et force son père, souvent nommé T dans le récit, à accepter le mariage. Elle a 17 ans et Porfirio, 23 ans.
Avec Saint-Domingue et sa capitale qui devient bientôt Ciudad Trujillo, la vie de Flor m’emmène à New York, Paris, Berlin, Rio de Janeiro, Washington, Rome, La Havane, Bogotá, Montréal pour revenir souvent à New York.
Je suis souvent choqué par le flot d’argent qui coule sans retenue car T se sert abondamment au détriment d’une population qui est de plus en plus fliquée comme le font toutes les dictatures. Arrestations, incarcérations, tortures, assassinats, la panoplie est complète et Flor craint aussi pour sa vie.
L’écriture magnifique de Catherine Bardon permet de bien appréhender le sentiment amoureux. Mais pour le décompte des neuf maris, la rencontre, la fâcherie et la rupture, je vous renvoie à la lecture de La Fille de l’ogre, un roman qui offre, en plus, d’excellentes formules pour permettre de ressentir la dégringolade de cette femme que je plains parfois mais dont je ne peux excuser tous les dérapages agrémentés d’une consommation d’alcool débridée.
Au final, se dégage un bien triste bilan d’une vie déchirée entre l’amour pour son père, un châtiment sans fin, et celui, infini, pour Porfirio Rubirosa, une véritable malédiction, un grand cirque tragique.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/01/catherine-bardon-la-fille-de-l-ogre.html
Je découvre la plume de Catherine Bardon avec cet ouvrage.
Depuis le temps que je voulais la lire !
Et bien je dois dire que c’est un coup de cœur pour sa plume et ce livre. ❤️
Une biographie passionnante sur la vie de Flor de Oro.
Fille d’un dictateur de République Dominicaine.
Et très sincèrement, je ne lui envie pas sa vie !
Très jeune, elle quitte son pays pour recevoir une éducation européenne.
Son père l’arrache à sa mère qui elle n’avait pas envie que sa fille soit à des milliers de kilomètres.
Elle ne rentrera que très peu, seulement 2 fois en 8 ans (je crois).
La relation avec son père est tellement étouffante.
Rien qu’à la lecture, on a l’impression qu’il est partout, il a un contrôle absolu sur toute sa vie même quand elle n’est pas dans le même pays que lui.
De manière générale, elle n’a vraiment pas de chance dans ses relations avec les hommes.
On la sent plonger au fil de sa vie, entre déprime et alcool.
Une femme qui finalement a souffert une bonne partie de sa vie.
Il y a une phrase au cours du livre qui je trouve résume parfaitement sa vie :
“Son amour pour T a été un châtiment sans fin, celui pour Porfirio une malédiction.”
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs Pocket 2024.
Merci @editions_pocket pour l’envoie de ce livre ❤️
J’aime apprendre de mes lectures et voici un pan de l’histoire des Caraïbes que je ne connaissais pas.
J’avais vaguement entendu parler de Trujillo, un dictateur de République dominicaine ; lire le destin de sa fille Flor de Oro Trujillo m’a permis de me plonger dans l’histoire de la République dominicaine au XXe siècle, mais pas que… La biographie de cette fille richissime nous emmène dans le Berlin de l’Allemagne nazie ou dans le New-York des années 40 et 60.
Passionnant !
3ème lecture dans le cadre du Grand Prix des lecteurs Pocket 2024 et à ce jour, ma préférée.
Il faut dire que j'aime particulièrement les lectures qui racontent des faits réels et je dois dire que je ne connaissais absolument pas Flor de Oro Trujillo, cette femme qui a eu une vie digne des scénarios les plus fous d'Hollywood.
Fille de dictateur, mariée 9 fois, elle a vécu en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, à la Havane... Manipulée comme un pion sur l'échiquier politique par son père, elle n'a pourtant eu de cesse de rechercher toute sa vie son amour.
C'est une vie sous emprise que nous conte ici Catherine Bardon, sous l'emprise d'un père, sous celle des hommes qui partageront sa vie et notamment son 1er mari Porfirio Rubirosa, un playboy notoire qui l'humiliera par ses tromperies un nombre incalculable de fois, mais également sous l'emprise de l'alcool dans lequel elle trouvera refuge.
J'ai vraiment apprécié découvrir cette femme et je comprends le succès de l'auteure car c'est bien écrit et cela se lit sans aucune difficultés. J'ai cependant trouvé qu'il y avait une trop grande différence entre les 1ères années qui sont vraiment détaillées et les dernières qui sont beaucoup plus factuelles. C'est le seul petit bémol mais cela n'enlève en rien au plaisir que j'ai pu avoir lors de ma lecture.
Une vie entre paillettes et misère, entre amour et humiliation entre lutte et résignation...
Je referme ce roman avec de la peine pour cette Flor de Oro … je m’attendais à une femme plus combative et j’ai trouvé son destin tragique … tiraillée par ces deux Hommes dont elle n’arrive finalement jamais à se libérer…
Même si je n’ai pas été happée par l’histoire de cette femme, Catherine Bardon a énormément de talent : j’ai trouvé sa plume fluide et poétique. Les chapitres sont courts et très bien écrits relatant de manière tout à fait vraie les divers événements qu’à traverser Flor (j’ai régulièrement vérifié avec mon « ami Google » !). J’ai apprécié de découvrir tout ce pan de l’histoire de la République dominicaine que je ne connaissais pas … Durant mes études universitaires, j’avais entendu parler de ce fameux « EL JEFE » mais c’était vraiment intéressant de le voir sous un autre angle, de l’intérieur et d’assister à l’ascension d’un terrible dictateur à travers les yeux de sa fille.
C’est un roman que je vous recommande si vous aimez les romans historiques ou les biographies et si vous avez envie d’en apprendre davantage sur la politique et l’histoire de ce pays des Caraïbes.
Attention coup de cœur !
C'est pile le genre de romans que j'adore : ceux qui t'apprennent des choses mais de façon tellement romancée que tu n'as pas l'impression d'apprendre des choses. J'avais presque le sentiment de lire un roman initiatique.
J'ai honte d'admettre que non seulement je n'avais jamais entendu parler de Flor de Oro, je n'avais pas non plus entendu parler de son père. Tout juste avais-je vaguement entendu l'expression "l'ogre des Caraïbes" mais sans m'y intéresser davantage. Mais "La fille de l'ogre" ce n'est pas seulement une leçon d'histoire, c'est aussi une écriture fluide qui fait qu'on s'attache au personnage et à ses démons.
J'ai lu le roman avec Google à côté de moi, pour pouvoir rechercher les divers personnages, et les resituer dans l'histoire.
Merci Catherine Bardon pour avoir mis en lumière ce destin de femme forte qui serait sinon tombé dans l'oubli.
Une vie malmenée et mal menée
Après la trilogie des Déracinés, Catherine Bardon reste fidèle à la République dominicaine en retraçant la vie de Flor de Oro, la fille du dictateur Trujillo. Une biographie qui est d'abord un grand roman!
Un déchirement. Flor de Oro n'a qu'une dizaine d'années lorsque son père, chef de la police de la République dominicaine, décide d'envoyer sa fille dans l'une des plus prestigieuses écoles privées de France, afin de parfaire son éducation. Flor de Oro doit alors quitter Aminta, sa mère, Boule de neige son chien, mais aussi son climat et son décor de rêve pour le froid et les couloirs d'un vaste domaine. Une expérience difficile, mais qui lui permet de découvrir la haute bourgeoisie, parcourir les lieux de villégiature comme Saint-Moritz en Suisse ou Biarritz et de décrocher un diplôme. Pendant ce temps son père va prendre les rênes du pouvoir après un coup d'État quelques temps avant qu'un cyclone ne fasse des milliers de morts et de gros dégâts.
C'est donc un pays très différent et avec un tout autre statut qu'elle retrouve à 17 ans. Dans les flonflons de la fête organisée pour son retour elle va retrouver l'aide de camp qu'elle n'avait pu quitter du regard en débarquant, Porfirio Rubirosa. Mais l'amour peut-il trouver sa place dans un protocole très strict? Après avoir tenu tête à son père, elle finit par le faire céder et a même droit à un mariage grandiose avec le beau séducteur. Mais ce dont elle ne se doute pas, dans sa candeur et sa naïveté, c'est que désormais tous les faits et gestes du couple sont surveillés et rapportés au dictateur.
À l'image de toutes ces rumeurs qui circulent sur la police politique et la chasse aux opposants, elle va pourtant très vite comprendre que son père est un Janus dont la face sombre est impitoyable. Elle comprend alors «que si elle accepte de regarder en face ce qu'est son père, ce qu'il fait à son pays, ce qu'il fait à son peuple, elle sombrera. Elle le sait. Pour survivre, elle doit refouler ces pensées et ces images, les tenir à distance et leur dénier tout pouvoir sur elle.»
Mais ses envies d'émancipation sont balayées d'un revers de manche par «T», comme l'autrice a choisi de désigner le dictateur, qui régnera sans partage pendant trois décennies.
En déroulant la vie sentimentale de Flor de Oro, qui se mariera neuf fois, Catherine Bardon montre combien la cage dorée dans laquelle elle se meut est une prison. Que toute tentative pour s'en échapper est vouée à l'échec, y compris après la mort du tyran.
Sans manichéisme, la romancière nous permet de comprendre toute l'ambivalence de leur relation. Si sa fille a largement profité des largesses de son père, elle a aussi beaucoup souffert de ce statut si particulier. Espionnée en permanence, elle ne pouvait se permettre de faire un pas sans que celui-ci ne soit relaté à son père. Un carcan dont elle tentera bien de se défaire, mais sans succès. Car, comme l’a montré Diane Ducret dans ses ouvrages sur les femmes de dictateurs, ces derniers avaient pour la plupart un rapport très pervers avec leurs épouses et maîtresses. Et si elle n’a pas spécifiquement traité le cas de Trujillo, les déviances sont semblables. C’est Mario Vargas Llosa, avec son roman La fête au bouc, qui retrace les dernières années de Trujillo et son assassinat, qui va souligner combien le dictateur considérait les femmes comme lui appartenant, qu’elles devaient lui être offertes faute de bannissement, de disgrâce, de la perte de tous leurs biens, voire de prison ou d’exil forcé, la tout sans aucune justification. On comprend alors que le combat de de Flor de Oro aura été vain, même si elle n’a jamais cessé de le mener.
Comme l’a souligné Catherine Bardon dans un entretien accordé pour la sortie du roman, raconter la vie de Flor de Oro lui aura aussi permis de rendre hommage aux Dominicains, comme elle l’a fait dans sa saga des Déracinés, car La Fille de l’Ogre «est aussi une allégorie du peuple dominicain pendant la dictature.»
https://urlz.fr/k5uo
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