Nos lectrices Geneviève et Françoise vous donnent leurs avis. A découvrir d’urgence !
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Printemps 2024, Line a revêtu sa tenue d’hôtesse de l’air direction l’aéroport. Sa mission du jour est un embarquement pour Tokyo. Une ville où elle est déjà allée est qu’elle est heureuse de retrouver.
Inondée de pétales des cerisiers en fleurs, la ville vibre, puis le sous-sol gronde, le big One arrive. Celui que tous craignaient, qui soulève la ville et détruit les immeubles. Celui qui enterre les vivants sous les décombres.
Alors qu’elle aurait pu être en sécurité dans son hôtel aux structures antisismique modernes, Line n’est pas restée sagement dans sa chambre. La voilà prisonnière sous des enchevêtrements de sol, murs, gravats, ensevelie dans la nuit noire sous la terre.
Une voix la maintient en vie, elle découvre que c’est celle de Saki, une jeune femme prisonnière comme elle des décombres avec qui elle échange sans cesse dans le noir.
Elle est finalement sortie vivante de ce tombeau, elle rentre à Paris au bout de quelques jours. Elle retrouve sa vie, et Thomas. Son mari est prof, souvent à la maison, protecteur et amoureux mais sans doute aveugle, à moins que l’ignorance le protège, car il ne comprend pas à quel oint Line peut avoir été touchée par cette dramatique expérience. Chacun d’eux pense que le temps adoucira les plaies.
Mais peut-on sortir intact d’un tel voyage. Comment soigner son âme restée prisonnière pendant des heures, des jours passés sous terre avec pour seul horizon la mort. Comment revivre sans culpabiliser. Comment se reconstruire alors qu’aucune blessure apparente ne vous laisse entendre la souffrance accumulée.
Line est rentrée chez elle, mais le besoin de partir est plus fort et la voilà qui disparaît, comme ces évaporés dont elle a entendu parler au Japon. Qui disparaissent sans que leurs familles n’ait plus jamais de nouvelles.
Une île l’accueille, un île où elle trouvera peut-être son salut. Une île où personne ne la connaît, mais où elle va chercher des réponses à ses traumatismes. Celui de Tokyo, et celui plus ancien que le lecteur découvre peu à peu. Une île où la nature, l’eau, les éléments omniprésents la reconnecteront peut-être au principal, son moi intérieur, celui d’avant les souffrances et les oublis.
Un très beau texte sur la reconstruction, sur le travail sur soi, sur la mémoire et ses failles ou ses faiblesses, sur les traditions japonaises et la résilience face aux catastrophes naturelles dont ce pays est souvent victime. Peu de personnages, trois femmes essentiellement, à la sensibilité exacerbée, qui vivent l’une grâce à l’autre. Un texte délicat et émouvant qui nous met face à nos failles et aux mystères de nos vies.
J’y ai appris une définition celle du cortex insulaire, ou Insula (île en latin) caché dans les profondeurs du cortex cérébral, cet Insula qui au rôle important dans les expériences interpersonnelles, les émotions, la douleur, les rires ou les pleurs. Cet Insula qui prend ici toute la place dans la vie de Line, pour le pire comme pour le meilleur.
https://domiclire.wordpress.com/2024/01/16/insula-caroline-caugant/
Avec Insula Caroline Caugnant décrit les traumatismes , elle s'interroge à travers son personnage miraculé Line sur les racines du mal. Sujet difficile, récit psychologique mais les mots sont justes, délicats et poétiques. Certains passage sont dur et cruelle même oppressant. L'autrice a ajouté a cette ouvrage de la mythologie et légendes Japonaise. Une œuvre intime et pudique, on retrouve de la sensibilité dans sa plume fluide. On passe de l'obscurité à la lumière, une ode à la vie.
Très bien écrit, les failles et les forces des êtres, une existence vibrante du désir de renaissance.
"Sa peau, déshydratée, s'était crevassée et la fatigue la clouait parfois des journées entières au lit. Mais tout cela rentrerait bientôt dans l'ordre, ce n'était qu'une question de temps. Les vraies fissures se situaient ailleurs. Elles traçaient leurs sillons au-dessous, dans les zones invisibles, creusant pas à pas en elle."
" Elle se répétait qu’il existait, quelque part, une raison expliquant qu’elle ait été épargnée. Mais elle avait beau s’interroger, aucune réponse ne venait. Pourquoi moi "
Printemps 2023, à Tokyo, les cerisiers sont en fleurs, Line, hôtesse de l'air pose ses valises dans un modeste hôtel avant d'aller flâner dans les rues.. mais un tremblement de terre majeur que tous redoutaient survient.. Line est alors littéralement engloutie par la terre. Miracle, huit jours plus tard elle est retrouvée, puis rapatriée en France. Malheureusement, le plus compliqué reste à venir..
De retour à Paris, dans son appartement avec son compagnon, la vie voudrait reprendre, mais Line reste muette, elle ne garde aucun souvenir de ce drame, ne voulant rien avouer de ses émotions. Au fil des pages, on se retrouve dans le passé de Line, en nous dévoilant son caractère.. Mais au loin une lueur d'espoir apparaît : Saki.
Line ne pense plus qu'à Saki, cette femme sans visage, juste une voix, lorsqu'elles étaient toutes les deux sous terre buvant uniquement de l'eau de pluie, en attendant de l'aide ou la mort. Pour renaître, Line n'a d'autre choix que de partir..
Caroline Causant revient après "Les heures solaires" avec un roman émouvant, rempli de poésie. "Insula" structuré en deux parties où les références au Japon sont nombreuses, à travers des poèmes comme à la mythologie : les tremblements de terre serait du a un poisson-chat vivant dans les profondeurs de la Terre ou encore que les fleurs de cerisiers serait les âmes des soldats morts. Sublime.
Caroline livre un récit poétique, d'une forte douleur sourde, intime, ancrée au fond des entrailles. La plume délicate, épurée, douce de l'autrice colle parfaitement à cette histoire de reconstruction, à la recherche de nos démons, avant que le phénix renaisse de ses cendres. Sombre et lumineux à la fois, me voilà une nouvelle fois conquit par Caroline !
Le séisme qui change toute la vie
En racontant comment Line, victime d'un tremblement de terre au Japon, tente de redonner un sens à sa vie, Caroline Caugant explore la psyché humaine après un traumatisme majeur. Un roman aussi éclairant que bouleversant.
Comment se remettre d'un tel traumatisme? Line, hôtesse de l'air, se promène dans un quartier populaire de Tokyo au moment où se déclenche le Big One, ce tremblement de terre tant redouté. Le séisme ravageur l'engloutit littéralement et durant des jours, on n'a aucune nouvelle d'elle. Mais le miracle va avoir lieu. Elle est déterrée vivante au milieu du chaos, ayant pu boire l'eau qui ruisselait autour d'elle.
Après deux soins, elle peut regagner Paris et retrouver Thomas, l'homme croisé lors d'un vol pour Montréal et qui partageait sa vie depuis six mois. Mais la Line qui lui revient n'est plus la même: «Le corps de Line avait gardé, intact, caché quelque part dans une zone inaccessible ce que le choc avait effacé de sa mémoire. Puis un jour, les souvenirs de Tokyo sont remontés avec une telle clarté, une telle intensité, qu’ils l’ont submergée. Alors elle a fui. Elle est partie là où l’appelait sa mémoire.»
Thomas va alors tout faire pour l'aider, mais sans y parvenir. La vie en société, les déplacements, les incertitudes du quotidien sont autant de piqûres de rappel d'un traumatisme persistant. Alors prendre un métro qui s'enfonce sous terre ou voir la nuit tomber hors de chez soi deviennent des épreuves. Si Thomas se dit que reprendre son travail au sol peut servir à retrouver de la stabilité, Line ne va pas pouvoir assumer. Elle n'a alors qu'une envie, fuir.
C'est ce qu'elle va finir par faire, direction une île sur l'Atlantique où elle va pouvoir se confronter à ses fantômes. Un père absent, un premier copain victime d'un accident de la route, le rêve d'une carrière de danseuse qui se brise, mais surtout Saki, son double, celle qui a partagé sa «longue nuit sous terre», celle qui a survécu à ses côtés. «Line le savait maintenant, elle était revenue de Tokyo uniquement parce qu'elles étaient deux. Deux âmes affrontant la folie qui guettait, refusant de s’incliner, se tenant la main, et dialoguant pour ne pas sombrer. Ensemble elles pourraient se souvenir. Et guérir.»
Aux côtés de Rose, une insulaire qui va lui proposer de faire quelques heures de ménage dans sa maison, elle va avancer vers la lumière.
En retraçant ce difficile parcours, Caroline Caugant n'élude rien de ce combat à l'issue incertaine, mais à l'image des courts poèmes, comme des haïkus, qui viennent clore certains chapitres, elle montre la force des mots, l'importance du lien, la nécessité de pouvoir s'appuyer sur des histoires pour se construire et se reconstruire.
Comme dans son précédent roman, Les heures solaires, la romancière s’appuie sur un voyage pour permettre à son intrigue de se dénouer et à son personnage principal de se transformer. Billie gagnait le Sud de la France, Line la côte Atlantique. Mais à chaque fois, cette quête se fait dans la douleur. À la hauteur du traumatisme subi.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
https://urlz.fr/pHA6
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