"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Né en Biélorussie, Boris Fishman à une envie folle de raconter son pays, la condition juive et l'exode. Alléchant, son roman repose sur la quête identitaire, le passage d'une société soviétique à celle américaine et la place qu"elle occupe dans sa vie. Bien que le thème me semblait intéressant, j'ai été déstabilisé par le style et la relation communautaire du personnage principal. En gros je n'ai pas été séduite et voilà pourquoi...
Slava, assistant rédacteur dans une prestigieuse revue nommé Century est un homme tiraillé par son identité. Juif russe immigré de Minsk, il entretient un rapport ambiguë auprès sa famille demeurant à Brooklyn. Vivant son rêve américain il s'établit à Manhattan et essaie tant bien que mal de creuser son trou, remettant ses rêves d'écrivain au placard jusqu'au jour où sa grand-mère meurt et le ramène parmi les siens. Durant ce séjour impromptu son grand-père lui demande de lui venir en aide sous une forme quelque peu étonnante, écrire une histoire à l'état allemand afin d'obtenir une indemnisation pour les souffrances endurés pendant l'Holocauste. Si le formulaire a bien été envoyé par l'état, malheureusement il le fut pour sa femme quelques jours avant son décès. Requête immorale Slava cède, écoute et écrit et en profite pour faire le point sur sa propre vie, ses aspérités, tout en découvrant les magouilles et les petits arrangements de son grand-père.
"- Je n'ai pas souffert? - les yeux de Grand-père scintillèrent. J'ai déjà ma tombe, je n'ai pas souffert. Nom de Dieu! (...) Je voulais éviter que ma mère ne perde le seul homme qui lui restait, alors oui, je suis parti en Ouzbékistan. Pas pour vivre dans un palace, je volais à la tire et me pissais dessus dans la rue pour me faire réformer en jouant les attardés - il détourna la tête. Ecoute je suis revenu. Je me suis enroulé.
-Sur un navire en territoire libéré, dit Slava. Ecoute, c'est pas moi qui ai inventé les règles. Le document dit clairement: "Ghettos, colonnes de travail, camp de concentration".
-Tu te prends pour qui, le petits-fils de Lénine, J'ai peut-être pas tout à fait souffert comme j'aurais dû - il tapota l'enveloppe d'un doigt - mais ils ont fait en sorte de tuer tous les autres."
Si l'histoire est audacieuse, le style l'est tout autant voir trop. L'auteur peine à terminer ses phrases trop longues où les digressions sont reines, quitte à perdre le lecteur en chemin. Non dénué d'humour, j'ai toutefois eu du mal à m'attacher aux personnages, aux caractères et adhérer au concept communautaire typique américain. J'ai souvent remarqué que cette forme littéraire utilise la communauté pour parler de la société et dénoncer. Cependant il est dommage de se cantonner à la fréquentation d'une seule catégorie de personnes, comme Slava et sa collègue Arianna par exemple, même si je comprends leur proximité historique. Il s'y retrouve dans ses racines, son périple, mais faut-il pour autant se confiner à une seule catégorie?
Honnêtement, cette famille drôle et loufoque à de quoi séduire mais Boris Fishman avec de trop nombreux détails et une intrigue longue à venir rend le roman ennuyeux. J'ai complétement perdu le fil dès le début et ne sais pas où il a voulu en venir et pour tout dire j'ai dû malheureusement interrompre ma lecture, chose assez rare. Dommage car j'aime apprendre les pans de l'Histoire et les périples qui en découlent. Des financiers aux amandes et un thé noir des Frères mariage devraient apaiser ma déception!
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Le dimanche 26 juillet 2006 à 7 heures du matin, le téléphone sonne dans l'appartement new-yorkais de Slava Guelman. Sa mère le dérange pour lui annoncer le décès de sa grand-mère. Ainsi, Slava, simple collaborateur du magazine « Century » qui aimerait tant que son talent d'écrivain soit reconnu et qu'au moins un article de lui y soit enfin publié, renoue-t-il avec sa famille d'émigrés juifs biélorusses originaires de Minsk. Alors qu'il ne remplit aucun des critères requis, le grand-père cherche à obtenir une indemnisation de l'ambassade d'Allemagne au titre de déporté, d'interné dans le ghetto de Minsk ou de transféré en commando de travail ou d'extermination. Il demande à Slava de lui rédiger un faux CV. Il est tellement satisfait du résultat qu'il propose à tous ses amis et connaissances de bénéficier, moyennant finance, des services de son petit-fils dont le coeur balance entre deux femmes, Arianna et Vera. Tout va pour le mieux jusqu'au jour où un enquêteur allemand, croulant sous des dossiers peu crédibles, s'intéresse à son cas...
« Une vie d'emprunt » est un roman qui sent le vécu. Quasi auto-biographique, on peut le classer dans l'auto-fiction dans le sens où la réalité semble fort peu romancée. Le milieu juif russe new-yorkais y est fort bien décrit dans toutes ses caractéristiques et pour cause. L'auteur s'en explique d'ailleurs dans une postface où il reconnaît qu'il s'est inspiré de faits réels vécus par lui-même, sa famille ou ses proches. « La fiction, dit-il, est souvent de la non-fiction déformée par l'artifice et la non-fiction inévitablement une réinvention de ce qui s'est vraiment passé. » Malheureusement, assez vite l'ennui s'empare du lecteur qui a l'impression de s'imposer une lecture laborieuse voire rébarbative tant l'intrigue est quelconque et inintéressante (cette histoire d'escroquerie à l'indemnisation est tellement petite, mesquine et minable qu'on s'en désintéresse très vite), tant ces personnages d'éternelles victimes, menteurs, tricheurs et toujours à la recherche de petits avantages n'attirent ni empathie ni sympathie, ce qui est quand même un comble. On aurait pu espérer que ce brouet fadasse et indigeste fut édulcoré par de grandes giclées du célèbre humour juif new-yorkais, il n'en est rien. L'ensemble est plat, quelconque, banal et même un tantinet nombriliste. Fishman, qui se présente comme un poulain de Joyce Carol Oates (rien que cela !) et un protégé de diverses fondations littéraires américaines et françaises aussi généreuses que prestigieuses, aurait mieux fait de s'inspirer de David Safier, Shalom Auslander ou même Woody Allen avant de tremper sa plume dans cet ennuyeux encrier mémoriel.
Avec ce premier roman, Boris Fishman nous plonge dans l’univers des émigrés juifs russes de New York. Arrivés après la guerre, ils sont parfois considérés avec mépris par les vrais américains, pourtant eux-mêmes issus de l’émigration. Boris Fishman a quitté Minsk pour les Etats Unis en 1988, il est journaliste comme son personnage principal, Slava. C’est donc un univers qu’il connait parfaitement qu’il dépeint à merveille, comme de l’intérieur, les habitudes, la façon de vivre, les racines soviétiques, sont aussi les siennes.
Slava rêve de devenir journaliste, mais en fait il travaille à la rubrique humoristique du journal Century. Pour s’intégrer et se prouver qu’il peut vivre comme un parfait newyorkais, il prend ses distances avec sa famille et son quartier. Un travail sérieux, une petite amie intégrée à la société à laquelle il veut absolument appartenir, il fait tout pour rentrer dans le droit chemin.
Mais le décès de sa grand-mère va le ramener vers sa famille, vers Brooklyn et les rues de son enfance, vers les conflits de famille, les disputes, les grandes tribus venues de Russie, vers les arrangements raisonnables. Et surtout le confronter aux entourloupes de son grand père. Car le destin a voulu que juste à la mort de sa femme arrive enfin LE formulaire. Formulaire de demande d’indemnisation par l’état allemand pour les périodes douloureuses des années d’holocauste et d’immigration vers l’union soviétique puis les Etat Unis. Le grand père va alors demander à Slava d’utiliser ses talents d’écrivain pour aider sa famille et les relations de son grand-père. Au risque de sortir du droit chemin qu’il s’est fixé. Mais la famille, la morale, la reconnaissance envers ses parents, tous ces sentiments sont-ils plus forts que la loyauté envers ce pays qui l’a accepté, ou envers sa petite amie ?
Les thèmes importants comme la filiation, la fidélité et la morale, l’émigration, le devoir de mémoire, sont évoqués mais ne sont pas trop prégnants, ces sujets sérieux traités avec légèreté et humour ne viennent donc pas obscurcir l’histoire. Les personnages sont attachants, même si on a parfois un peu de mal à s’y retrouver, surtout dans la première partie du roman. Au final c’est un roman bien écrit, souvent drôle, décalé, émouvant.
Une vie d'emprunt p 100 : j'étais méfiante en début de lecture, avec la description de la famille juive d'origine Russe du héros, crainte du déjà lu !.....mais la suite m'amène à la découverte de la vie New Yorkaise du heros Slava, et sa capacité à composer avec cette famille. la composition du roman me plait, son écriture est efficace. oubliés ma réserve et le confusion à la lecture des permières pages, j'avance avec plaisir :-)
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